D'autres mouvements de protestations sont prévus. Les ministères de l'Education et celui de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique ont publié un communiqué commun, mercredi 21 novembre. Anticipant la grève générale programmée hier, les deux ministères avaient annoncé que les établissements d'enseignement n'ouvriraient pas leurs portes aux élèves et étudiants. Les cours reprendront, normalement, aujourd'hui (vendredi 23 novembre). Cette décision n'a pas plu à certaines parties dont des responsables syndicaux. Mais pour les parents, il s'agit, simplement, d'une mesure de précaution qui dénote d'un sens aigu des responsabilités. Il n'est pas question, pour n'importe quel responsable à quelque niveau que ce soit, de prendre des risques et mettre la sécurité de près de 2.5 millions d'élèves et d'étudiants en jeu. En effet, il ne suffit pas de priver ces effectifs de plusieurs heures de cours et de perturber le déroulement des études, il faut rajouter ce climat d'instabilité et de doute qui plane sur tout le système éducatif tunisien. C'est ce système dans son ensemble qui est visé. En plus de l'épée de Damoclès qui est suspendue sur les examens de fin du premier trimestre dans les collèges et lycées à cause de la menace brandie par la Fges (Fédération générale de l'enseignement secondaire), il y a lieu de savoir que la Fgesrs (Fédération générale de l'enseignement supérieur et de la recherche scientifique) relevant de l'Ugtt ainsi que sa rivale, l'Ueuct (l'Union des enseignants universitaires chercheurs tunisiens) sont passées à l'action en concoctant un programme de grèves tournantes et d'autres mouvements de protestations pour les jours qui viennent. Est-ce une coïncidence ? Eviter aux élèves d'être pris dans l'engrenage de la violence et des protestations C'est pourquoi nous pensons que le choix officiel de ne pas assurer les cours durant cette journée de grève est judicieux à plus d'un titre. Il permet, entre autres, d'éviter que nos enfants ne soient entraînés dans des engrenages de violence. Car, chacun redoute ce qui peut se passer. Ne dit-on pas que «prudence est mère de sûreté» ? Il faut, le dire, certain(e)s parti(e)s appellent, de tous leurs vœux, un autre « jeudi noir ». L'histoire a retenu ce jeudi 26 janvier 1978 au cours duquel une grève générale décrétée par l'Ugtt avait dégénéré et entraîné des actes de violence et des victimes. Bien sûr, la situation n'est plus la même mais il faut, toujours, être vigilant. Nombreux sont les individus qui cherchent toutes les occasions pour entraîner le pays dans un cycle de violence. L'existence de gens à la solde de partis ou de groupes, voire d'Etats étrangers qui cherchent à saboter le processus politique et les orientations de la Tunisie, n'est plus à démontrer. Une telle occasion, fût-elle légitime, leur est propice. Aussi, s'interroge-t-on sur le choix de la date : un jeudi, un autre jeudi ? Pourquoi ce jour et ce moment précis ? La réponse sera donnée les jours qui viendront et selon les démarches dites d'escalade prévues par le partenaire social. En tout cas, ce qui peut encore inquiéter c'est la persistance des syndicats de l'enseignement à observer le boycott des cours dans les universités et celui des examens dans les collèges et les lycées. Sur ce point, il faut rappeler que la période actuelle est très délicate puisqu'elle représente le moment où on doit procéder à l'évaluation des élèves. Ces derniers ont déjà entamé la réalisation des devoirs de contrôle. Jusqu'au jour de cette grève, de nombreux enseignants avaient programmé des devoirs. Quelques-uns ont, même, demandé, explicitement, à leurs élèves de venir passer les épreuves sans tenir compte de la grève. Car ces enseignants ne veulent pas être pris dans un tourbillon de troubles et de perturbations. Ce qui est plus grave, aussi, c'est que le boycott des semaines ouvertes et bloquées par la Fges constitue un défi majeur pour les parents et les élèves. Apparemment, la structure syndicale en question n'est pas prête à faire des concessions. Elle maintient son mot d'ordre. Pour elle, tous les professeurs n'exécuteront pas les devoirs de synthèse prévus au cours des deux semaines (du 26 novembre au 1er décembre pour la semaine ouverte, et du 3 au 8 décembre pour la semaine bloquée). L'impact de cette mesure sera énorme dans la mesure où il va bousculer tout le calendrier du premier trimestre. Du coup, on ne pourra pas savoir à quelle date seront reportés ces examens, ni quand on pourra remettre les notes, organiser les conseils de classes et envoyer les bulletins. C'est tout un processus d'évaluation qui sera perturbé même si la Fges assure que, durant la période concernée, les cours seront assurés de façon « normale ». Or, on ne voit pas comment des cours pourront se dérouler de façon « normale » si le climat ambiant est caractérisé par une tension extrême.