Grosse déception, hier, pour les élèves et les parents. Malgré la décision de la plus «haute instance» de l'Ugtt, il n'y a pas eu de reprise des cours dans les collèges et les lycées. Des centaines de milliers d'élèves ont repris le chemin de l'école, mais ont dû rentrer chez eux ou rester traîner dans les rues. En effet, ni la superpuissante Ugtt ni le gouvernement n'ont pu avoir raison de l'intransigeance d'une autre structure superpuissante (la Fédération générale de l'enseignement secondaire). A peine sorti de la réunion de la Commission administrative de la Centrale syndicale pour annoncer «la bonne nouvelle» de la reprise des cours, que la riposte cinglante de la Fges est venue pour opposer un niet catégorique. Qui croire alors ? Qui tient les commandes dans ce pays ? On a bien parlé, à un certain moment, d'un «gouvernement de l'ombre». Il semble, aujourd'hui, qu'il y a, effectivement, un pouvoir parallèle trop puissant et qui en abuse. La Fges mène la danse La Fges cherche à se placer au-dessus de tout et au-dessus des lois. Son responsable s'en est pris à tout le monde y compris aux journalistes qu'il a qualifiés d'indignes, de clique de la plus basse classe à travers le monde. Il n'a même pas présenté ses excuses comme le lui demandait le Snjt, outré par ces accusations déplacées. Et dire que ce même Snjt avait recommandé aux journalistes de faire preuve de plus d'impartialité dans le traitement du conflit qui oppose la Fges au gouvernement ! En tout cas, dans le chapitre de l'enseignement, c'est ce responsable syndical qui mène la danse et impose son diktat à tout le pays. Comment imaginer un retour à la raison, dans ces conditions alors qu'il ne reconnaît même pas les instances supérieures de l'organisation à laquelle il appartient ? Le SG de l'Ugtt a eu beau rappeler que les décisions de la Commission administrative sont contraignantes, rien n'y fit. Le SG de la Fges se rebiffe et convoque une réunion consultative avec les délégués des régions, tout en maintenant les mesures du boycott administratif et de la grève continue. Pourtant, la réunion de la Commission administrative de l'Ugtt (désavouée frontalement par le SG de la Fges) avait lié sa décision du dénouement de la crise à des conditions très strictes. Il y aurait, justement, une réunion avec le gouvernement pour donner suite aux revendications de la Fges. Faute de quoi, le SG de l'Ugtt a menacé de déclencher des grèves sectorielles et régionales. En d'autres termes, on n'est pas à l'abri de futures grèves, peut-être, plus graves. Or, on parle, dans les coulisses, de réels progrès dans l'étude des demandes matérielles de la corporation. On aurait trouvé un terrain d'entente sur l'écrasante majorité d'entre elles. En tout cas, dans les faits, c'est Yaâcoubi qui a eu le dessus sur son alter ego Taboubi et par K.-O. Ainsi, on comprend qu'il s'agit comme le clament les ultras de la Fges d'un «combat», d'une «guerre» au risque d'être confrontés à des «tirs amis». Donc, guerre contre tous jusqu'à la réalisation des objectifs. Pour Yacoubi, l'impact financier des revendications (environ 500 milliards de millimes) n'est pas un problème et ne peut pas constituer un obstacle. Immédiatement après le constat de l'échec de l'appel à la reprise des cours lancé par la Commission administrative de l'Ugtt, le SG de la Fges s'est félicité du comportement des professeurs qui se sont conformés à la poursuite du boycott et de la grève. Pression sur l'administration De plus, il paraît que la grève ne gêne pas, outre mesure, les responsables de la Fges et qu'elle devrait se poursuivre tant qu'ils n'obtiendront pas la totalité de leurs exigences. D'ailleurs, ils n'ont pas apprécié qu'on leur vole la vedette et qu'on leur coupe l'herbe sous les pieds, comme on l'a fait lundi à l'issue de la réunion de la Commission de l'Ugtt. Pour ces syndicalistes, tout doit émaner de leur sacro-sainte Commission sectorielle. A l'évidence, ils se sont rebellés contre leurs propres instances supérieures, pourtant reconnues par tous les autres syndicats. C'est à n'y rien comprendre. Aussi, se demande-t-on pourquoi la Fges veut-elle prolonger, à l'infini, une crise qui n'a que trop duré et dont les dégâts sont déjà énormes tant au niveau de la formation des centaines de milliers de jeunes, que sur leur stabilité psychologique et morale. Les perturbations sociales ont impacté le quotidien des parents qui ne savent plus à qui s'en remettre ni quoi faire. Leur désespoir est à son comble. Pourquoi la Fges veut-elle que les cours ne reprennent pas avant jeudi prochain (deux jours avant les vacances d'une semaine du 30 avril au 6 mai). Si tant est que des négociations aient lieu et... aboutissent. L'administration pourra-t-elle exécuter toutes les tâches qui lui incombent et organiser les conseils de classes et ce qui reste des conseils d'orientation ? Les agents seront débordés, des centaines d'heures de cours seront perdues, des déboires infinis seront au rendez-vous. L'accumulation de travaux administratifs, ajoutés à ceux qui accompagneront les examens nationaux, vont créer une forte pression sur les autres personnels.