Une manifestation devant le siège de l'ARP est prévue pour le 3 décembre prochain à l'occasion de la célébration de la Journée internationale des personnes en situation de handicap, fait savoir le président de l'Organisation tunisienne de défense des droits des personnes handicapées, Yousri Mzati, en vue d'alerter le gouvernement et dénoncer la marginalisation de cette frange de la population. Malgré un cadre juridique favorable, l'insertion des personnes en situation de handicap en Tunisie, notamment dans le monde du travail , demeure en deçà des aspirations et des attentes de cette frange de la population qui est plus vulnérable. La Constitution de 2014 est venue confirmer le rôle protecteur de l'Etat contre toute discrimination à l'égard de ces personnes. « Tout citoyen handicapé a le droit, en fonction de la nature de son handicap, de bénéficier de toutes les mesures propres à lui garantir une entière intégration au sein de la société, il incombe à l'Etat de prendre toutes les mesures nécessaires à cet effet », selon l'article 48 de la Constitution. Le ras-le-bol Pour marquer son refus à la situation actuelle, l'Organisation tunisienne de défense des droits des personnes handicapées (Otddph) a décidé pour cette année de célébrer à sa façon la Journée internationale des personnes en situation de handicap, nous souligne son président, Yousri Mzati. A cet effet, une manifestation de contestation sera organisée au Bardo devant le siège de l'ARP avec l'appui des différentes composantes de la société civile, le 3 décembre prochain, pour faire entendre la voix des handicapés et surtout faire appliquer les textes de loi et les mesures annoncées en juillet 2017 par le gouvernement dans le cadre du programme «Handicap et emploi » qui visait l'insertion des handicapés dans le monde du travail. Yousri Mzati rappelle la prise, par le gouvernement, de mesures en faveur des personnes en situation de handicap le 18 juillet 2017, ainsi que la décision de créer une cellule relevant du chef du gouvernement pour le suivi et la mise en œuvre de ces mesures. « Aujourd'hui, on ne veut plus de ces séminaires organisés occasionnellement en fanfare dans les salons et les hôtels, on va protester devant l'ARP pour que les élus du peuple soient à l'écoute de nos doléances », fait-il remarquer. Le nouvel article 29 de la loi 2016-41 du 16 mai 2016, portant modification de la loi d'orientation 83 du 15 août 2005, dispose qu'« il est réservé un taux d'au moins 2% des recrutements annuels dans la fonction publique, à attribuer par priorité à des personnes handicapées qui remplissent les conditions prévues par la présente loi et qui jouissent des aptitudes pour accomplir le travail demandé ». Toutefois, ce quota n'a jamais été respecté, déplore le président de l'Otddph. 276 personnes en situation de handicap avaient été recrutées en 2012 et 252 en 2013, mais les recrutements ont été suspendus après cette date. Le nombre de handicapés en Tunisie est estimé à 238 mille, selon les statistiques du ministère des Affaires sociales, ceci sans compter les personnes handicapées non porteuses de cartes délivrées par les services dudit ministère, d'après Yousri Mzati. Il ajoute qu'un concours a été organisé dernièrement pour l'exercice de l'année 2016 mais n'a permis que le recrutement de 126 personnes seulement, qualifiant ce nombre de dérisoire et en infraction flagrante avec le nouvel article 29 de la loi 2016-41 relatif à la promotion et à la protection des personnes handicapées. Au total, 300 centres accueillent les personnes en situation de handicap, fait-il savoir, mais ces centres sont marginalisés et manquent d'équipements et d'une infrastructure adéquate, ce qui est aussi vrai pour l'équipe de Tunisie des sports pour handicapés. La Tunisie a été parmi les premiers pays à ratifier en avril 2008 la Convention relative aux droits des personnes handicapées et son protocole facultatif, et si les textes de loi sont venus appuyer le droit des personnes en situation de handicap au travail décent, la situation de cette frange de population notamment en termes d'employabilité nécessite l'urgence de la mise en œuvre des mesures prises en faveur des handicapés et l'application à la lettre de l'article 29 de la loi 2016-41.