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Pour un changement du paradigme du développement régional (1ère partie)
Tribune
Publié dans La Presse de Tunisie le 30 - 11 - 2018


Par Hamadi Tizaoui *
Le problème du dépeuplement des régions intérieures remonte bien avant l'Indépendance et même avant le protectorat, mais il a tendance à s'accélérer. Aujourd'hui,les régions intérieures connaissent une perte de l'autorité de l'Etat qui n'arrive pas à mettre fin aux blocages de toutes sortes qui paralysent les installations et les chaînes logistiques des entreprises.
Le développement régional demeure donc, plus que jamais, un problème majeur pour le pays, Il a toujours été traité à travers une approche de l'aménagement du territoire qui minore le rôle des villes et de l'urbanisation. Comme si la convergence économique et sociale des régions intérieures avec les régions les plus développées du littoral devait se faire sans villes et uniquement par les forces du marché. Nous prétendons que l'absence de grandes villes régionales/«métropoles régionales» n'a pas servi le développement régional en Tunisie en obstruant la mobilité des firmes, des connaissances, des capitaux et des hommes vers les régions intérieures.
Un déséquilibre régional consacré, un effort public de développement louable mais insuffisant
Depuis l'Indépendance, l'Etat a fait beaucoup pour les infrastructures sociales, l'accès à l'électricité, à l'eau, etc. Toutefois, il n'a pas fait le nécessaire pour les ressources humaines et pour les infrastructures destinées à l'entreprise dans les régions.
Les politiques publiques ont été à dominante d'assistance et non de développement. Ainsi, au cours des deux dernières décennies, les 14 gouvernorats de l'intérieur ont reçu plus d'investissements publics que les gouvernorats côtiers, en termes de dinars par tête d'habitant. A titre d'exemple, les investissements par tête pour les gouvernorats du Nord-Ouest ont varié de 3 000 à 5 000 dinars, soit à peu près le double des gouvernorats côtiers (ces investissements publics dans les gouvernorats de l'intérieur, cumulés sur la période 1990-2010, ont été de 20 milliards de dinars). Par contre, les investissements privés par habitant dans les gouvernorats de l'intérieur ont été de l'ordre de 2 500 dinars, alors qu'ils ont avoisiné les 10 000 dinars pour les gouvernorats côtiers, c'est-à-dire que le ratio a varié de 1 à 4. Mais alors où est l'erreur ?
L'erreur, c'est que malgré l'effort public réalisé, celui-ci a été uniformément réparti sur les régions intérieures. Or il n'est pas réaliste de penser qu'à un horizon de 5 à 10 ans, ces régions atteindront toutes et partout une qualité d'infrastructure et d'environnement de l'entreprise au niveau requis.
Aussi, tout en maintenant l'effort uniforme, qui a des effets sur la vie quotidienne des citoyens, il faudrait mener une action ciblée sur un nombre limité de villes qui constitueraient des «îlots de dynamisme» capables d'offrir à l'entreprise et à l'investissement privé l'environnement adéquat.
D'autre part, si nous faisions le bilan des 60 dernières années en matière d'aménagement du territoire, nous constaterions que nous n'avons réussi ni la polarisation (la création de métropoles côtières développées) ni un certain équilibre avec les régions de l'intérieur. Au contraire, nous avons ruralisé nos villes. Pendant toute cette durée et surtout durant les 20 dernières années, nous avons assisté à un flux de migration croissant des régions intérieures vers le littoral et l'étranger.
Or on oublie que c'est dans les villes que l'on crée des richesses. Les régions ne sont pas attractives parce que leurs villes ne sont pas attractives.
Il n'en demeure pas moins que la Tunisie est, sur ce plan, le pays le plus urbanisé du Maghreb. Toutefois, les villes les plus importantes se concentrent sur le littoral : 158 villes et 5.5 millions de citadins. Les villes de l'intérieur ne représentent ainsi que 25% des urbains du pays, ce sont de petites et moyennes villes qui sont à tissu économique faible et peu dense et sont de ce fait peu attractives.
Mais ce qui est positif, c'est que dans les dernières années, des villes assez grandes démographiquement ont émergé, elles ont franchi le seuil de 100 000 habitants. Il s'agit de Kairouan : 140 000 habitants; de Gabès : 175 000 habitants et de Gafsa : 130 000 habitants ( chacune de ces villes hébergent en outre une centaine de firmes industrielles et totalisent plus de 10 000 salariés dans les industries manufacturières). D'autres villes, ayant entre 50 000 et 80 000 habitants, croissent très lentement au Nord-Ouest (Béja-El Maagoula, 70 112 habitants et Le Kef, 54 690 habitants), d'autres villes encore connaissent une croissance plus rapide au Centre-Ouest et au Sud (Kasserine, 83 534 habitants, Tataouine, Médenine, 71 406 habitants, Zarzis et les villes de l'île de Djerba, environ 150 000 habitants). Des villes comme Siliana, Jendouba et Sidi Bouzid par contre stagnent. (Source de tous les chiffres: INS, RGPH, 2014).
A noter également qu'entre 2000 et 2010, s'est opéré un début de déplacement de l'industrie vers l'axe intérieur avec en particulier l'installation de 10 grands projets (employant 1 000 personnes ou plus) dans 8 gouvernorats intérieurs sur 14 ainsi que le passage du nombre de ces gouvernorats abritant plus de 100 entreprises ayant 10 emplois et plus de 2 à 8 gouvernorats durant la même période.
En résumé, on retient deux catégories de villes intérieures :
Catégorie 1: villes grandes et avec des débuts de densification économique mais également proches des grands foyers de concentration humaine et économique : Kairouan, Gabès, Gafsaet Béja-El Maagoula (Béja, avec 71 112 habitants uniquement mais qui est proche de Tunis et nouvellement desservie par l'autoroute de l'Ouest, peut être retenue dans cette catégorie).
Catégorie 2: villes moyennes, chef-lieu de gouvernorat peu dense démographiquement et économiquement devraient être promues de manière volontariste même si leur taille et leur densité sont faibles : il s'agit de Kasserine, du Kef, Médenine, Jendouba, Siliana et Sidi Bouzid.
La question est donc comment rendre les villes des régions intérieures plus attractives aux investissements et par conséquent plus créatrices d'emplois? Sachant l'impossibilité de disperser les moyens financiers et humains sur un grand nombre de villes au détriment de l'efficacité et de l'efficience. Les territoires des régions intérieures devraient être aménagés pour permettre l'éclosion de villes et de «métropoles» motrices qui auraient pour objectif d'intégrer les campagnes et les territoires régionaux à la nation et au monde. Il s'agit de créer, dans les dix prochaines années, une dizaine de «métropoles d'équilibre» dans les régions intérieures, qui assureraient la connexion avec les «métropoles littorales» et a fortiori avec le monde. Ces métropoles amélioreraient l'attractivité de leurs régions aux grands projets industriels et autres et contribueraient à l'émergence et la mise en place de clusters à ancrage régional national et surtout mondial.
Vers une nouvelle vision du développement régional en Tunisie. Nos régions une chance et non une charge pour le développement
La nouvelle vision pour nos régions se résume ainsi:toutes les régions seront interconnectées et contribueront activement à l'insertion de la Tunisie dans l'économie mondiale.
Cette insertion donnerait aux régions intérieures la possibilité d'attirer les entreprises tant nationales qu'internationales et de contribuer à la diversification de leur base productive.
Les orientations stratégiques pour un développement régional renouvelé
Un plan ambitieux pour les régions se décline en 6 orientations principales :
1. Un plan ambitieux pour les régions se basant sur une vision alliant métropolisation et développement régional, efficience économique et équité territoriale sans opposition et exclusion. Le moyen étant de constituer, par étapes, 10 pôles urbains d'attractivité dans les régions intérieures tout en consolidant les métropoles littorales
2. Désenclaver, réduire les distances et rompre les Divisions (3D),
3. Mener des politiques ambitieuses à l'international de clusters et de filières,
4. Renforcer les incitations et les financements pour l'investissement privé dans ces régions,
5. Développer et assurer une gestion innovante des services au citoyen,
6. Mettre en place une gouvernance d'exception pour le développement régional (task force régionale, lois et procédures d'exception).
Comme préalable à toute autre action, il faut consolider l'Etat de droit par l'application ferme de la loi pour mettre un terme aux infractions et à toutes les formes d'incivilité qui font perdre au pays des dizaines de milliers d'emplois dans les régions.
Une nouvelle vision doit prévaloir pour le développement des régions et il serait temps, un peu moins de 8 ans après le 14 janvier 2011, de lancer un plan ambitieux pour les régions ciblées sur les «pôles d'attractivité» et le désenclavement des régions.
Il s'agirait de passer de la stratégie d'assistance à celle du développement et faire l'effort nécessaire pour mener de pair une politique de développement de métropoles et une stratégie de développement des régions de l'intérieur. Il faudra aussi rompre avec un populisme qui s'accentue aujourd'hui opposant les régions intérieures aux régions du littoral qui doivent nécessairement continuer à se développer et élaborer un schéma national d'aménagement du territoire qui réponde à cette approche, qui tienne compte de nos expériences passées et d'un benchmarking international pertinent.
(à suivre)
(*) (Membre du groupe développement régional du Conseil d'analyses économiques)


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