Augmenter le budget du ministère de la Santé publique pour l'exercice 2019 demeure une condition sine qua non pour garantir un meilleur accès équitable aux soins et services des hôpitaux tunisiens qui connaissent déjà une «crise». Tel a été l'appel lancé par le Forum tunisien pour les droits économiques et sociaux (Ftdes), qui mise, à tout prix, sur la défense et la préservation de ce secteur. «Garantir un meilleur accès équitable aux soins et aux services de la Santé publique et améliorer les services des hôpitaux tunisiens passent obligatoirement par l'augmentation du budget alloué au ministère de la Santé qui correspond actuellement à seulement 5% de la totalité du budget de l'Etat pour l'exercice 2019», a estimé, jeudi 29 novembre, le Forum tunisien pour les droits économiques et sociaux lors d'une conférence de presse organisée à Tunis. Pour Messaoud Romdhani, président du Forum tunisien, alors que le secteur de la santé publique souffre déjà d'énormes manquements, l'Etat, à travers sa politique en matière de financement, s'oriente vers un désengagement progressif de ce secteur. «Le secteur de la santé publique souffre de nombreux manquements, notamment la disparité régionale au niveau des droits à l'accès aux soins et aux services des hôpitaux publics. A ceci s'ajoutent, bien évidemment, les questions des pénuries de médicaments, de la corruption, de la mauvaise gestion et de la fuite des compétences. Face à tout cela, l'Etat adopte une politique de désengagement envers ce secteur qui peine à trouver sa stabilité». A cet égard, M. Romdhani a rappelé que les dépenses de santé du Tunisien atteignent 40% de son budget, de quoi lui garantir un service public à même de répondre à ses attentes. Il a d'ailleurs évoqué un dispensaire à Borj Cédria, à Tunis, qui est totalement paralysé en raison de l'indisponibilité du staff médical et paramédical. Exode des médecins tunisiens La question de la fuite des compétences tunisiennes, notamment les médecins, a été passée en revue lors de cette conférence de presse, durant laquelle le Ftdes a appelé avec insistance à faire augmenter le budget du ministère de la Santé publique à 6% du budget total de l'Etat, afin de répondre aux exigences de ce secteur et d'opérer les réformes nécessaires. S'accordant sur ce fait, Dr Moncef Belhaj Yahia, secrétaire général de l'Association tunisienne pour l'accès à la santé, a mis en garde contre le phénomène de l'exode des médecins tunisiens, ce qui enfonce le clou dans la disparité régionale en matière de droits à l'accès équitable aux soins, dont souffrent notamment les zones intérieures du pays. Pour le Forum, la solution réside dans la révision de tout le système de santé publique en garantissant les fonds nécessaires pour opérer les réformes à même d'améliorer les conditions d'exercer le métier. A cet effet, des stratégies devraient être mises en place pour assurer une meilleure attractivité du secteur de la santé publique en vue de garder et «récupérer» les médecins tunisiens.