Inadmissible ! Ce qui s'est passé ces deux derniers jours devant les stations-services aux quatre coins du Grand Tunis : 150 transporteurs de carburants ont débrayé, sans préavis, laissant les automobilistes en panne sèche. Cette grève sauvage, indécemment observée du jour au lendemain, a paralysé circulation et activités. Aux quartiers d'El Mourouj, la situation n'était pas mieux qu'ailleurs : véhicules stationnés en file indienne, bruit des moteurs, coups de klaxons, l'effet d'annonce de bouche à oreille avait créé la panique et perturbé le cours normal des pompes à essence. Partout, dans nos kiosques, la rupture de stock fait craindre une brusque pénurie de carburants en ce début de week-end. A défaut d'infos médiatiques, ni déclaration officielle rassurante, tout portait à croire, au départ, qu'il s'agissait d'une intox ou tout juste d'une taquinerie facebookienne habituelle. Mais, l'hypothèse de la grève a fini par devenir vraie. D'autant plus qu'elle a été confirmée plus tard par des sources autorisées : quelque 150 transporteurs de marchandises et de carburants se sont, soudainement, déclarés grévistes, allant même jusqu'à bloquer le passage des camions depuis les sociétés de distribution des hydrocarbures basées à Radès et à Skhira. Leurs revendications consistent à vouloir changer de statut et adhérer, de la sorte, à la convention pétrolière, le but étant d'intégrer la Fédération générale du pétrole et des produits chimiques affiliée à l'Ugtt. Car, pensent-ils, le transport des marchandises ne cadre pas avec celui des hydrocarbures, ce dernier étant, selon eux, un métier à risque. Jeudi, une réunion de médiation avec le gouverneur de Ben Arous s'est soldée par un échec. Les grévistes n'en ont fait qu'à leur tête. De même, l'intervention à l'amiable de M. Afif Mabrouki, directeur général des carburants au ministère de l'Industrie, n'a pas réussi à les dissuader. Dans une déclaration à Mosaïque FM, il a jugé inopinée leur grève qui a causé une perturbation d'approvisionnement en carburants, appelant les usagers à ne pas affluer sur les kiosques pour éviter l'épuisement des réserves en essence. Constat confirmé par la chambre syndicale des gérants et propriétaires des stations-service : l'approvisionnement risque d'être suspendu au Grand-Tunis. De son côté, le président de la Chambre syndicale des transporteurs et du transport des produits dangereux, M. Fethi Zouari, avait indiqué sur les ondes de la même radio qu'une nouvelle réunion aura lieu lundi afin de d'examiner les revendications en question. Il n'a pas manqué de qualifier cette grève d'illégale, pouvant nuire à l'économie nationale. Soit un mouvement anarchique qui n'a aucune raison d'être. Il n'est encadré par aucun syndicat, relève le ministre du Transport, Hichem Ben Ahmed. En réaction, l'Ugtt affirme n'être pour rien dans cette grève qui a pris tout le monde au dépourvu. Et la centrale syndicale n'y est pas allée par quatre chemins pour nier tout lien avec ce mouvement opéré sans préavis. A qui profite l'anarchie? Dans un Etat de droit et des institutions, ce débrayage aussi improvisé qu'arbitraire ne peut en aucun cas passer inaperçu. « Si les parties concernées n'arrivent pas à trouver un terrain d'entente, l'Etat sera contraint d'appliquer la loi.. », martèle le ministre, dans une déclaration accordée à Mosaïque FM. DERNIÈRE MINUTE : La grève des transporteurs de carburants annulée La grève des chauffeurs des sociétés de transport de carburants vient d'être annulée, selon une source du ministère du Transport. A rappeler qu'une réunion s'est tenue, hier, entre le ministre du Transport, la Chambre syndicale des transporteurs des produits dangereux (Utica), le directeur général du transport terrestre et les représentants des chauffeurs des sociétés de transport de carburants, afin de parvenir à un accord concernant la grève entamée par ces chauffeurs hier. Le président de la chambre, Fethi Zouari, avait indiqué, dans une déclaration à l'Agence TAP, qu'environ 150 chauffeurs des sociétés de transport des carburants observent une grève ouverte anarchique sans préavis. Ils réclament leur affiliation à la convention collective du secteur du pétrole au lieu de celle du secteur du transport des marchandises. A noter que les stations-services enregistrent des perturbations et un déficit d'approvisionnement, à cause de la grève anarchique des chauffeurs à Skhira, Zarzis, Radès et Bizerte.