La nourriture jetée quotidiennement dans les poubelles à travers le monde permettrait si jamais elle était récupérée de nourrir la moitié de la population de la planète ! La lutte contre le gaspillage alimentaire est devenue le nerf de la guerre de l'Institut national de la consommation (INC) et de l'Organisation de défense du consommateur (ODC), et pour cause ! Ce phénomène a pris de plus en plus d'ampleur en Tunisie et partout dans le monde. En effet, d'après un rapport qui a été publié en 2013, plus de la moitié de la nourriture produite et servie dans les pays à travers le monde finirait à la poubelle. Le gaspillage des denrées alimentaires se répartit comme suit : 30% sont des céréales, 50% des fruits et légumes, 20% des oléagineux, de la viande et des produits laitiers et 30% de la nourriture jetée est constituée de poisson. C'est au bout de la chaîne alimentaire que le gaspillage de la nourriture est le plus fréquent. En effet, contrairement à ce qu'on pourrait penser, ce ne sont pas les industriels mais les consommateurs qui auraient le plus tendance à gaspiller les denrées alimentaires. Une grande partie du contenu des assiettes finit tous les jours à la poubelle alors que si elle était récupérée elle permettrait de nourrir des millions d'enfants et de personnes sous-alimentés dans le monde. Les répercussions négatives sur l'environnement et l'économie ont généré une prise de conscience générale chez les gouvernements, décidés aujourd'hui à lutter contre ce phénomène. En 2016, les efforts de l'INC en Tunisie pour trouver des solutions au problème du gaspillage alimentaire ont été appuyés par l'agence italienne de coopération internationale et de développement qui a contribué au financement d'une étude d'évaluation réalisée par la FAO sur le gaspillage et les pertes des produits céréaliers et laitiers dans le cadre du projet «Réduction des pertes et gaspillage alimentaire et développement des chaînes de valeur pour la sécurité alimentaire en Egypte et en Tunisie». Le gaspillage, qui revêt divers aspects en Tunisie, touche notamment les produits agricoles et occasionne un manque à gagner important pour les filières de production, selon Mohamed Amrani, coordinateur de la FAO pour l'Afrique du Nord, qui a relevé lors de la dernière conférence que la maîtrise et la réduction des pertes de ces produits permettraient de générer des emplois, améliorer les revenus et renforcer la sécurité alimentaire. Des pertes estimées à des millions de dinars Le gaspillage alimentaire ne touche pas uniquement les produits céréaliers mais également d'autres denrées de base comme le pain. Selon le ministre du Commerce, les mauvaises habitudes et comportements alimentaires des jeunes notamment des étudiants qui gaspillent 93% du pain qu'ils consomment outre la moyenne des 6% des repas universitaires qui atterrissent quotidiennement dans les poubelles des restaurants universitaires seraient responsables de pertes estimées annuellement à des millions de dinars. Pour y remédier, la FAO a lancé un plan d'action en 2016 axé sur une démarche participative et dont la seconde phase prévue cette année vise à renforcer les capacités des gestionnaires des boulangeries, des restaurants universitaires et des cantines scolaires. Plusieurs recommandations ont été, par ailleurs, émises lors de la dernière conférence régionale organisée par la FAO en collaboration avec l'INC et le ministère de l'Agriculture, de la Pêche et des Ressources hydrauliques. Il s'agirait de réviser la loi afin de permettre aux structures officielles concernées d'adopter des mesures concrètes pour réduire le gaspillage, organiser des campagnes et des actions de sensibilisation dans le dessein de changer les mentalités et les comportements et minorer ainsi les mauvaises habitudes alimentaires et surtout de renforcer les compétences et les outils des institutions chargées de lutter contre le gaspillage alimentaire. Enfin, une Journée nationale anti-gaspillage : c'est ce que prône Tarak Ben Jezia, le directeur général de l'Institut national de la consommation (INC) qui espère que celle-ci sera célébrée chaque année à partir de l'année prochaine avant le mois de Ramadan.