Le collectif «Sejnane : des trésors humains» a organisé, au ciné-théâtre Le Rio, une rencontre-débat en hommage aux potières de Sejnane sur le thème : «Femmes et savoir-faire ancestral». Ont assisté à cet événement René Trabelsi, ministre du Tourisme et de l'Artisanat, Mohamed Trabelsi, ministre des Affaires sociales, et d'autres personnalités politiques à l'instar de Jounaïdi Abdeljaoued et Ahmed Smaoui ainsi qu'un nombre d'invités intéressés par la question du patrimoine et de l'artisanat. La poterie de Sejnane, récemment inscrite au patrimoine culturel immatériel de l'humanité de l'Unesco est une belle reconnaissance à la détermination et au savoir-faire des artisanes de Sejnane. Mais cette reconnaissance internationale qu'a-t-elle apporté à ces femmes artisanes qui peinent quotidiennement à écouler leurs produits ? Le collectif «Sejnane : des trésors humains» a organisé, mardi dernier, au ciné-théâtre Le Rio, une rencontre-débat en hommage aux potières de Sejnane sur le thème : «Femmes et savoir-faire ancestral». Ont assisté à cet événement René Trabelsi, ministre du Tourisme et de l'Artisanat, Mohamed Trabelsi, ministre des Affaires sociales et d'autres personnalités politiques à l'instar de Jounaïdi Abdeljaoued et Ahmed Smaoui ainsi qu'un nombre d'invités intéressés par la question du patrimoine et de l'artisanat. Nozha Skik, ethno-anthropologue, chercheuse à l'Institut national du patrimoine et Adnane Louhichi, archéologue, directeur de recherches à l'Institut national du patrimoine, co-auteur d'un ouvrage « Les potières de Sejnane, des femmes et un savoir-faire» (Editions Finzi), préfacé par l'ex-ministre du Commerce et de l'Artisanat, Mondher Zenaïdi, relate la richesse d'un patrimoine ancestral : la poterie modelée réalisée par les petites mains que sont : Jemâa, Aljya, Hlima, Ida, Dhahbya, Barkena, Rebeh, Sabiha, Hbiba et d'autres ayant voué leur vie à ce métier artisanal. Un livre d'art pédagogique de 143 pages, illustré de la meilleure façon par Hatem Ben Miled, cinéaste et directeur de production. Un périple qui conduit le lecteur dans une de ces collines riches de hameaux et de colombins d'argile, matière première avec laquelle les potières façonnent leurs ustensiles et poupées. Jemaâ, la doyenne des potières, a déclaré dans le magazine de Sami Bennour sur El Hiwar Ettounsi que, malgré le prix qui lui a été remis par le Président de la République, sa vie n'a pas changé, ni celle de ses consœurs. «On a des difficultés à trouver un marché. A part notre participation à la Foire annuelle de l'artisanat du Kram où la moitié de nos produits se cassent lors du transport, nous ne disposons d'aucun espace d'exposition. On nous a promis la construction d'un projet mais rien en vue», martèle Jemaâ. Les intervenants ont tenté, à travers cette rencontre-débat, d'attirer l'attention des autorités sur la situation de ces potières et l'avenir de leur métier. Depuis la signature de la convention avec l'Unesco en 2003, c'est le premier classement que la Tunisie obtient avec les poteries de Sejnane. «On espère que ce classement permettra la création de projets pour les artisanes de Sejnane et la valorisation d'un développement durable pour la région», a déclaré Nozha Skik. Selon cette dernière, la poterie de Sejnane existe depuis 4000 ans av, J.C. Sa spécificité réside dans la matière écologique utilisée : l'argile rouge et surtout la décoration sauf pour les ustensiles à usage domestique. C'est un artisanat qui fait vivre un grand nombre de familles de la région de Sejnane d'autant plus que la terre argileuse sert davantage à la poterie qu'à l'agriculture. L'intervenante propose de remettre à jour un projet qui date de 2006, à savoir la création d'un espace qui servirait de point de vente de ces produits et un musée. Pour sa part, Adnane Louhichi a rappelé, au cours de son intervention, que cette poterie plusieurs fois millénaire a des liens de parenté avec la poterie kabyle et berbère se trouvant en Algérie et au Maroc. Elle se caractérise par son aspect narratif représentant des animaux ou des humains animés ainsi que l'utilisation du triangle rappelant le Tanit punico-berbère. «L'Etat doit s'engager à préserver ce patrimoine et son environnement, à garantir la transmission de ce savoir-faire, aider financièrement les potières pour qu'elles continuent à produire et élargir le champ de la recherche scientifique dans ce domaine», a proposé l'archéologue. La rencontre a été suivie de la projection d'un documentaire de 26 minutes «D'Argile» réalisé par Hatem Ben Miled et produit par Arts Distribution d'après un scénario écrit par Nozha Skik. Le documentaire de facture classique suit les pas de Jemaâ, la doyenne des potières de Sejnane, qui raconte son métier et tout le processus de fabrication depuis la boule et le colombin d'argile jusqu'au produit fini. Les premiers plans montrent le parcours d'une cigogne qui est une belle métaphore de Jemaâ, aujourd'hui octogénaire, qui a dû endurer longtemps pour qu'enfin son travail et celui des potières de Sejnane soient enfin reconnus et récompensés à un haut niveau.