Hausse des coûts de production, années de vaches maigres, manque d'intrants… La situation est devenue intenable pour les professionnels du secteur agricole. Après les cris d'alarme et les appels répétés au gouvernement pour chercher des solutions aux multiples problèmes auxquels ils sont confrontés, depuis de nombreuses années, les agriculteurs du nord-ouest ont décidé de passer la vitesse supérieure, en manifestant leur colère dans la rue jeudi dernier, lors de marches pacifiques destinées à mettre en avant l'ampleur des dégâts occasionnés au secteur et aux professionnels qui se sentent plus que jamais appauvris, à dessein ou non, et surtout incapables de pérenniser leurs activités tant la hausse des coûts de production est devenue inquiétante dans toutes les filières. Jeudi dernier les agriculteurs du Kef et de Siliana sont, en effet, descendus dans la rue pour manifester leur grogne face à la dégradation de leurs conditions ainsi que des systèmes de production, notamment ceux des grandes cultures, de l'élevage bovin laitier, des cultures maraîchères et même de l'arboriculture, se disant aussi choqués par les hausses à répétition des aliments pour bétail, des fertilisants, du machinisme agricole du fait de la dépréciation de la monnaie nationale, mais aussi du manque d'eau destinée à l'irrigation, ce qui a nui fortement à certaines activités agricoles. Toutes ces entraves menacent, désormais, de mettre en péril le secteur, à un moment où les prix à la production sont demeurés inchangés, notamment pour les céréales. Le secteur a été déjà sérieusement affecté par la sécheresse, la grêle et la gelée printanière ces dernières années, engendrant d'énormes pertes aux professionnels du secteur, également miné par la hausse des prix des intrants, comme les engrais chimiques et les pesticides, sans négliger les semences sélectionnées et les herbicides dont le prix a enregistré une envolée spectaculaire depuis pas mal de temps. En descendant dans la rue avec leurs tracteurs, les agriculteurs ont transmis au gouvernement un message très fort dans lequel ils expliquent leur angoisse et leur volonté de jeter l'éponge, d'autant plus que le secteur agricole est confronté depuis de nombreuses années au phénomène de l'endettement, jugé excessif et calamiteux pour la poursuite des activités agricoles dans leur ensemble, ce qui dénote donc le marasme généralisé qui prévaut dans les principaux foyers agricoles du nord-ouest et met à nu l'ensemble des difficultés engendrées par cet état des lieux critique de l'agriculture dans le pays. Les agriculteurs reprochent aussi au gouvernement d'avoir adopté la politique des deux poids deux mesures dans la gestion de la crise économique dans le pays et estiment qu'il a accordé des aides aux propriétaires d'unités hôtelières affectées par les actes terroristes de 2015 alors qu'il a laissé tomber les professionnels du secteur agricole aussi sinistrés que ces derniers. Un clin d'œil au gouvernement qui doit réagir promptement à leurs doléances afin de sauver le secteur.