Par Jalel MESTIRI Le football est largement irrationnel et jamais avare de coups de théâtre. La dernière participation de l'Espérance à la Coupe du monde des clubs peut-elle vraiment refléter le niveau du football tunisien et de la compétition nationale ? Certes, la prestation affichée lors du premier match et le rendement des joueurs sur le terrain étaient, même de l'avis de son entraîneur Mouine Chaâbani, inacceptables. L'on ne cessera jamais de croire que la formation « sang et or » fait partie de ces équipes qui sont capables de tout faire, de tout obtenir, d'enchaîner des phases de jeu accomplies et des approches techniques intéressantes. Notamment lorsque ses joueurs se libèrent. Il n'en demeure pas moins que l'idée et les jugements que l'on se fait aujourd'hui sur le niveau des équipes tunisiennes engendrent une certaine spécificité en matière de sinistrose, que l'on fait une fixation sur les défaites, que l'on ne retient que le négatif et que l'on oublie vite ce qui a été déjà accompli. Le football tunisien a aujourd'hui besoin que ses équipes avant-gardistes remettent la machine en marche. Finie la morosité, fini l'agacement. Il y a bien des équipes qui ont perdu quelque part leur statut, qui ne gagnent plus, que leurs semaines de travail sont devenues beaucoup moins sereines. L'ambiance aussi et surtout. Elles attendent encore des victoires sur fond de décharge, en termes de jeu, de comportement et d'approche. La participation de certaines équipes dans les échéances continentales a montré que la compétition nationale est encore loin du niveau susceptible de leur permettre de se frayer une place dans ces épreuves. Du moins pour le moment. Il ne faut pas se voiler la face: au vu des différentes prestations, elles manquent de maîtrise collective et technique. Elles ne sont pas suffisamment fortes dans la remontée des scores . Pas mieux dans la base de travail. Encore pire au niveau de la solidarité. Dans les vestiaires et tout autour, l'impatience commence certainement à peser. Bien des choses devraient changer dans la compétition nationale, dans les choix, dans les rôles. Cela devrait résulter des effets conjugués de modalités sportives et de stratégies bien pensées, mais aussi d'un passage obligé vers les exigences du haut niveau. De façon générale, les équipes tunisiennes peuvent être amenées à élever le niveau du championnat et à exprimer des choses, parfois au-delà de ce qu'on pourrait attendre. Lorsqu'elles se donnent des responsabilités, certaines d'entre elles peuvent toujours avancer, progresser. C'est un constat qui n'a évidemment pas de valeur de règle absolue, mais il ne pousse guère à la suffisance. Si les résultats ont souvent tendance à tout effacer, même les choix les plus discutables, même les choix les plus incompréhensibles, toute victoire, quelle que soit sa nature et d'où qu'elle vienne, a besoin de confirmation et surtout de bases sur lesquelles on peut construire... L'esprit de compétition est une perpétuelle remise en question. Des fois, ce qui est fait est fait, en bien ou en mal. Mais il faut toujours voir devant. Plus qu'une obligation, c'est une conscience au quotidien.