Avant-première du film «Dachra» de Abdelhamid Bouchnak au théâtre de l'Opéra à la Cité de la culture. Une grande affluence du public et un film qui arrache ! C'était très important de projeter ce film dans cette salle. Pourquoi ? Parce qu'il est tout de même temps que les Tunisiens regardent un film dans les meilleures conditions visuelles et acoustiques et force est de le reconnaître : la salle de l'Opéra est extraordinairement équipée dans ce sens. On ne vivra pas ces effets de la même façon selon les salles où on va voir le film, pour être franc. Si on insiste sur ce côté visuel et sonore c'est parce que justement le film «Dachra» est un film de genre basé sur une image très particulière dans sa prise mais aussi dans sa qualité d'étalonnage qui, sous-tendue par les effets sonores, nous arrache à notre quotidien pour nous jeter directement dans le film. Et c'est ça le tour de force d'un film d'horreur ! s'il ne réussit pas à ancrer en nous, dès les premières dix minutes, un univers particulier, il aura raté sa cible. Mais au contraire dans le film «Dachra» de Abdelhamid Bouchenak la technique de la prise des plans, les mouvements de la caméra et jusqu aux effets sonores et au mixage sont conduits d'une main de maître. Le réalisateur n'a pas inventé le genre, n'en a pas copié les histoires non plus mais il a parfaitement compris ses codes pour raconter sa propre histoire, une histoire tunisienne qui nous ressemble et qu'aucun Américain ne peut raconter. Une histoire qui nous prend par les tripes et qui est magnifiquement interprétée par de jeunes acteurs bourrés de talents et qui se confrontent pour la première fois au genre. En voici le synopsis : «Le film raconte l'histoire de Yasmine, étudiante en journalisme, et ses deux amis, Walid et Bilel, qui cherchent à élucider le mystère d'un vieux crime, commis il y a plus de 25 ans. Au milieu de nulle part, une femme avait été trouvée mutilée et laissée pour morte. Leur investigation les mène à une forêt où ils découvrent un patelin, une "Dachra". Coincé dans ce territoire inconnu, le trio va essayer de fuir l'horreur». Rappelons que «Dachra» est, en effet, le premier film d'horreur tunisien, sélectionné au prestigieux festival la Mostra de Venise, au Festival polonais Splat Film Fest International au Fantastic Film Festival où il a obtenu le prix du film le plus effrayant et Midnight Screenings du Cairo International Film Festival en novembre 2018 et dernièrement au Göteborg Film Festival dans la section New Voices. Un film très particulier et qui fera date dans l'histoire du cinéma parce que non seulement son réalisateur a introduit le genre sans le malmener et avec beaucoup de maestria mais parce qu'il a compris qu'il y a tout un public à conquérir et qu'un film tunisien peut avoir un succès commercial s'il est bien fait et sans «auteurisme» éculé. Un film qui secoue son public surtout pour les amateurs de films d'horreur . Une réussite dans le genre !