La valse des chiffres se poursuit… Nullement épargnée par une conjoncture mondiale difficile et exposée à un mouvement violent de revendications sociales, la CPG est certes au creux de la vague avec cette baisse sensible du chiffre d'affaires qui explique les énormes préjudices subis par l'économie du pays et auxquels il est difficile de remédier dans l'immédiat. Mais l'espoir de voir un happy-end des turbulences reste de mise. Avec une note d'optimisme, le secteur a de beaux jours devant lui même si la rude concurrence le met dans une situation difficile. Mais est-ce suffisant de verser dans un optimisme béat pour espérer sauter le cap ? Ne seraitce pas plutôt plus judicieux de se pencher sur les causes inhérentes pour remonter la pente raide et administrer la juste thérapie ? Autant d'interrogations qui s'imposent mais la plus pertinente ou plutôt celle qui dérange pointe du doigt tous les gouvernements qui se sont succédé depuis le 14 janvier et leur incapacité de résoudre le dossier brûlant du Bassin minier. Est-ce un échec des décideurs politiques dans la gestion des crises ou la complexité de ce dossier multifacette qui fait que sa résolution est loin d'être une sinécure ? Des mouvements de protestation violents En terminologie médicale, administrer une thérapie requiert un diagnostic pour définir l'agent causal. Alors qu'en est-il pour le secteur minier ? Un arrêt sur image laisse dégager les premiers symptômes d'une crise annoncée, il s'agit de la création de la société de jardinage et de l'environnement qui a donné lieu à cette série interminable d'agitations sociales à chaque annonce des résultats. Un climat de tension règne dans le Bassin minier depuis l'instauration du «concours bombe» faisant de cette région minée par le chômage une arène de conflit entre la CPG et les candidats. Est-ce le mécontentement ou l'absence de confiance qui met le feu aux poudres? D'autre part, le concours de recrutement à la CPG fait admettre qu'un dysfonctionnement a plongé le Bassin minier dans un état de délitement et c'est ce grand trust qui paie la facture. Nous sommes le 17 novembre 2018 lorsque les résultats ont été annoncés sur la toile après une attente qui n'a que trop duré (2 années). S'en est suivi alors un mouvement violent de protestations qui a bloqué 60 % de la production de phosphates sur les différents sites. Même si l'activité a repris dans les unités de Métlaoui qui accaparent 75% de la capacité productive du Bassin minier ; alors que le reste (25%) est partagé par les sites de Redeyef, Mdhilla et Moularès qui sont encore en arrêt forcé. Face à ce constat, il n'en demeure pas moins important de signaler cette corrélation entre les résultats et leur binôme que sont les protestations. Une sorte de cercle vicieux apparu dès l'instauration du concours de recrutement de la société de l'environnement et du jardinage. Mais force est d'admettre que ces interruptions répétées de la production puisent leur explication dans ce climat d'hésitation qui précède souvent la proclamation des résultats imprégnés d'irrégularités, tel qu'il nous a été rapporté par des sit-inneurs. Condamné à trouver du travail aux chômeurs S'est installé, dès lors, un climat tendu entre les demandeurs d'emploi et la compagnie minière sur fond de pression permanente traduite par «un harcèlement» de ce trust condamné à absorber la crise aiguë de chômage dans la région. Mais empressons-nous de dire que les soubresauts vécus par le pays depuis la révolution ont fait que la machine productive est souvent grippée et le chiffre de référence est difficile à rééditer depuis 2010 avec un volume record de 8, 6 millions tonnes alors qu'il a oscillé entre 2 et 4 millions tonnes pour la période (2011-2016). Conséquence inéluctable : le volume des exportations du phosphate et dérivés qui a atteint 10% en 2010 de l'ensemble des exportations tunisiennes a chuté à 3% en 2015. La conséquence qui fait grincer des dents s'est fait ressentir sur les pertes causées par cette chute estimées à 1 milliard de dollars depuis la révolution. Pour enchaîner avec le langage des chiffres, source d'un déséquilibre de la balance financière de la compagnie, 80% de son volume de production ont été perdus à cause de ce climat d'instabilité sociale. Alors, serait-il raisonnable de mettre au point un plan d'austérité pour redresser une balance qui bat de l'aile et se replacer dans le groupe concurrentiel ? L'action massive de recrutement entamée depuis la révolution n'est pas de manière à permettre une thérapie efficiente car si la CPG employait 4.700 agents en 2008, cette masse ouvrière a observé une hausse fulgurante pour atteindre 6.619 en 2015 sans omettre de comptabiliser les 12.000 agents recrutés sous la bannière de la société de l'environnement et de jardinage et pour lesquels une masse salariale estimée à 70 millions de dinars est mobilisée (…).