Visuellement haut en couleur et riche d'un casting 5 étoiles, le troisième long-métrage d'Ibrahim Letaïef «Porto Farina», actuellement dans les salles de cinéma, continue de séduire petits et grands. Autant de têtes d'affiche tunisiennes ne peuvent qu'attirer un public curieux de découvrir cette comédie, annoncée à coup de communication pointue. A l'affiche, un casting majoritairement féminin rassemblant Wajiha Jendoubi, Fatma Ben Saïdane, Asma Othmani (dans son premier rôle au cinéma), Najoua Zouhir, Jamila Chihi, Latifa Gafsi, Faouzia Boumiza, Mounira Zekraoui. Mohamed Ali Ben Jemaâ, méconnaissable avec 20 kg en plus, a endossé le rôle principal masculin du film au côté de Mohamed Sayari, Riadh Hamdi et Mohamed Driss, ce dernier signe son grand retour phare sur les grands écrans après une disparition de plus de 15 ans. «Porto Farina», comme son titre l'indique, transporte le spectateur dans cette ville côtière, typique, plus connu sous l'appellation «Ghar Melh». Il fait la connaissance d'une famille nombreuse, pour le moins farfelue, disjonctée et composée majoritairement de femmes matriarches qui font la loi dans le quartier. Leurs échanges se faisaient autour d'une union, un mariage attendu. Une des leurs s'apprête, en effet, à épouser, malgré elle, son cousin qu'elle n'aime pas. La jeune épouse incarnée par Asma Othmani fera tout pour s'affranchir des traditions locales de sa famille. Soutenue par sa meilleure complice (Najoua Zouhir), elle refusera à la dernière minute de se plier aux attentes de son clan et de tout le village. Commenceront alors les élucubrations du mari joué par Dali Ben Jemaâ; celui-ci effectue son grand retour au bled, après avoir rompu avec sa première femme française. L'intrigue principale est éclipsée : elle paraît même minime, face à la présence de ces femmes matriarches aux portraits variés qui, à coup d'échanges et de dialogues coquins, salaces, moqueurs, parviennent à susciter, chez le public, rires et émois. Le long-métrage est riche par la présence de chacune de ces dames. Mais le point fort du film demeure son côté visuel : les décors sont attrayants, haut en couleur typiques. Le réalisateur brosse une Tunisie ancienne, un berceau d'us et de coutumes, maltaises, espagnoles et tunisiennes : le portrait d'une petite société qui se veut émancipée dans l'intime, mais reste pudique en apparence, freinée, certes, par le poids du patriarcat, mais farouchement tenue par des femmes. D'une durée d'1h15, ce film (trop) léger et 100% divertissant vient accomplir les précédentes réalisations de Letaïef, «Cinecitta» et «Hezz ya Wezz». Folklorique, burlesque à souhait, la production possède les faux airs d'un théâtre sur grand écran et le jeu des acteurs, ainsi que leurs apparences sont accentués. Brahim Letaïef a mis 5 ans pour trouver un financement à ce film. «Porto Farina» possède tous les ingrédients nécessaires pour plaire à un public avide de comédies ramadanesques et grand consommateur de shows télévisés. Commercialement, de beaux jours attendent «Porto Farina», qui se laisse consommer.