«Fragilité sociale», «approche multidimentionnelle de la pauvreté», carte de la pauvreté», etc., ce sont là de nouveaux concepts qui commencent à s'imposer dans le lexique politique national, à la faveur de la mise en œuvre de la recommandation 202 du Bureau international du travail (BIT) relative à la mise au point d'une plateforme minimale de la protection sociale des catégories dites vulnérables. En Tunisie, s'est posé depuis la révolution le problème d'actualiser le programme national d'aide aux familles nécessiteuses dans la mesure où depuis sa création, en 1986, il n'a pas été révisé radicalement dans le sens de la création d'une banque de données sur les familles pauvres et à revenus limités bénéficiant des prestations qu'offre le programme. Il est apparu, en effet, que les interventions du programme touchent uniquement les personnes âgées, les personnes handicapées et les personnes sans soutien familial. Malheureusement, les interventions du programme ne sont pas à la hauteur des plans efficaces à même de réduire la pauvreté et la fragilité sociale fondée sur la privation, comme l'indiquent les normes internationales en la matière. Et c'est bien dans le cadre de la consécration du principe constitutionnel de la discrimination positive que s'inscrit le programme «El Amen social» mis en œuvre par le ministère des Affaires sociales. Une enveloppe de 687 MD Le programme cible les catégories nécessiteuses et à revenus limités, retenues sur la base de critères scientifiques allant de pair avec les normes internationales et se fondant surtout sur des procédures prenant en considération les règles de la transparence, de l'objectivité et de l'équité. Et l'objectif fondamental du programme «El Amen social» est bien de concrétiser le principe de la discrimination positive au profit des catégories à besoins spécifiques et aussi des régions prioritaires en prenant en considération les règles définies par l'approche multidisciplinaire de la pauvreté. Il ne s'agit plus d'aides conjoncturelles accordées aux familles nécessiteuses à l'occasion des fêtes religieuses ou nationales. L'objectif du programme «El Amen social» a pour ambition de permettre aux familles en question d'exercer leurs droits à la santé, à l'enseignement, à l'emploi, à la formation professionnelle. Désormais, dans les régions dites prioritaires, il n'est plus admis que les citoyens considèrent «le principe de l'héritage de la pauvreté» comme une fatalité ou un destin commun. Il est à signaler que le nombre des bénéficiaires, des prestations du programme s'élève à 285 mille citoyens alors que les crédits retenus pour 2019 sont de l'ordre de 687,9 millions de dinars contre 635 MD en 2018.