Hier, vendredi 8 février, les yeux des Tunisiens étaient rivés tout au long de la journée ou presque sur la place Mohamed-Ali, attendant que la fumée blanche sorte du siège de l'Ugtt où Lassaad Yacoubi, le secrétaire général de la Fédération générale de l'enseignement secondaire, était en conclave avec les membres de la commission administrative sectorielle pour avaliser l'accord de principe annoncé la veille par Noureddine Taboubi entre le ministère et le syndicat ou le rejeter au cas où il serait considéré en deçà des attentes des enseignants du secondaire. Et bien avant le démarrage des travaux de la commission, plus précisément jeudi soir, à la suite des déclarations livrées aux médias par Noureddine Taboubi, S.G de l'Ugtt, annonçant la signature hier de l'accord tant attendu, plusieurs secrétaires généraux de syndicats de base dans les régions (Monastir, Gafsa, etc.) ont fait part de leur opposition au contenu des propositions du gouvernement menaçant de poursuivre leur mouvement de contestation. Quant à Lassaad Yacoubi, il n'a pas manqué de souligner dès l'ouverture de la réunion de la commission : «Aucun accord ne sera adopté sans l'avis favorable de la commission administrative». Une déclaration claire et nette : Noureddine Taboubi a beau intervenir auprès du chef du gouvernement et du ministère de l'Education pour obtenir que le gouvernement avance de nouvelles propositions que beaucoup considèrent comme honorables au point que, jeudi soir, l'on n'a pas hésité à annoncer, à La kasbah, que «l'accord sera signé demain» (hier), le dernier mot reviendra aux enseignants, plus précisément aux membres de la commission administrative sectorielle. Plus encore, au moment où commençaient les travaux de la commission, des enseignants se sont rassemblés devant le siège de la centrale syndicale place Mohamed-Ali «pour scander des slogans appelant au droit à la prime spécifique et à la baisse de l'âge de départ à la retraite». Et comme les échos parvenant de la réunion de la commission administrative laissaient entendre qu'il existe des divisions entre ceux opposés à l'accord et ceux appelant à mettre fin au différend avec le ministère, l'on s'est demandé comment le conflit allait être tranché. Une première réponse a été donnée par Lassaâd Yacoubi qui précise que «les décisions de la commission administrative sont prises à l'unanimité», ce qui laisse entendre que le rejet de l'accord est plus que probable, sauf rebondissement de dernière minute ou «intervention énergique et tranchante» de la part du secrétaire général de l'Ugtt qui observe, depuis son bureau, au siège de la centrale ouvrière, les travaux de la commission. Une commission pédagogique pour rattraper les cours perdus Du côté du ministère de l'Education et au moment où Lassaâd Yacoubi appelle les enseignants rassemblés à la place Mohamed-Ali à rejoindre leurs collègues en sit-in au siège du département à Bab Bnat, Hatem Ben Salem se comporte et agit comme si la crise était déjà résolue et annonce : «Une commission pédagogique se réunira dans les plus brefs délais pour discuter de la possibilité de rattraper les cours perdus». S'exprimant, hier, lors du forum national des enseignants innovants, il ajoute: «L'objectif est d'assurer la réussite de l'année scolaire». Reste posée la question qui préoccupe les centaines de milliers d'élèves et de parents : les choses rentreront-elles dans l'ordre, le lundi 11 février, comme l'a annoncé le ministre de l'Education et les élèves et les enseignants regagneront-ils leurs établissements, avec la mission de sauver ce qui peut encore l'être?