Par Jalel Mestiri Rien n'est plus vraiment exemplaire au Club Africain. Ni les résultats, ni l'ambiance, ni les rapports humains, ni le mode de vie, ni la gestion du club. Ici et là, les défaillances et les manquements outrepassent les compétences. La confusion dans les rôles et dans les prérogatives fait que chaque clan ne reconnaît plus l'indépendance de l'autre. Les perspectives clubistes sont toujours là mais la priorité serait surtout une vraie réflexion sur la gouvernance du club, sur la place qu'il occupe sur la scène. Il a été, ces dernières années, au bout du système appliqué au football et il s'est plus que jamais égaré. Les interrogations continuent encore à être posées: quelles ressources et quels moyens pour redresser la barre? Là où les valeurs sportives perdent leur sens, là où le sentiment d'appartenance au club est bafoué, les échecs laissent de plus en plus leurs marques. Il faut dire qu'au-delà des attitudes le plus souvent curieuses et pour le moins dénuées de sens de la responsabilité, c'est l'incapacité d'agencer et de conjuguer les efforts qui a entraîné les Clubistes dans des sentiers battus. Cela prend des proportions encore plus alarmantes lorsque le contexte sportif devient explosif. La figure de polémique et d'altercation permanente ne cesse de conditionner le paysage sportif au CA. Elle a fini par devenir une source de nuisance. Chose qui a conduit à l'émergence de responsables qui se plient à toutes sortes de pratiques étrangères aux champs des compétences et des valeurs sûres. Les causes de la reconversion ratée du Club Africain, entamée depuis 2011, sont diverses et diversifiées : un entourage pas suffisamment impliqué dans les affaires du club, mais qui ne manque pas, à chaque fois, de vouloir profiter de la moindre défaillance, du moindre échec. Des choix hasardeux et risque-tout. Egarements et dérèglements souvent répétés. La plupart des responsables clubistes d'aujourd'hui ne sont pas capables de faire le bon compte. Problème d'adaptation? De personnalité et de caractère? De compétence ? De discipline ? Il y en a de toutes les couleurs et de tous les genres. Un fait rare dans l'histoire du club qui en a vécu de toutes les réussites et tous les succès dans un passé lointain, mais pas toutefois révolu... Il s'agit au fait d'une crise institutionnelle qui recouvre plusieurs enjeux apparents et d'autres sous-jacents. D'où les conflits d'intérêts entre les différentes parties et qui nous amènent à nous interroger sur la question de la gouvernance : Qui dirige le Club Africain? Donc pas de changement, et encore moins de progrès, surtout tant que les plaies restent toujours ouvertes. Tant que l'inaptitude de la plupart des responsables les empêche de se fondre dans un cadre défini et d'en façonner les règles. On imagine ainsi le gâchis causé par un tel manquement. Et l'on se rend compte que la patience devient aujourd'hui insoutenable. C'est dur, en effet, de voir l'un des plus grands clubs tunisiens renoncer à ses vertus, à ses moralités. Les dérives et les désaccords marquent le quotidien d'un club en perte de vitesse. Le CA est pourtant l'un des rares clubs qui, par son passé et ses acquis, avait les meilleurs fondamentaux pour asseoir les valeurs sportives de bonne conduite. Ceux qui s'attellent à mémoriser l'histoire du football tunisien n'hésiteront pas à dire que celle-ci est fortement marquée par le parcours, les exploits et le tour de force d'une génération de joueurs et de responsables clubistes qui n'ont pas seulement fait honneur à leur club, mais aussi à tout le football tunisien. Il est nécessaire de tirer les enseignements de cette dérive tant que le rêve de réhabilitation est permis. Principale directive: le CA ne peut plus, ne doit plus être laissé au pouvoir de quelques personnes et d'une seule vision. Que ce soit sur le plan de fiabilité sportive, ou d'ordre structurel. Personne ne doit oublier que le CA n'est pas un club comme les autres. Et qu'il continuera toujours à impliquer des valeurs, des vertus, une culture.