Le couffin du consommateur est le principal souci de la direction du commerce de Tunis. Le suivi du marché de façon quotidienne avec des visites d'inspection sur le terrain est l'un des objectifs de la direction de la brigade économique. Les agents du contrôle économique relevant de la direction du commerce de Grand-Tunis ont effectué, à la fin de la semaine, une tournée incluant, entre autres, le marché central. Il est 10h00. Assis derrière leurs étals, les marchands attendent, impatients, la venue des premiers clients dans un marché central achalandé aux couleurs de la saison. Ils sont là à bavarder en prêtant attention, de temps à autre, aux infos de la radio. Gesticulant et criant à tue- tête, certains n'hésitent pas à héler les clients qui arpentent les halles du marché et qui se contentent, en ce début de matinée, de jeter un coup d'œil sur la marchandise exposée sur les étals et de faire une comparaison des prix afin d'évaluer le rapport qualité/prix. Nous en avons profité pour engager une discussion avec des marchands. Si certains refusent de répondre à nos questions, d'autres, par contre, sur un ton pessimiste, comme Issam, vendeur de fruits et légumes, confient que «la situation est devenue catastrophique et invivable. Le commerce est en chute libre, à cause, entre autres, de la dépréciation du dinar tunisien». Couffin léger Couffin à la main, les consommateurs commencent à affluer progressivement dans les pavillons du marché central en quête de produits frais dont le prix est à la portée. Mais la déception est au rendez-vous à cause des prix qui sont élevés. Les concombres écoulés à 2,d250 le kilo ont enregistré une flambée. Les carottes sont vendues à 1d000 le kilo. Les piments doux s'écoulent à 2d,500 le kilo et les tomates à 1d980. De nombreux consommateurs avertis ont pu constater une hausse anormale des prix. Certes, de grandes quantités de légumes, fruits et viandes sont disponibles à des prix abordables, mais on constate aussi des prix hors de portée des bourses moyennes. Une échoppe pleine de fruits multicolores attire notre regard. Ici, les dattes s'écoulent à 6 dinars le kilo, les pommes à 4d980 et les oranges à 2d500. Le propriétaire, Mohsen, est connu de tous les marchands. Lorsque nous l'abordons, il lance d'un air fataliste que «la situation est difficile pour les marchands et les consommateurs». Un peu plus loin, Hedi, un jeune marchand de fruits et de légumes, vêtu d'un jean bleu délavé et d'un blouson en cuir, nous accueille avec un sourire légèrement crispé. «Nous avons du mal à écouler nos marchandises». M. Farouk, la quarantaine, est boucher. D'une voix teintée d'amertume, il parle de l'après-révolution et de la situation de plus en plus difficile des ménages due à la cherté de la vie. Ils sont nombreux comme lui à cumuler deux à trois boulots pour subvenir aux besoins de leur famille. «C'est une triste réalité que nous vivons», note-t-il. Viandes rouges : flambée des prix Pour Ali, un consommateur fidèle qui a l'habitude de faire ses emplettes au marché central, «La viande ovine se vend aujourd'hui à 28d le kilo. Cela décourage les clients». Dans le pavillon des viandes blanches, les prix sont également élevés. Les commerçants eux-mêmes en sont conscients. «Le poulet se vend à 7.450dt le kilo et l'escalope à 10d990 ». Plusieurs consommateurs ont fait savoir qu'ils n'arrivent pas à acheter certains produits tels que l'huile d'olive, la viande rouge, les poissons, les dattes, les légumes et certains fruits, soulignant qu'en raison de la cherté de la vie, la classe moyenne a rejoint désormais la catégorie des personnes à faible revenu… Les agents du contrôle économique, relevant de la direction du commerce du Grand-Tunis, ont effectué une visite d'inspection afin de contrôler la salubrité et l'hygiène des locaux, ainsi que la qualité. Un vendeur de fruits et légumes souligne : «Notre filière est soumise à un contrôle strict». Les agents ont contrôlé également la qualité des matières premières, les conditions de conservation et de stockage des produits dans les locaux ainsi que l'affichage des prix et les instruments de pesage. Des infractions ont été relevées dans ce domaine. Le directeur général du commerce de Tunis, Yasser Ben Khelifa, a indiqué que l'équipe économique a relevé que depuis le début du mois de janvier jusqu'au 17 février, plus de 795 infractions économiques ont été constatées. Des procès-verbaux ont été rédigés à l'encontre des contrevenants pour hausse illicite des prix, vente de produits impropres à la consommation et non-respect des conditions d'hygiène et de stockage des légumes et des fruits. La tournée s'est ensuite poursuivie dans un mall d'un quartier huppé de la capitale. Les agents de la brigade économique ont inspecté plusieurs boutiques de prêt-à-porter afin de relever d'éventuelles infractions. L'objectif étant de contrecarrer les abus et de saisir les articles issus de la contrefaçon. Au cours de cette ronde d'inspection, les agents de contrôle ont saisi 20 robes de soirée, des sous- vêtements, des manteaux…Des décisions de fermeture ont été finalement prises pour 16 boutiques alors que plus de 49 infractions ont été relevées le mois dernier au cours de la période des soldes.