La Fédération générale de la santé menace de ne pas se contenter de la grève du 12 mars, mais d'engager d'autres actions syndicales d'escalade d'ici cette date Personne ne pourra dire qu'il a été pris au dépourvu quand la Fédération de la santé a décidé d'entrer en grève générale mardi 12 mars 2019 dans tout le secteur de la santé publique ! La décision a été prise lors de la réunion fatidique de vendredi dernier. Cela explique certainement la promptitude de la fédération à brûler les étapes, mais pas seulement. Selon Abdelfattah Ayari, SG de la Fédération générale de la santé relevant de l'Ugtt, les agents de la santé ont été déçus par la légèreté avec laquelle ils ont été traités, leur exigence de faire participer les représentants du ministère des Finances à la réunion qui devait se tenir vendredi avec le syndicat a été purement et simplement ignorée. Un mois de perdu Un manque de considération que la fédération estime aggravé par les atermoiements et les hésitations maladroites de la tutelle, comme le dit clairement son SG Abdelfettah Ayari : ‘'La réunion de vendredi devait se tenir depuis un mois et nous avions espéré que tout ce temps permettrait à la tutelle de préparer ses réponses au sujet des promotions des cadres administratifs, des paramédicaux et des agents et de concevoir les décrets convenables.'' Un mois de perdu, si l'on ose dire, aucun rapprochement n'a émergé et seules les fausses notes ont émané de la tutelle qui s'est bornée à annoncer qu'elle se proposait de lancer ses propres négociations avec la présidence du gouvernement. Et c'est le ras-le-bol de la Fédération qui stoppe la réunion de négociation tout net. Il ne fallait donc pas s'étonner que Ayari soit dans tous ses états et de clâmer que toutes les mesures nécessaires seront prises afin de sauver le secteur de la santé et de menacer que la Fédération ne s'arrêtera pas à la grève du 12 mars mais qu'elle engagera d'autres actions syndicales d'escalade d'ici cette date. De déception en déception D'après Ayari, la fédération est allée de déception en déception alors qu'elle s'attendait à des accords concernant une promotion exceptionnelle des cadres administratifs et paramédicaux. Elle espérait également la mise en œuvre d'accords pour le soutien des hôpitaux publics. Elle comptait également être entendue sur des questions comme la publication au Jort de la décision relative aux agents de soutien qui aident les patients à accéder aux services sanitaires. Elle souhaitait aussi obtenir une prime de motivation pour les cadres paramédicaux. La Fédération attendait également le soutien de l'autorité de tutelle dans son appel à présenter la loi n°24 à l'ARP et à retirer l'article 2 du statut général de la fonction publique. Elle voulait des primes spécifiques pour tous les agents, la révision de la grille salariale pour les dimanches et les jours fériés… Tout cela vient de tomber à l'eau. Ce n'est pas la première fois que le dialogue de sourds jalonne la relation entre les syndicalistes de la santé et la tutelle. Il y a une année, les syndicalistes ne disaient-ils pas la même chose à propos des hésitations du ministère de la Santé avant d'entrer en grève en avril 2017 ? N'appelaient-ils pas alors à la nécessité de préserver les établissements hospitaliers publics et de mettre fin aux problèmes financiers et administratifs dont souffre le système de santé public ? Que personne ne s'étonne donc plus de ce que de plus en plus de médecins quittent la Tunisie, comme en avertissait le SG de l'Ugtt Noureddine Taboubi, qui avait affirmé il y a juste quelques mois (en juillet 2018) que depuis le début de l'année 2018, 630 médecins ont quitté le pays, que 914 autres le quitteront en 2019, et que d'ici 2022, ce sera près de 2.700 médecins.