Les médecins et les cadres paramédicaux de l'hôpital universitaire de la Rabta ont porté, mardi 29 novembre, le brassard rouge «en signe de protestation contre la dégradation alarmante de la situation dans cet hôpital public, vieux de quelques 120 ans, à tous les points de vue, mettant en danger réel la vie des malades, selon le syndicat de base de la Rabta, relevant de la fédération de la santé au sein de l'UGTT, et le syndicat de base de la Rabta des médecins, dentistes et pharmaciens hospitalo-universitaires qui ont appelé à ce mouvement de protestation. Lors d'un point de presse tenu, à cette occasion, à l'hôpital de la Rabta, le secrétaire général du syndicat de base, Abdelfattah Ayari, et la représentante du syndicat de base de la Rabta des médecins, dentistes et pharmaciens hospitalo-universitaires, Habiba Mizouni, ont annoncé l'organisation d'autres actions de protestation, dans la période à venir, dont une marche à partir de l'hôpital vers le ministère de la Santé publique et autres formes de protestation, y compris des grèves et des arrêts de travail. Ils ont rejeté la responsabilité de cette dégradation de la situation sur l'autorité de tutelle, rappelant que conformément au communiqué publié à l'issue de la dernière réunion de la commission administrative de l'UGTT, il a été décidé de déposer une plainte auprès des juridictions compétentes contre la ministre de tutelle en vue d'annuler son arrêté du 18 octobre 2016, modifiant l'arrêté du 17 décembre 2013 qui fixe les normes et indices de besoins en équipements matériels lourds, comme les scanners et les IRM. Le nouvel arrêté, ont-ils estimé, a libéralisé largement l'acquisition de pareils équipements lourds, ce qui risque de déséquilibrer l'offre et la demande dans ce domaine au détriment des hôpitaux publics. A cet égard, ils ont indiqué que l'hôpital universitaire de la Rabta, réputé pour être l'hôpital public du peuple et des couches économiquement faibles de Tunis et de l'intérieur du pays, se trouve en grandes difficultés financières occasionnant de sérieux manques d'approvisionnement avec de graves perturbations de l'activité sanitaire: des opérations annulées du fait de l'absence de consommables, de bilans non réalisés du fait de l'absence de réactifs... «La somme que doit à ce jour la CNAM à l'hôpital de la Rabta se chiffre en milliards, autant de manque dans les recettes et de déficit du bilan financier et de matériels et consommables non pourvus, ont ajouté les deux responsables syndicaux qui ont dénoncé l'inertie de l'autorité de tutelle face à cette agonie de l'hôpital et des autres CHU, à cause de ce qu'ils ont appelé «une marginalisation délibérée du secteur public de la santé au profit du secteur privé. En effet ont-ils dit, au moment où les revenus de la CNAM proviennent majoritairement des fonctionnaires et des agents de l'Etat et des collectivités publiques, les remboursements vont à hauteur de 80% aux cliniques privées et au secteur privé en général. Aussi, la continuité des soins se trouve en péril dans la plupart des établissements hospitaliers publics, ont-ils souligné. Ce point de presse a été présenté comme un cri d'alarme adressé aux citoyens et à l'opinion publique pour les informer que les médecins et les cadres paramédicaux ne sont pas responsables des insuffisances des prestations dans le secteur public de santé, mais qu'au contraire, ils n'aspirent qu'à fournir aux malades les meilleures prestations avec la qualité et la diligence requises.