La Tunisie dispose de plus de 10 millions d'ha de terres agricoles dont la moitié est occupée par l'arboriculture. La céréaliculture se positionne en second lieu, occupant 36% de la superficie agricole. Cette ressource sol, déjà limitée, est en perdition continue à cause de l'érosion, la salinité et l'urbanisation. L'Institut tunisien des études stratégiques (Ites) indique dans une étude qu'il vient de publier sur la sécurité alimentaire d'ici 2050, que parmi «les problèmes les plus récurrents de la Tunisie, c'est subvenir aux besoins alimentaires de la population sans cesse croissante et exigeante. La sécurité alimentaire du pays assurée principalement par les céréales, base de l'alimentation, se trouve menacée d'une part à cause de la complexité des enjeux internationaux ( disponibilité et fluctuation des prix, changement climatique, etc.) que de contraintes nationales (faiblesse et fluctuation de la production, augmentation du coût de production, dévaluation du dinar.)». D'où l'impérative nécessité de mettre en œuvre une stratégie nationale céréalière visant à préserver la sécurité alimentaire d'ici 2050. Selon la même source, et outre les contraintes internationales, la Tunisie fait face à un contexte national caractérisé par une importance économique indéniable de la céréaliculture aussi bien pour la consommation humaine (blé dur et blé tendre) qu'animal (triticale et orge). Contraintes En outre, la balance commerciale agricole est déficitaire avec un taux de couverture en baisse, ce qui a engendré une forte dépendance des importations pour les céréales et les aliments de bétail. A cela s'ajoute la rareté des ressources en sols et en eau. En effet, «la Tunisie dispose de plus de 10 millions de ha de terres agricoles dont la moitié est occupée par l'arboriculture. La céréaliculture se positionne en second lieu occupant 36% de la superficie agricole. Cette ressource sol, déjà limitée, est en perdition continue à cause de l'érosion, la salinité et l'urbanisation». De même, les plaines céréalières depuis des années sont aussi en perdition continue, remplacées par les plantations oléicoles. Outre la limitation des ressources en sols, celles des eaux sont aussi rares, «fortement exploitées et le plus souvent affectées par la salinité touchant environ 1,5 million de ha (soit 25% des sols cultivés) et la pollution. Environ 50% des sols irrigués sont affectés par la salinité». Ces contraintes constituent un problème pour la production des céréales Par ailleurs, le secteur agricole souffre d'une faible compétitivité par rapport à d'autres secteurs économiques. «L'augmentation sans cesse croissante des prix des intrants ( semences, fertilisants, produits phytosanitaires...), de la main-d'œuvre de plus en plus rare, et des prix des marchés non prévisibles et fluctuants, sont à l'origine du désarroi des petits agriculteurs. Aussi et depuis des années, le secteur céréalier souffre d'une concurrence des nouvelles plantations d'oliviers essentiellement dans les zones fertiles du pays», précise-t-on. D'après les statistiques, la Tunisie consomme en moyenne 210 kg de céréales par habitant et par an. Cette consommation représente 16% des dépenses alimentaires du Tunisien pouvant aller jusqu'à 30% pour la population à faibles revenus. Les données montrent que la demande moyenne totale de céréale de 2,5 millions de tonnes en 2010 atteindra 5,4 millions de tonnes en 2050. «Plus inquiétant, 54% de nos besoins en céréales sont importés dont 32% sous forme de blé dur et 81% sous forme de blé tendre. Cette situation de forte dépendance aux importations céréalières, qui s'accentue d'une année à l'autre, impose une lourde pression au budget de l'Etat ( achat et subvention) avec des prix internationaux sans cesse fluctuants». Situation qui s'est aggravée avec la dévaluation continue du dinar. D'un autre côté, l'étude montre que la production céréalière ne couvre qu'environ 60 à 70% pour le blé dur et 53% pour l'orge, bien que le tiers de la surface agricole soit réservé aux céréales. Axes stratégiques L'Ites propose dans cette étude des axes stratégiques visant la pérennité et la durabilité de la production agricole principalement pour le secteur céréalier. Ces axes sont à même à assurer la sécurité alimentaire d'ici 2050. Le premier axe consiste en l'élaboration d'une étude sur la sécurité alimentaire qui renferme une analyse du niveau actuel de sécurité alimentaire en Tunisie, la conception d'une base de données regroupant toutes les études techniques et économiques relatives aux différentes filières dont celle des céréales, la détermination de seuils de dépendance céréalière selon des études approfondies. Les deuxième et troisième axes concernent l'amélioration de la production céréalière (mobilisation des ressources en eaux et en sols et optimisation de ces ressources pour l'irrigation) et l'incitation socioéconomique pour la céréaliculture en réduisant les contraintes structurelles, révisant la politique de subvention à la consommation des céréales, etc.