Par le Pr Mohamed FRIOUI (Faculté des Sciences économiques et de gestion de Tunis) L'entreprise, quelle que soit l'activité, se doit d'être «vivante dans l'avenir». Ce constat implique un mouvement continu de la part de l'entreprise. En effet, l'entrepreneur, ou le dirigeant qui préside à la destinée de cette entité de production de bien ou de service, se trouve constamment stressé pour assurer la performance, la viabilité ou au moins la pérennité dans cette période de globalisation et d'ouverture des marchés. Le manager se trouve tiraillé entre plusieurs dilemmes. La viabilité de l'entreprise suppose l'existence d'un marché qui accepte ses produits ou ses services, des ressources suffisantes pour fabriquer des produits satisfaisant les exigences des normes ISO et une organisation suffisamment flexible pour assurer la coordination entre le marché et les ressources. Sur quel axe de viabilité le manager doit-il centrer son action? La globalisation valorise la contribution des entreprises à travers la compétitivité qui elle-même suppose la coordination entre le prix, la qualité et le délai. L'entreprise se trouve contrainte à développer sa compétitivité pour assurer sa performance, voire sa pérennité. Pour relever le défi de la compétitivité, l'entreprise se trouve être amenée à choisir : - La composition du portefeuille d'activité qui lui assure sa rentabilité. Elle devrait, par conséquent, trancher entre la différenciation du produit ou sa standardisation d'un côté et adopter une politique offensive pour conquérir de nouveaux marchés ou encore une politique défensive pour préserver son marché de rayonnement. - La technique de production la plus convenable alliant les ressources physiques, humaines et financières et le degré d'avancement de la technologie. Le comportement devrait favoriser la formation et le recyclage du personnel valorisant ainsi l'apprentissage organisationnel générateur de productivité et la recherche-développement qui peut déboucher sur la rénovation, voire l'innovation. - Le côté institutionnel, garder sa propre identité, unité de pouvoir de direction et autonomie décisionnelle ou encore chercher à s'intégrer dans un groupe, dans un réseau à vocation internationale ou encore appartenir à une filière. - Le mode de management le plus approprié qui devrait tenir compte de l'intérêt des différentes parties prenantes (stakeholders) créancières de la pérennité, voire de la performance de l'entreprise. L'entreprise du futur se trouve donc suffisamment ancrée dans ses acquis pour les valoriser et convenablement ouverte sur l'avenir pour assurer sa performance, voire sa viabilité. Elle doit donc suivre l'évolution des marchés, des technologies, des formations, des recherches, donc avoir une cellule de veille qui lui fournit les informations utiles au temps opportun. Le comportement idéal serait de voir le management de l'entreprise ouvert : - Aux changements qui affectent les différents domaines techniques, commerciaux, économiques et financiers. - A l'écoute du client pour répondre constamment à ses exigences. - Au respect des impératifs de la qualité de la vie de manière générale en composant avec la nature (écologie dans toutes ses dimensions), avec le développement durable pour préserver le droit des générations futures. - Au système de gouvernance ralliant les intérêts en présence. Ainsi l'entreprise du futur devrait être intégrée dans le cadre institutionnel (marché, contexte légal et référentiel sociologique) et centrée sur son système de gestion (éthique, mode de fonctionnement et procédure de régulation), ce qui conditionnerait la veille continue, gage de pérennité.