Le diabète est une maladie en nette évolution dans le monde y compris en Tunisie. Même si elle reste lourde à gérer, cette maladie peut ne pas être grave si le patient est discipliné. En Tunisie, il est triste de constater que le diabète est toujours en augmentation. Actuellement il touche 10% de la population et les choses iront en s'aggravant d'ici quelques années si nous n'observons pas certaines règles très simples à suivre et que nous ne sommes pas «Tous unis contre le diabète». Et pour l'être avec le maximum possible de réussite, il faut une information beaucoup plus large et claire, qui ne traite pas la maladie comme une "psychose" mais comme un phénomène lié à des facteurs objectifs. Ainsi qu' une sensibilisation surtout en ce qui concerne la prise en charge de la maladie par son porteur et son entourage. Sucre, graisse et vieillissement Le diabète affecte un nombre de plus en plus croissant de Tunisiens et contribue à l'explosion d'autres pathologies: cardio-vasculaires, rétinopathies et insuffisance rénale. La prévalence est supérieure à celle d'autres pays arabes (8,1% au Maroc et 9,3 % en Egypte) et des pays développés sont aujourd'hui au-dessous de cette moyenne: 8,7% aux USA, 6,1% en Espagne, 2,6% en France, etc. Les diabétologues estiment qu'il n'est pas surprenant de constater une aggravation de la situation concernant des maladies comme le diabète quand on observe le développement des facteurs favorisant leur expansion. Outre l'alimentation de plus en plus riche en sucre ( biscuits, gateaux, et toutes formes de boissons) et en graisse (pizza, fast-food) , qui conduit souvent à une prise de poids jusqu' à un accroissement du risque de diabète, les diabétologues mettent, également, en cause le phénomène du vieillissement de la population en Tunisie. De plus, une minorité (2,7%) des Tunisiens d'âge moyen font des exercices physiques. En Tunisie comme dans la plupart des pays du monde, des maladies corollaires de la standardisation des mauvaises habitudes culinaires sont devenues de véritables problèmes de santé publique. Ces dernières années, des mutations sociales ont hélas donné lieu à un accroissement rapide de nouvelles pathologies comme le diabète, les maladies cardiovasculaires et l'hypertension artérielle. Les spécialistes de la santé s'inquiètent surtout de l'augmentation du taux d'obésité chez les enfants et chez les personnes d'âge moyen, surtout les femmes. On parle désormais de « diabésité". L'Institut national de nutrition affirme que la moitié des femmes tunisiennes souffrent de surcharge pondérale et qu'une femme sur quatre souffre d'obésité. Le taux global de l'obésité chez les enfants, que plusieurs parents allient à une "bonne santé", a triplé au cours des deux dernières décennies. Cette obésité, résultat d'une alimentation déséquilibrée, entraîne des maladies, telles que le diabète et l'hypertension artérielle, qui, à leur tour, sont des facteurs favorisant les problèmes cardiaques, rénaux et les cancers. Le dépistage, un enjeu capital Le dépistage est donc un enjeu capital. En effet, la forme la plus répandue de la maladie est le diabète de type 2. C'est une maladie silencieuse, trop souvent ignorée. Souvent dépistée tardivement parce que sans symptôme apparent, les complications de cette affection peuvent être dramatiques (risque de cécité, problèmes cardiaques, amputation...). Autant dire que le dépistage régulier de notre taux de sucre dans le sang (la glycémie) est nécessaire pour préserver la vie. La Tunisie a œuvré en faveur de l'ancrage du comportement préventif en vue de limiter la propagation du diabète à travers la mise sur pied d'un programme national d'assistance en premières lignes, aux diabétiques et aux hypertendus. Ce programme vise la garantie du suivi permanent des cas, afin d'éviter leur évolution, et la sensibilisation des patients à l'importance de suivre un mode de vie sain. La stratégie est, en outre, basée sur la formation des médecins de premières lignes, dans les domaines de la prévention, du suivi et de l'éducation. La prise en charge doit être triple : médicale, psychologique et familiale. En faisant participer la famille, en l'éduquant et en faisant intervenir la société civile et les médias, le diabète peut être beaucoup mieux géré. Les études récentes ont montré que plus on équilibre tôt un diabète, plus se crée une ‘mémoire du diabète', qui sera positive pour le reste de la prise en charge. Mais certaines choses ne peuvent pas être faites à la place du malade, en particulier l'auto-surveillance. Les spécialistes insistent sur cette dernière : plus les patients considèrent qu'ils ont un rôle actif dans la prise en charge quotidienne de leur diabète, plus leur contrôle métabolique est meilleur. Voilà un ciblage efficace de la maladie.