L'imprimerie chinoise à caractères mobiles en bois, la technique des cloisons étanches des jonques chinoises, le meshrep en Chine ou encore le chant Ojkanje en Croatie sont les quatre éléments qui pourraient être inscrits cette année sur la Liste du patrimoine immatériel nécessitant une sauvegarde urgente de l'Unesco. Le carnaval d'Alost en Belgique, l'opéra de Pékin, le flamenco, le système normatif Wayuu en Colombie, les savoir-faire traditionnels du tissage des tapis à Kashan en Iran ou la fauconnerie, présentée par onze pays, figurent quant à eux parmi les quarante-sept éléments présentés à la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l'humanité. Un Comité intergouvernemental décidera d'inscrire ou pas ces éléments sur ces deux listes au cours de sa réunion, prévue à Nairobi du 15 au 19 novembre. La Liste du patrimoine culturel immatériel nécessitant une sauvegarde urgente dresse l'état des lieux de ces éléments culturels dont la viabilité est en péril malgré les efforts des communautés ou groupes qui les pratiquent. Pour obtenir l'inscription sur cette liste, les Etats doivent en particulier s'engager à lancer des plans de sauvegarde spécifiques. Ils ont également la possibilité de bénéficier d'une assistance financière en provenance d'un fonds géré par l'Unesco. Lors de la réunion de Nairobi, le comité examinera quatre candidatures à l'inscription sur cette Liste en provenance de deux Etats, la Chine et la Croatie. La Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l'humanité, qui compte déjà 166 éléments issus de 77 pays, dont la place El Fna à Marrakech, le Maqâm irakien, le haïku japonais ou les œuvres des poètes oraux russes, sera enrichie de nouveaux éléments. A cette occasion, le comité examinera 47 candidatures issues de 31 pays. Pour être inscrits, les éléments doivent répondre à une série de critères, souligne l'Unesco : «Contribuer à faire connaître le patrimoine culturel immatériel et favoriser la prise de conscience de son importance. Les candidats à l'inscription doivent aussi justifier des mesures de sauvegarde prises pour assurer leur viabilité». Tous les éléments inscrits au titre de l'une ou l'autre des listes doivent, selon l'organisation onusienne, se conformer à la définition du «patrimoine culturel immatériel» figurant dans la Convention pour la sauvegarde du patrimoine immatériel. Ils doivent en outre figurer dans un inventaire et avoir été proposés par les Etats «au terme de la participation la plus large possible des communautés qui les pratiquent, avec leur consentement préalable, libre et informé». Adoptée en 2003 et ratifiée par 132 Etats, cette Convention préconise la sauvegarde des traditions et expressions orales, des arts du spectacle, des pratiques sociales, rituels et événements festifs, des gestes, des connaissances et pratiques concernant la nature et l'univers, ou encore les savoir-faire liés aux cuisines du terroir, à l'architecture et à l'artisanat traditionnels. On considère en effet qu'ils constituent un patrimoine vivant qui, transmis de génération en génération, procure aux communautés et aux groupes un sentiment d'identité et de continuité que l'on estime essentiel pour le respect de la diversité culturelle et de la créativité humaine. La Tunisie regorge de ces «trésors vivants», qui pourraient enrichir la liste du patrimoine immatériel et jeter la lumière sur des éléments de notre héritage méritant plus de protection, de valorisation et d'étude. De l'architecture vernaculaire djerbienne à la poterie de terre de Guellala qui remonte à l'époque punique. De la pêche traditionnelle des îles Kerkennah à la cuisine andalouse de Testour et au couscous tunisien à nul autre pareil et qui s'internationalise de jour en jour… nos spécificités culturelles possèdent tous les atouts pour faire partie du patrimoine universel de l'humanité.