L'Union pour la Méditerranée devait prendre le relais du processus de Barcelone et réactualiser le partenariat euro-méditerranéen, qu'il n'a pas pu mettre en œuvre. Cependant, elle n'a pas réussi à s'inscrire dans les faits, comme institution réappropriée par les populations, de part et d'autre de la Méditerranée. Pouvait-il en être autrement, alors qu'elle a réduit ses objectifs à la réalisation de projets certes pertinents mais restreints. De ce fait, elle a perdu le pari de construire un projet commun d'intégration économique. Occultant son discours générique, Barcelone 1995 n'avait pas tenté d'identifier une stratégie de croissance partagée, répondant aux attentes du Sud, relatives au développement et à l'emploi. Privilégiant les vues restrictives de l'Union européenne, l'UPM opta pour ‘‘une union de projets'' au lieu d'identifier ‘‘des projets d'union''. Cette redimension significative des enjeux constitua le talon d'Achille de la nouvelle-vieille institution. L'absence de fonds constitua le nœud gordien de l'UPM. En l'état actuel des choses, nous sommes en présence d'une institution, sans ambition et sans moyens, qui n'a pas pu mettre sur pied son équipe dirigeante, définir ses mécanismes de fonctionnement et disposer de son budget. Comment, d'autre part, concilier l'UPM avec les accords d'association et la politique de voisinage, qui ont privilégié les relations bilatérales ? Fait d'évidence, le rejet du processus de paix ne pouvait permettre de réunir un sommet de partenariat dans une conjoncture de tensions, de poursuite de la colonisation, de surenchère guerrière. L'existence de relations normales constitue la condition sine qua non du fonctionnement d'une structure de coopération. L'accord d'Oslo a créé l'environnement favorable à l'établissement du partenariat de Barcelone. La montée des périls actuels au Moyen-Orient entrave l'Union pour la Méditerranée. Prenons la juste mesure de cette situation. Problème qu'il ne faut pas occulter, le partenariat doit faire valoir la compréhension mutuelle, rapprocher les points de vue, identifier des projets de traitement des différends et en priorité, ceux qui concernent l'aire. Les acteurs européens doivent ainsi se rendre compte qu'il est urgent d'intervenir pour assainir la situation dans l'aire et imposer la paix idéale. Ils devraient, par ailleurs, conditionner leurs relations par l'exécution des motions onusiennes. Un retour aux normes de la culture de la paix et du Droit créerait un environnement favorable à l'établissement de rapports de partenariat et de coopération égalitaires. Cette conjoncture d'attente pourrait être utilisée pour susciter des concertations en vue d'un réexamen et des objectifs et des structures de l'institution. Tout en veillant à assurer le rééquilibrage régulier entre les acteurs et peut-être les restructurations suivies qu'exigerait l'évolution de la conjoncture, les partenaires doivent prendre en compte la nécessité d'une relance plus ambitieuse de la stratégie euro-méditerranéenne. Pour répondre aux attentes des populations, il faut ‘‘penser global et agir collectivement''. Une telle approche nécessiterait de conjuguer les vues du Nord et du Sud et de réviser les relations asymétriques pour construire un véritable partenariat. En attendant, le développement du dialogue 5+5 permettrait de compenser le non fonctionnement d'une UPM virtuelle, ‘‘une coquille vide'', selon ses détracteurs. Ne serait-il pas utile, dans ces conditions, de privilégier, comme première étape, le développement des relations euromaghrébines ?