LISBONNE (Reuters) — L'Otan est prête à entamer le transfert de la sécurité en Afghanistan aux forces afghanes l'an prochain, avec pour but un retrait de la plupart des troupes étrangères d'ici 2014, ont dit hier les dirigeants américains. Cet objectif devrait être formalisé par les chefs d'Etat et de gouvernement de l'Alliance atlantique lors d'un sommet de deux jours qui s'ouvre vendredi prochain à Lisbonne, en dépit des doutes exprimés ces dernières semaines au sein de l'Otan et de l'administration américaine. "Nous nous mettrons d'accord demain pour débuter l'année prochaine la transition de la sécurité afghane avec l'intention et l'objectif de confier cette sécurité au gouvernement et au peuple afghans en 2014", a dit la secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton quelques heures avant l'ouverture du sommet. "Nous reconnaissons et respectons la souveraineté du peuple afghan et du gouvernement et nous travaillons en coopération étroite", a-t-elle dit, tout en soulignant que ce calendrier avait été suggéré par le Président afghan Hamid Karzaï lui-même et que les alliés maintiendraient leur engagements civils. Ce dernier participera d'ailleurs au sommet de l'Alliance et aura des discussions bilatérales avec Barack Obama samedi. Le Président américain a lui aussi confirmé que la réduction du contingent de son pays débuterait en juillet 2011, et il a appuyé le principe d'une réconciliation avec les talibans. "Les Etats-Unis et nos alliés de l'Otan soutiennent fortement un processus visant à réintégrer au sein de la société les talibans qui sont d'accord sur quelques points: abandonner la violence, rompre leurs liens avec Al Qaïda et accepter la Constitution afghane", a-t-il dit au journal espagnol El Pais. "Ceci commence par un dialogue avec les insurgés qui doit être mené par les Afghans eux-mêmes", a-t-il ajouté. Si cette stratégie sera formalisée lors du sommet de Lisbonne, des doutes demeurent au Pentagone et à l'Otan sur la capacité des forces afghanes à assumer la responsabilité de la sécurité nationale d'ici cette date. La France estime par exemple que ce processus de transition ne doit pas être contraint par un calendrier. "Cela doit être fonction de l'évaluation des progrès réalisés sur le terrain, district par district, province par province", dit-on à l'Elysée. Le haut représentant civil de l'Otan en Afghanistan, Mark Sedwill, a estimé que la force des insurgés dans plusieurs régions pourrait différer la date de transfert des responsabilités en matière de sécurité. De son côté, le Pentagone a jugé que la date de 2014 était "une aspiration" et pourrait ne pas se matérialiser sur l'ensemble du territoire afghan. "Il s'agit de la fin de 2014, donc en réalité c'est d'ici 2015 (...) même si notre volonté est d'avoir les forces de sécurité afghanes en première ligne dans la plupart du pays, une prépondérance des forces de sécurité afghanes dans le pays, ce qui ne veut pas dire que ce sera le cas dans l'ensemble du pays", a déclaré le porte-parole du Pentagone Acteur militaire global Après dix ans passés en Afghanistan, où la situation sur le terrain reste difficile, les Etats-Unis cherchent une voie de sortie afin de ne pas répéter l'expérience du Vietnam dans les années 1970. L'objectif des alliés n'est donc plus de défaire les talibans mais plutôt de trouver une solution politique au conflit, une tâche rendue difficile par le refus des insurgés d'entrer dans ce processus avant un retrait militaire complet, les nombreuses désertions dans les forces de sécurité afghanes et la corruption et la faiblesse du gouvernement d'Hamid Karzaï. Ceci ne devrait pas empêcher les dirigeants de l'Otan de réaffirmer leur volonté de demeurer un acteur militaire global, dans le cadre du concept stratégique de l'Alliance pour la prochaine décennie. Ils devraient en outre s'entendre sur un système de défense antimissile et renforcer leur coopération avec la Russie, dont le Président Dmitri Medvedev se joindra au sommet samedi.