A l'opposé du président de la FTF, l'ex-sélectionneur national estime indispensable la participation de l'équipe de Tunisie à la CAN 2012 Malgré les efforts consentis, notre équipe nationale de football n'arrive pas à décoller. A quoi cela est-il dû ? Depuis 2006, nous nous trouvons dans une période de transition. Nous avons connu quatre à cinq bureaux fédéraux. Au niveau du staff technique et de l'effectif, les choses ne sont guère plus stables. Cette instabilité dans la gestion de la sélection est préjudiciable à l'épanouissement de notre football. Justement, on a élu un nouveau bureau fédéral pour faire repartir la sélection du bon pied ! Aujourd'hui, le bureau fédéral et l'entraîneur sont en train de découvrir l'EN et ses problèmes. Il n'est pas facile de la gérer. Les choix sont déterminants. On a choisi un entraîneur, en l'occurrence Bertrand Marchand, qui connaît le pays parce qu'il a présidé aux destinées du CA et de l'ESS pendant trois ans. Soit ! On ne doute pas des compétences du technicien français, mais l'EN c'est beaucoup plus que cela, la connaissance du football tunisien exige plus de temps et donc d'expérience au niveau des mentalités, des problèmes réels. Sur un autre plan, on peut contester la convocation de joueurs qui reviennent de blessure et qui ne sont pas encore à leur meilleur niveau ou encore des joueurs qui ne faisaient plus partie de l'EN depuis des années maintenant et qui se retrouvent titulaires d'un coup. On constate malheureusement, que l'on convoque des joueurs suivant le match à disputer. On ne peut changer comme ça en permanence une formation, au niveau de presque tous les compartiments de jeu. Certes, il y a eu des blessures entre-temps, notamment contre le Botswana, mais un groupe ne peut dépendre d'un ou de deux joueurs. Le Botswana ou le Malawi ont progressé, certes. Et nous ? Une équipe suppose que l'on ait une ossature solide autour de laquelle on construit l'avenir. Et tôt ou tard, c'est-à-dire à moyen ou à long terme, on est sûr de progresser. Rien ne vaut la continuité ! Seulement, il faudrait quelqu'un qui ait le profil de la situation. L'EN se trouve, aujourd'hui, dans une situation difficile. Pensez-vous que l'on doive sacrifier la CAN 2012 au profit du CHAN ? L'EN ne convainc pas, on en est conscient. Mais la solution ne réside certainement pas dans le fait de sacrifier la CAN 2012. Personnellement, je pense que ce n'est pas dans notre intérêt. D'abord, parce que nous pouvons encore nous qualifier pour la prochaine coupe d'Afrique, il suffit d'y croire. Je préfère une participation médiocre en Coupe d'Afrique des nations plutôt que de réussir le CHAN. Le niveau de la CAN est beaucoup plus élevé et c'est là que l'on pourra corriger nos erreurs et apprendre. L'essentiel est de participer. Le CHAN est une sorte de sport d'animation en quelque sorte. Ce n'est pas dans ce championnat que l'on pourra se distinguer. Ce qui serait intéressant c'est de faire jouer quelques espoirs afin qu'ils puissent se frotter à un niveau international, des joueurs d'avenir ciblés. En somme, on n'a pas le droit de sacrifier la CAN 2012. On n'évoluera pas avec le CHAN ou l'Unaf… Il n'y a pas de comparaison possible entre CHAN et CAN ou Coupe du monde. Alors, quelles solutions préconisez-vous ? Il faut relancer le football au niveau des clubs. Seulement, les clubs vivent sous pression, ils ont la contrainte du résultat immédiat. Il n'empêche que notre salut doit passer obligatoirement par là. Les équipes de la Ligue 1 professionnelle possèdent de grands noms, mais manquent terriblement de foot-formation. Il faudrait former des joueurs. Des projets de joueurs sont nécessaires si l'on veut voir notre football redécoller. Un joueur ne doit pas brûler les étapes. Il faut gravir les paliers un à un. Nous avons, en football, des joueurs de palier 1, nouveaux, de palier 2, ceux qui ne peuvent pas faire la différence et enfin de palier 3, des talents qui peuvent changer le cours d'un match, c'est-à-dire qui peuvent faire la différence. C'est ce à quoi il faut s'atteler au niveau de nos clubs. Et quand on sait que l'on peut dénicher un bon élément par-ci ou par-là évoluant à l'étranger, on peut bâtir une équipe compétitive. Malheureusement, nous possédons ou du moins nous voyons jouer, d'une manière générale, des joueurs de palier 1. Ce n'est pas alarmant, on peut passer par une période difficile car il y a des cycles de restructuration.