La diversification du paysage médiatique, mais aussi la qualité des contenus en général, et en particulier ceux offerts par les programmes de la télévision, qu'elle soit nationale ou privée : c'est cela essentiellement qui a concentré les remarques croisées de la part des députés avant-hier après-midi et hier matin, lors des débats budgétaires au cours desquels on a abordé diverses questions liées au secteur de la communication. La question de la qualité des contenus a fait l'objet de critiques pour les raisons suivantes. En premier lieu, on reproche à la presse de consacrer une trop large part de ses titres et de ses colonnes à des histoires de mœurs et des faits divers macabres qui défigurent la réalité de la société tunisienne et qui en donnent une image faussée. Une tendance à laquelle les chaînes de télévision ne sont toutefois pas étrangères, à travers certains feuilletons qui ont été épinglés. C'est ce que fait par exemple la députée Saïda Nasfi Bouabdallah (RCD), qui déplore que l'on s'appuie sur des phénomènes très marginaux pour refléter à l'étranger une image de notre pays qui n'est pas fidèle à la vérité. Cette critique est relayée par d'autres, comme les députés Brahim Hfaïdhiya (UDU) ou Kouni Chandoul (RCD), qui n'épargne pas les spots publicitaires : en famille, fait-il valoir, certains suscitent la gêne et obligent à zapper. Liberté d'expression et pluralisme En second lieu, les débats télévisés ne font pas suffisamment preuve d'équité et donnent lieu parfois à des dérapages, surtout dans le domaine des émissions sportives. Le député Hichem El Hajji (PUP) appelle à la mise en place d'un cahier des charges pour les nouvelles chaînes, afin de contenir ce qu'il considère comme une dérive dans la gestion des débats et c'est aussi l'avis de Zohra M'hirsi (RCD), qui appelle au calme. Ce qui concerne en réalité aussi bien les chaînes de télévisions que les radios, en particulier celles du secteur privé. Autres reproches faits aux débats présentés par la télévision : d'abord le fait qu'il n'y en ait pas assez et ensuite qu'ils ne font pas toujours justice à l'exigence de diversité dans le profil politique des intervenants. Le député Boujemaâ Yahyaoui (PSL) est ainsi de ceux qui souhaitent une présence renforcée de représentants des partis d'opposition dans ce genre de débats. C'est aussi le cas de Mohamed Fadhel Mouelhi (RCD), de Faten Charkaoui (Verts) ou de Raoudha Saybi (PSL), laquelle fait le constat d'un déficit critique et fait aussi remarquer que ce déficit n'a pas un impact positif sur l'image du pays à l'étranger. Notons toutefois que ce point de vue n'est pas partagé par tous les députés, dont beaucoup se félicitent au contraire du caractère ouvert des débats auxquels le téléspectateur est invité à assister et qui insistent sur l'évolution récente du paysage médiatique, grâce en particulier à la présence de débats ouverts et sérieux sur des questions de fonds qui touchent la société tunisienne. Les décisions présidentielles qui visent à renforcer le pluralisme et la liberté d'expression ont été salués dans la suite des débats, ainsi que les décisions qui visent à soutenir la presse des partis d'opposition : presse au sujet de laquelle une députée fait cependant remarquer qu'elle connaît encore un problème au niveau de ses conditions de distribution. En troisième lieu, on déplore que sur certaines chaînes, le traitement de l'actualité soit tel qu'il devient difficile d'empêcher le téléspectateur de migrer vers d'autres chaînes. Le député Mohsen Ouni (PSL) se fait l'écho d'un tel point de vue et émet l'idée d'une consultation nationale sur les médias et sur la télévision nationale en particulier. Il faut noter que plusieurs députés se sont félicités de la nature des programmes servis par la radio Zitouna et se sont relayés pour appeler de leurs vœux la création d'une chaîne de télévision qui, à l'image de cette radio, permettrait de refléter une image de l'Islam qui soit plus en accord avec nos traditions malékites et qui s'attellerait à transmettre un enseignement sain, loin de tout obscurantisme. Cette proposition émane de députés comme Mongi Bouzouida (RCD), Mohamed Fadhel Mouelhi (RCD), qui souligne l'importance d'une telle chaîne pour nos concitoyens à l'étranger, ou Zohra M'hirsi (RCD). D'autres interventions ont abordé des questions diverses, telles que la nécessité de mieux traduire les évolutions sociales et politiques dans l'image que l'on donne de notre pays à l'étranger par les institutions spécialisées, les conditions de conservation de nos archives audiovisuelles, la rénovation des bus relevant de la télévision nationale pour les besoins de ses reportages en extérieur ainsi que l'accroissement des possibilités du portail de la télévision en termes d'accueil des d'internautes, surtout à l'occasion des retransmissions des matches de football. La création d'une radio régionale à Gabès a été proposée et l'on a évoqué par ailleurs la possibilité que les radios privées apportent leur contribution à l'effort consistant à faire connaître le patrimoine culturel national. La député Awatef Boughnim (RCD) demande de son côté quelle sera la vocation des 12 chaînes de télévision qui devraient être créées avec l'arrivée de la télévision numérique terrestre : y aura-t-il une place pour une télé parlementaire ? Une télé éducative ? Une autre qui serait centrée sur nos traditions authentiques et notre patrimoine ? Le budget en chiffres Les dépenses de gestion et de développement du ministère de la Communication pour l'année 2011 ont été fixées à 69,912 millions de dinars, contre 56,906 millions de dinars pour l'année 2010. Les dépenses se répartissent comme suit: – Dépenses de gestion : 51,845 millions de dinars, – Dépenses de développement : 18,067 millions de dinars.