L'instabilité au niveau du staff technique ne sert pas le club nordiste A l'issue de la saison passée, on avait pensé que l'exercice 2010-2011 allait être celui de la confirmation, celui qui permettrait aux Cabistes d'accéder au palier supérieur. L'illusion n'a duré que le temps d'une journée, le temps d'un match. Et puis rapidement, au fil de quelques matches seulement, on s'est rendu à l'évidence et on a compris dans le public bizertin que le CAB, dans l'état actuel des choses, ne pouvait pas aller loin, ou du moins là où il est souhaité. Aujourd'hui, avec du recul et au vu des prestations fournies jusqu'ici, on comprend aisément les raisons qui ont conduit à cette incapacité à passer à la vitesse supérieure. Absence de continuité Au moment où les jeunes Cabistes se trouvaient sur une courbe ascendante et qu'on leur prédisait un avenir radieux, on a jugé bon de rompre avec le staff technique sortant à l'intersaison. Cette rupture brutale n'a pas aidé l'équipe à continuer son bonhomme de chemin, elle a été stoppée d'une manière radicale dans son ascension. Les camarades de Ben Mustapaha, qui avaient pris certaines habitudes, probablement bonnes, et qui avaient assimilé les automatismes qui leur ont valu de se distinguer, n'ont plus trouvé leurs repères, aidés en cela par les départs précipités et dans la confusion la plus totale de certains joueurs cadres. Nous pensons bien évidemment à Chehoudi, Hichri et Dridi, voire Yahiaoui. Quand on sait que ces éléments ont chacun un rôle primordial dans chaque compartiment de jeu, il n'est pas difficile de deviner le vide laissé. L'opération de recrutement a été un échec total. Les milieux Slama et Buscher n'ont pas réussi justement à combler ce vide. Le premier fait ce qu'il peut à l'entrejeu, c'est-à-dire pas grand-chose, et le second a pris la poudre d'escampette après la séparation «à l'amiable» de son père entraîneur avec le club nordiste. Beaucoup de remue-ménage en si peu de temps. Seul Karim Ben Amor s'acquitte convenablement de sa tâche jusqu'à nouvel ordre. Ce désordre a davantage déstabilisé le groupe sur le double plan du jeu et du moral. Le départ du technicien français au bout de trois matches joués dont deux suivis à partir des gradins est venu faire perdre du temps au CAB dans la reconquête de son statut, celui d'équipe redoutable. Un groupe perturbé Cette rupture extrêmement rapide plus pour incompatibilité d'humeur que pour insuffisance de résultats a, à notre sens, mis les responsables du club dans une situation embarrassante, de désarroi. En effet, ceux-ci se sont donné beaucoup de mal à engager Gérard Buscher pour que, par la suite, ils s'en séparent sans crier gare ! La compétition étant entamée, tournant à plein régime et le CAB ne possédant pas d'entraîneur, les jeunes Cabistes étaient tout simplement désorientés ! Il a fallu de nombreuses interventions pour faire revenir l'entraîneur Youssef Zouaoui, l'enfant du club, à de meilleurs sentiments. Et à force d'insister, de prier, voire de «se prosterner», les responsables cabistes ont eu en fin de compte gain de cause : Youssef Zouaoui accepte de venir en aide pour une mission bien déterminée. Le nouveau coach entraîne, de surcroît, à titre gracieux, mais ne signe pas de contrat. Si cette situation ne pose pas problème sur le plan pratique, elle a en revanche une influence au niveau du mental puisque le coach bizertin possède une marge de liberté qui lui permet de quitter, à tout moment, le CAB, même si ce moment sera choisi en fonction de l'état de santé du club. Autrement dit, Youssef Zouaoui est appelé, tôt ou tard, à partir. Cette instabilité ne sert pas le club nordiste. Les joueurs ont besoin de se concentrer aussi bien au cours des séances d'entraînement que pendant les matches officiels. Or, l'on constate, malheureusement pour les Cabistes, que les conditions ne s'y prêtent pas. La meilleure illustration est cette rumeur qui a couru avant le match d'hier contre le CSHL, rumeur selon laquelle l'entraîneur cabiste serait partant, aujourd'hui même lundi, pour le club libyen d'Al Ittihad. Pourquoi annonce-t-on un départ précipité la veille d'un match aussi important dont l'issue dictera certainement l'avenir du CAB dans la suite de la compétition ? Une course à l'anticipation ou quoi ? Les Cabistes ont besoin de sérénité, de concentration pour être fin prêts le jour de la rencontre. Mieux, on a même avancé des noms d'entraîneurs alors que Zouaoui est en exercice ! Cela perturbe les joueurs, non ? Une année «blanche» ! Eliminée en Coupe de Tunisie, distancée largement par les équipes de tête dans la compétition nationale, l'équipe cabiste aura à jouer pour du beurre le reste du parcours. Et si Youssef Zouaoui venait à quitter le CAB dans les jours à venir, la situation se compliquerait un peu plus au sein du club. Les joueurs devraient alors de nouveau réapprendre d'autres habitudes. Si tel était le cas, le CAB passerait une année «blanche», au grand dam de ses fans. Il est difficile de réussir en chambardant, en remaniant, en changeant en permanence de staff technique, d'autant que les camarades de Fakhreddine Jaziri s'apprêtent à jouer une série de matches extrêmement délicats. Outre le déplacement d'hier à Radès contre le CSHL, le CAB aura à se déplacer quatre fois sur les six rencontres à venir. Il s'agit de la JSK à Kairouan, du CA, de l'EST et du ST à Tunis tous trois. Il recevra l'ASG pour le compte de la 12e journée et le CSS lors de la 16e. C'est dire à quel point le parcours est compliqué. Des renforts sont nécessaires si l'on veut éviter de mauvaises surprises. Certes, les Nordistes possèdent une marge de sécurité de 6 points sur les rélégables mais insuffisante pour dormir sur leurs lauriers, la compétition étant longue, pénible et semée d'embûches. Attention donc aux légèretés !