«Nafass», que donne l'ensemble Aloès ce soir à Dar Chérif à Djerba, est l'exemple même d'un spectacle singulier qu'on souhaiterait voir et revoir et que les grandes scènes pourraient accueillir de nouveau avec intérêt. L'idée est de mettre en surface et en lumière un cheminement long, dense et original d'un héritage universel : les chants liturgiques dans ce qu'ils ont de sublime. A partir de chants religieux et sacrés d'une vingtaine de pays, de cultures et de confessions différentes, Alia Sellami et son ensemble Aloès ont cousu et brodé une trame qui lie les chants des peuples d'Indonésie à ceux d'Afrique, l'Inchad égyptien aux chants grégoriens, le chant sacré marocain au gospel, le chant de Tanzanie au chant sacré turc ou la liturgie corse au chant orthodoxe grec; cette trame de voix étant cadencée, rythmée, scandée par sept chanteurs aux timbres riches et colorés. Ces vibrations vocales, déchirantes, confèrent au spectacle une humanité touchante, leur souffle touche mélodiquement au chef-d'œuvre.