En 1991, la création du Ballet national tunisien et du Centre national de la danse et des arts chorégraphique à Borj el Baccouche a créé l'événement. Deux décisions décisives pour la danse, un art qui était considéré, depuis longtemps, comme un moyen de divertissement sans avenir. Avant cette date, il n'y avait, en terme de danse, que la troupe des arts populaires et le Conservatoire de musique et de danse de Tunis.... A cette époque, le Ballet national enchaînait les créations, grâce à la complicité de chorégraphes tels que Thierry Malandain (Ballets de Biarritz-France), David Brown (Elisa Monte Dance-U.S.A.), Raza Hammadi (Ballets Jazz Art-France), Ricardo Nuٌez (Deusche Oper-Berlin), Walid Aouni (Opéra du Caire-Egypte) et Imed Jemaâ (Théâtre de la Danse-Tunisie ). Nawel Skandrani, directrice, créera, elle-même, trois chorégraphies, à savoir : “De la porte à la mer“ en 1992 (sur une musique d'Anouar Brahem et une scénographie et des lumières de Fadhel Jaïbi); “Didon-Alyssa” en 1995, (sur une musique aussi d'Anouar Brahem et une mise en scène de Hichem Rostom) et “D'encre et de sang“ en (1995), une pièce en hommage aux journalistes algériens assassinés durant la guerre civile. Et elle avait ouvert le Festival international de Carthage à plusieurs reprises. Le ballet créait mais sans avoir d'appui légal. Il n'avait pas de statut juridique. Et les danseurs n'ont aucune considération administrative. Leïla Sebaï, archéologue de formation, était appelée au temps de Mongi Bousnina, ministre de la Culture à l'époque, à réorganiser le secteur de la danse. Le Ballet national a quitté Halfaouine, après une cohabitation amicale et bénéfique avec le Théâtre national, pour élire domicile au Palais de Borj El Baccouche, l'ancienne résidence du Grand dignitaire beylical Mohamed El Baccouche (1833-1896). Leila Sebaï a commencé par instaurer dans ces lieux un projet national pour la danse. Un projet qui consiste d'abord à assurer une formation en danse classique, traditionnelle, moderne jazz et danse orientale, à s'occuper ensuite de la diffusion du Ballet national tunisien. Et puis à animer des ateliers de recherche et enfin à assurer la documentation avec des archives, une bibliométrique, une vidéothèque spécialisée dans l'art de la scène en général et l'art de la danse en particulier. Le Centre avait recruté Helio Poraro, professeur à l'Académie d'Oslo pour la mise en place des programmes de formation pour jeunes. Il a vu passer, entre autres, de très grandes stars de la danse comme Pascal Sévajols des Ballets Rolants Petit, Daniel Franck, professeur de danse à l'Opéra de Paris et au Centre de danse Rosella Hightower à Cannes, et surtout Sulamith Messerer, qui était la danseuse étoile du Bolchoï depuis des années. La belle époque fut hélas très courte (1993- 1997). Les difficultés étaient énormes et les deux femmes se sont trouvées dans une impasse. Les projets se sont écroulés comme des châteaux de sable. Et depuis, rien ne s'est fait pour sauver la danse du chaos ! Le secteur baigne toujours dans le flou le plus total.