Méga spectacle festif et festoyant « Lamma wa Zahou » mis en scène par Béchir Drissi a donné le coup d'envoi de la 44ème session du festival international de Carthage. Véritable hymne à la jeunesse en ce sens, qu'il a non seulement interpellé les jeunes mais fait aussi appel a un millier de jeunes protagonistes, entre danseurs figurants et acrobates, pour l'exécution des différents tableaux, « lemma wa zahou » est un spectacle moderne véhiculant une imagerie dans l'air du temps, mais sur fond de nostalgie. L'action de « lemma wa Zahou » se passe sur une place publique dans un décor, concocté par youssef Baklouti et Mourad Ben Brika, représentant une place de la médina, outre côté gradins, une habitation d'architecture berbère. Sur la scène exploitée sur trois niveaux ( La fosse, la scène et l'espace surplombant la scène) le metteur en scène et ses assistants Mounir Argui et Slim Sanhaji ont plongé le public dans l'histoire des traditions d'un pays. Des traditions et des us et coutumes incarnées par une quinzaine de tableaux exprimant différentes célébrations (mariage, circoncision, fête sur la place publique, etc.). Entre rêve et réalité, les imageries tantôt modernes, tantôt traditionnelles se sont succédé, exprimées par la musique, le chant, la poésie, la danse et le ballet, les arts du cirque. Mais l'important dans « lamma wa zahou » c'est surtout la musique qui a porté tout le spectacle dans ses divers instants et moments. Ecrite par Fayçal Karoui, tel un concentré de confluences entre modernité et classicisme, elle traduit un peu de notre histoire musicale depuis l'époque judéo arabe, non sauf clins d'œil à des chants et à des mélodies citadines ou « bédouis » marquantes faisant partie de la mémoire collective. La musique, omniprésente, laisse au moment des transitions la place au verbe et donc à des saynètes et des scènes jouées par Wajiha Jendoubi, Jaâfar Guesmi et Sofiane Eddahche, d'après un texte de Dhafer Néji. Cependant, le hic c'est que ça ne coule pas toujours de source et que ça tourne parfois à l'agitation et au remplissage purement et simplement (telle la scène de la circoncision ou celle de l'énumération des rues de la médina). Cela outre que l'intervention du poète Mohamed Néjib Eddhibi se soit avérée en net décalage avec les attentes du public jeune de cette soirée là. Les ballets entre genres moderne et traditionnel chorégraphiés par Jamila camara, Jalel Doumi, Sofiane Arab, et Taher Guettat, ont nécessité le concours de pas moins, de mille danseurs et figurants interprétant des danses tantôt sur des rythmes branchés et sur un ton pétillant façon Hip-Hop, Salsa et rythmes Latino, tantôt sur des rythmes orientaux, langoureux et suaves secrétant joie et jubilation sauf que la surcharge de la scène vire parfois au remplissage « voyeur ». Ce qui altère le sens. Encore heureux que les jeunes de l'école nationale du cirque entre acrobates, funambules, clowns, trapézistes, motards, qui, quoique pas encore en pleine possession de leur art, ont remporté l'adhésion du public avide de ce genre d'expression qui s'apparente aux arts du cirque. Il est vrai que l'exécution de tous les tableaux dansants et virevoltants a nécessité le concours de plusieurs écoles et troupes de danse, soit l'école nationale des arts du cirque, l'école de danse de Borj Baccouche, l'école de danse de Sousse ainsi que la troupe des arts populaires. « Lamma wa Zahou » a ainsi convoqué plusieurs arts, plusieurs troupes dans une débauche de lumières, de musique, de costumes pas toujours réussis, notamment ceux traditionnels, d'encens, d'images reflétées par des écrans en contrebas de la scène et de toutes sortes d'expressions, dans le but de refléter la joie générée par un moment artistique dédié aux jeunes et à la jeunesse. Ceci explique cela. Car l'on comprend bien que le public jeune venu nombreux à la soirée d'ouverture de « Carthage » ait applaudi et apprécié les quelques moments de ce méga spectacle.