Des représentants du ministère de l'Agriculture, des Ressources hydrauliques et de la Pêche, de l'Institut national de la météo, de l'Institut de l'olivier de Sfax, de l'Apia, du Centre technique de l'agriculture biologique de Chatt-Meriem, de l'Office national de l'huile, de la direction générale des études et du développement agricole, des experts et des spécialistes en matière de production oléicole, des chercheurs… ont pris part aux travaux du colloque scientifique portant sur «La culture de l'olivier adaptée aux changements climatiques», qui s'est déroulé à l'occasion de la 30e session du festival international de l'olivier à Kalaâ Kébira. Parmi les thèmes des communications-débats présentées lors du colloque, on retient les «aspects des changements climatiques», «adaptation du secteur agricole aux changements climatiques», «l'influence des changements climatiques sur l'oliveraie tunisienne», et «une agriculture adéquate pour limiter les effets des changements climatiques». Egalement, le thème de «l'agriculture biologique et les changements climatiques» a été au cœur du débat. M. Mohamed Lazhar El Echi — ingénieur agronome, sous-directeur à la direction générale des études et du développement agricole au sein du ministère de l'Agriculture, des Ressources hydrauliques et de la Pêche — a indiqué que la stratégie d'adaptation du secteur agricole aux changements climatiques repose sur un principe de base, à savoir la prise de dispositions, voire de précautions pour éviter les impacts négatifs des phénomènes climatiques extrêmes (sécheresse, irondations, vents violents…) qui sont le résultat d'une concentration plus importante des gaz à effet de serre (GES) dans l'atmosphère, à savoir le gaz carbonique, le méthane et l'oxyde d'azote émis par les entreprises industrielles de par le monde. Avant l'établissement de cette stratégie, le ministère de l'Agriculture, des Ressources hydrauliques et de la Pêche a entrepris une étude dès 2007 concernant la projection des paramètres climatiques en Tunisie aux horizons de la période allant de 2020 à 2050 ainsi que leur évolution jusqu'à cette période. Promouvoir l'oléiculture biologique Cette évolution prévoit l'augmentation de la moyenne de la température globale de la Tunisie de 1,1°C et ce à l'horizon de 2020, ainsi qu'une baisse des précipitations évaluée entre 5 et 10% selon les régions avec des fréquences plus importantes de l'apparition des phénomènes climatiques extrêmes. L'évolution des paramètres climatiques prévoit aussi la diminution des ressources en eau et l'augmentation de la vulnérabilité des écosystèmes (forêts, zones humides, lacs…) face aux changements climatiques. Ce qui entraîne une baisse de la rentabilité du secteur agricole et notamment des cultures dites pluviales, nécessitant des pluies en quantités adéquates (oliviers, céréales, plantes fourragères…) Enumérant les dispositions les plus importantes prises par cette stratégie, il a cité, entre autres, l'instauration d'un système d'alerte précoce du changement climatique en utilisant les hautes technologies dans ce domaine, l'actualisation de la carte agricole en fonction des changements climatiques et la concrétisation de cette stratégie prévoyant l'établissement des projets de recherche des variétés d'olivier résistantes à la sécheresse et des projets d'économie d'eau et de mobilisation des ressources en eau et ce en profitant des mécanismes de financement disponibles à l'échelle internationale. «Cette nouvelle stratégie ne remplace pas les stratégies sectorielles de développement agricole, mais au contraire, elle se greffe sur celles-ci», a-t-il conclu. De son côté, M. Youssef Amor, ingénieur agronome, sous-directeur de l'expérimentation au Centre technique d'agriculture biologique (CTAB), a relevé que la conduite de l'olivier en mode biologique participe à la réduction des effets des changements climatiques et ce à travers l'application de certaines mesures, à savoir : l'utilisation des variétés locales («chemlali» au Sahel et à Sfax, «Chétoui» au Nord…) qui sont bien adaptées aux conditions édapho-climatiques de la région, l'utilisation de la matière organique (fumier, compost, engrais verts…) pour améliorer la texture et la composition du sol, permettant ainsi la diminution de l'évaporation des eaux et de l'érosion; la pratique de la biodiversité (diversité des cultures), permettant de retenir le sol et de diminuer l'érosion. Ainsi, a-t-il poursuivi, le travail du sol au mode biologique permet d'ameublir le sol et de diminuer l'évaporation de l'eau. «Le fait de promouvoir l'agriculture biologique en général et l'oléiculture biologique, en particulier, constitue un important facteur de réduction des effets des changements climatiques, garantissant ainsi une agriculture durable et par conséquent un développement durable», a-t-il conclu.