« Le rôle du travail associatif dans les programmes de développement rural et la lutte contre la désertification et la dégradation des terres agricoles », tel est le thème central de l'atelier scientifique organisé, hier, au siège de l'Union Tunisienne de l'Agriculture et de Pêche, par l'Association tunisienne de la science du sol et l'Association de protection de la nature et de l'environnement à Douiret. Un travail effectué par deux associations, ce qui augure d'une bonne collaboration entre composantes de la société civile.
A l'ouverture des travaux en présence de M.Mabrouk El Bahri, président de l'UTAP, M. Abderrazak Daâloul Secrétaire d'Etat à la Pêche, devait placer la rencontre dans son cadre en rappelant que « les associations ont un grand rôle à jouer en appui aux efforts de l'Etat dans le développement rural ». C'est que le citoyen a sa place et son rôle dans le système de développement. L'approche participative lui permet d'être présent du stade de l'idée de projet jusqu'à sa réalisation. Le développement de l'agriculture et le développement rural intégré supposent le développement des ressources naturelles, leur protection, l'amélioration des techniques d'exploitation agricole au sol et en mer, selon des systèmes complémentaires, la formation, la vulgarisation et la recherche agricole dans différents domaines. Ce qui nécessite, soutien et mise en place d'incitations, d'encouragements et de restructurations continues pour relever le défi de l'exportation, tout en répondant aux besoins des citoyens en produits alimentaires surtout dans les périodes exceptionnelles. Les projets de développement agricole intégré ont joué un rôle capital dans la promotion de l'agriculture rurale et la stabilisation des différents systèmes de production et d'environnement. Ces projets ont dépassé le nombre de 22 projets intégrés avec un financement global d'environ 730 millions de dinars.
Approche intégrée Les projets initiés visent la réalisation d'une agriculture durable dans plusieurs régions où les ressources naturelles sont dans une situation délicate. L'approche adoptée est intégrée. Elle aide à l'amélioration du revenu des agriculteurs tout en sauvegardant les ressources naturelles. Ces projets créent une dynamique dans les régions. Sur le plan social, les programmes et projets améliorant les conditions de vie dans le monde rural ont été intensifiés. Electrification, ouverture de pistes agricoles, eau potable font partie des commodités répandues dans la campagne tunisienne. En matière de lutte contre la désertification, la sécheresse et l'érosion des sols, le Secrétaire d'Etat rappelle que la rupture de l'équilibre entre parcours et terres consacrées à l'exploitation agricole dans les régions arides et semi arides a coïncidé avec l'élargissement de la proportion des terres agricoles sur le compte des terres de pâturage, surtout au centre et au sud. Ces terres sont devenues plus exposées à l'érosion et à la salinité. Par ailleurs, l'urbanisation a participé à l'accélération de la diminution des terres agricoles fertiles dans la majorité des régions de la République. Notre pays a une longue tradition d'adaptation aux changements climatiques. Elle a été consolidée par des mesures structurelles qui ont concerné essentiellement, la maîtrise de la gestion des ressources naturelles, surtout les ressources hydrauliques, les forêts et les parcours et les travaux de Conservation des Eaux et du Sol ( CES ). Ce sont des mesures qui s'intègrent dans les stratégies décennales de gestion des ressources naturelles, fondement essentiel du développement durable et de la sauvegarde des capacités de production des écosystèmes.
Principe de précaution Dans des situations conjoncturelles, des mesures exceptionnelles et urgentes peuvent être prises comme les primes d'investissement dans l'économie d'eau, le rééchelonnement des dettes des agriculteurs, la fixation d'un prix minimum garanti pour certains produits, l'adoption de tarifs préférentiels pour les eaux d'irrigation, la distribution d'aliments pour bétails et de plans en cas de sécheresse, la vaccination du cheptel et l'avancement des crédits saisonniers. Ce sont des mesures protectrices et urgentes visant à protéger le capital productif et à consolider le revenu de l'agriculteur. En plus de ces mesures, il est tenu compte des incidences éventuelles de la sécheresse et des phénomènes climatiques dans le processus de planification. Les défis générés par les changements climatiques sont très importants. La réaction se fonde sur le « principe de précaution ». Il permet de réagir à travers des scénarios d'adaptation. Dans ce cadre s'intègre le plan d'action concernant les changements climatiques et leurs incidences sur le secteur agricole et l'environnement. Quant à la désertification, elle est un phénomène mondial. Elle nécessite un partenariat international actif et solidaire. La Tunisie s'est engagée à mettre en application toutes les conventions internationales en matière de lutte contre la désertification. Une structure spéciale de coordination a été créée. Un fonds national et un programme d'action ont été fixés. Quelle que soit l'ampleur de l'action des structures publiques, rien ne peut durablement réussir sans le travail du tissu associatif tunisien.
Hassine BOUAZRA
Amor Mtimet ( Président de l'Association tunisienne de la Science du Sol )
La qualité du sol est essentielle « Pour les non spécialistes, le sol est ce que nous foulons avec nos pieds. C'est tout juste une base pour les activités quotidiennes. Les agriculteurs grands utilisateurs du sol, n'en connaissent que la partie qu'ils labourent. Pour les administratifs, le sol est lié à une gestion superficielle qui a trait au registre du commerce. L'école et les organes d'information s'intéressent peu au sol. On sensibilise à la pollution de l'eau et de l'air et pas à celle du sol. Or la qualité de l'eau et de l'air dépend pour une large mesure de la qualité du sol. »