La prévalence du tabac est de l'ordre de 50% chez les jeunes Tunisiens (de 14 à 20 ans). Gros fumeurs, ils justifient la tendance par le fait que les cigarettes «sont en vente partout, à des prix abordables, surtout dans le voisinage de leurs lycées» Il y a, par conséquent, une sorte d'incitation au tabac. Ils pensent également que les institutions d'éducation «ne leur proposent pas suffisamment d'activités sportives, sociales et culturelles pour occuper leur temps libre». Cela fait des années que les institutions d'éducation et de santé ont engagé des campagnes de sensibilisation sur les dommages du tabac, notamment les clubs de santé destinés aux jeunes. Le ministère a également créé 211 centres pour aider au sevrage. Ces centres disposent de médecins spécialisés qui s'occupent des fumeurs, à la fois sur le plan physique et psychologique. Un programme de sensibilisation intégré, à la fois dans les médias et dans les écoles, est également en place pour faire baisser le pourcentage de fumeurs. Le gouvernement a, par ailleurs, renforcé les mesures légales en interdisant de fumer dans les lieux publics et en pénalisant les contrevenants. Le décret de septembre 2009, modifiant la loi 1998, relative à la lutte contre le tabagisme, interdit la vente par cigarette, la commercialisation du tabac dans les épiceries et dans d'autres points de vente comme les hammassa et les revendeurs de journaux. Il est inconcevable que les buralistes, qui ont appelé entre autres à l'interdiction de fumer dans les lieux publics et à chasser les revendeurs des cigarettes en détail, n'accordent aucune attention à l'âge de ceux qui achètent des cigarettes. Pourtant, ils savent qu'il est interdit de vendre le tabac aux enfants de moins de 18 ans. Cet ensemble de mesures de prévention qui vise surtout à éloigner les enfants du tabac est rarement appliqué et cela incite au tabagisme. D'ailleurs, la majorité des enquêtes à l'échelle nationale n'ont pas montré une baisse significative de la consommation tabagique. Pourquoi ? Nécessité d'appliquer la loi Les jeunes disent qu'ils ont toujours le sentiment que les responsables qui viennent les sensibiliser avancent les mêmes clichés. "N'importe qui sait que le tabac est nocif. Pourtant, je n'ai pas arrêté de fumer", indique un lycéen de 15 ans. L'impression qui se dégage est que le jeune ne se soucie pas vraiment des conséquences du tabac, croyant être invulnérable. Si ce constat devrait inspirer les campagnes de sensibilisation afin de cibler davantage la prolifération de la vente du tabac à proximité des établissements scolaires (cafés, hammassa, marchands ambulants...) voire à l'intérieur de l'enceinte scolaire (dans les buvettes), la plupart des études parlent de la prévention qui doit se faire tôt chez les jeunes enfants qui n'ont pas encore la «résistance» des adolescents quand ils ont déjà commencé à fumer. La vigilance doit rester de rigueur pour empêcher l'accessibilité de l'enfant au tabac près des établissements scolaires. Toutes les parties concernées (médecins scolaires, professeurs encadreurs des clubs de santé et représentants de la société civile) sont d'accord pour stigmatiser , et insistent sur la nécessité d'appliquer la loi interdisant la vente de cigarette en détail, d'empêcher l'arrivée dans le pays du tabac à la traçabilité discutable, d'assurer un périmètre de sécurité autour des écoles, des collèges et des lycées, d'inviter le personnel scolaire à ne pas fumer dans l'enceinte scolaire et encourager les élèves à pratiquer les activités physiques et artistiques.