• La galerie Bel Art a fait un bon pari, en ce début d'année, en proposant une exposition balayée par un vent de lyrisme, à la gloire de la femme. Comme bercés par les flots langoureux de «Vous… les femmes» de l'Hidalgo espagnol Julio Iglesias, on est transporté sur un nuage opaque et éthéré où transparaît la vision légère et aérienne de la femme dans toute la splendeur et l'éclat de sa nudité. Avec pour simple parure l'innocence pure et la candeur naïve, le modèle choisi et peint par Monia Zaïem se décline à travers les onze portraits qui illustrent parfaitement le nom de onirique de la femme imaginée et créée par l'artiste. A l'évidence, un des paradoxes de la beauté ou de la séduction est qu'elle soit cachée, invisible à l'œil nu. Pour la saisir dans toute sa luminance et sa plénitude, il nous faut donc soulever quelques pavés bien ancrés dans la conformité artistique. Dessous, tapie, la beauté est pourtant là. C'est pourquoi il est nécessaire, pour saisir le fil de la pensée de l'artiste et s'imprégner de son esprit, de se placer directement dans la trajectoire de sa vision. Une trajectoire conçue selon les critères du design et conforme aux impératifs esthétiques et graphiques de la production artistique. Une vision où prédomine une multitude disparate d'éléments, lesquels conjugués les uns aux autres, aboutit à une œuvre génialement élaborée où l'artiste a rendu un vibrant hommage à l'idéal féminin célébré, depuis la nuit des temps par des hommes qui y ont profondément cru. Les attributs de la féminité Les onze représentations allégoriques de la femme correspondent à un modèle de perfection absolue, conçu par l'esprit et répondant aux exigences esthétiques, morales et intellectuelles de la femme qui, dans chacune de ses déclinaisons, est dotée d'attributs et de métaphores symboliques. Qu'elle soit africaine, asiatique-orientale, indienne, peau-rouge d'Amérique, blonde pulpeuse ou jeune mariée noyée dans ses voiles, voluptueuse geïsha ou hétaïre sur le retour, posant crânement et fièrement avec la cigarette à la main, les portraits du monde de la femme sont brossés avec beaucoup de recherche, en tout cas dans les couleurs, les formes et l'expressivité. Des modèles qui laissent deviner une maîtrise, une perfection et une sûreté dans la technique qui singularisent Monia Zaïem. En effet, ses aplats, sans aucun défaut apparent ou caché, sont une véritable place de couleurs et d'harmonie logique et de cohérence étroite entre une tendance naturelle consistant à vouloir toujours surprendre son monde et une détermination à déconcerter, désarmer et embarrasser le public. Comment ne pas être interloqué et confondu face à une technique qui mélange la peinture à l'huile à l'alfa, cette fibre naturelle employée dans les tissus grossiers, genre sparterie ? A l'aide de fines lanières d'alfa, l'artiste a revêtu ses femmes de cette fibre textile très solide. Elle s'en est servie dans les chapeaux, les lacets de chaussures, dans les ceintures et dans les pagnes autour des hanches. Artiste résolument stimulatrice d'énergie, l'aventure picturale de Monia Zaïem a débuté dans les années 80 au Centre d'art vivant de Radès avec Safia Farfat et Aïcha Filali. Elle s'est poursuivie à la Dante Alighieri avec Sylvain Monteleone pour lequel l'artiste voue un véritable culte. Mariée à un diplomate, elle a longtemps vécu en Italie où elle a parfait et peaufiné son expérience. Son genre artistique est celui d'une abstraction lyrique qui part à la recherche de la conquête de la couleur luminescente et de la fantaisie, ce petit grain de folie, source d'imagination et de création. ————— * L'exposition «Vous… les femmes» de Monia Zaïem se poursuivra à la galerie Bel Art à El Menzah VI jusqu'au 22 janvier.