WASHINGTON (Reuters) — Le chef du Pentagone, Robert Gates, se rend aujourd'hui dimanche à Pékin pour une visite de trois jours destinée à améliorer les relations militaires entre les Etats-Unis et la Chine, toujours empreintes d'une profonde suspicion de part et d'autre. Son voyage, qui s'achèvera mercredi, survient toutefois une semaine avant la visite d'Etat du Président chinois Hu Jintao à Washington, ce qui fait espérer aux responsables américains quelques avancées sur des dossiers délicats. Les Etats-Unis voudraient voir Pékin adopter une position plus affirmée sur l'Iran, tenir plus fermement son allié nord-coréen et communiquer davantage sur la modernisation de son armée, qui progresse rapidement. Les liens militaires sino-américains ont été suspendus pendant la majeure partie de l'année 2010, en réaction à la décision de Washington de vendre pour plus de six milliards de dollars d'armes à Taïwan, province sécessionniste aux yeux de la République populaire. Le porte-parole du Pentagone, Geoff Morrell, estime que les Chinois souhaitent remettre ces relations sur les rails et travailler dans une direction positive avant la visite de Hu. Mais pour Dean Cheng, de l'Heritage Foundation, un groupe de réflexion conservateur de Washington, «rien ne changera si les Américains ne changent pas leur politique». Robert Gates rencontrera Hu Jintao ainsi que les membres de l'état-major chinois. Il se rendra au QG du Second Corps d'artillerie, qui chapeaute l'arsenal nucléaire, et que son prédécesseur Donald Rumsfeld avait déjà visité en 2005. Le secrétaire américain à la Défense poursuivra son voyage par des escales au Japon et en Corée du Sud, les deux plus proches alliés de Washington dans la région. S'appuyant sur sa forte croissance économique, la Chine a fortement augmenté ses dépenses militaires ces dernières années et l'expansion de ses capacités irrite les «faucons» américains qui s'opposent aux coupes budgétaires programmées au Pentagone dans le cadre des efforts de réduction des déficits. Les responsables américains ont noté les progrès rapides effectués par Pékin dans la conception d'un missile balistique anti-navire qui pourrait venir défier les porte-avions américains croisant dans le Pacifique. La Chine pourrait aussi être en mesure d'inaugurer son premier porte-avions en 2011 et de nouvelles photographies montrent qu'elle dispose d'un prototype d'avion de chasse furtif, le J-20. Ce dernier semble avoir été dessiné pour contrer ses équivalents américains, le F-22 et le F-35, déclare un analyste des renseignements de la marine. Dans ce contexte, les Américains cherchent à mettre en place des mécanismes pour éviter des malentendus potentiellement dangereux avec Pékin. Ils plaident pour des contacts plus réguliers avec leurs homologues chinois.