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Rue Mohamed-Bouazizi
Tunis
Publié dans La Presse de Tunisie le 18 - 01 - 2011

La première étincelle de la révolution tunisienne pour la dignité et la liberté est partie du drame vécu par Mohamed Bouazizi, chômeur diplômé, âgé de 26 ans, acculé pour gagner sa vie et subvenir aux besoins de sa famille, à vendre des fruits et légumes, sur un étal de fortune dans sa ville natale de Sidi Bouzid. Ne possédant pas d'autorisation officielle, il était harcelé par les employés municipaux, se faisant confisquer sa marchandise à plusieurs reprises. Le jour J, le 17 décembre 2010, il eut encore une fois une altercation avec ces mêmes agents municipaux qui, pour des raisons obscures, ont confisqué sa balance et renversé sa marchandise sur le trottoir, alors qu'une employée s'est permis de le gifler.
Pensant pouvoir plaider sa cause à la municipalité et au gouvernorat, il s'y fait insulter et chasser avec mépris. Au comble du désespoir, il s'aspergea d'essence et s'immola par le feu devant le siège du gouvernorat de Sidi Bouzid. Ce fut le coup d'envoi d'une épopée révolutionnaire vécue, dans la fébrilité, par tout le peuple tunisien indigné par ce tragique suicide, le deuxième du genre en 10 mois, suite à celui de Abdessalem Trimech qui s'est immolé, lui, le 3 mars 2010 à Monastir.
Le mouvement insurrectionnel entamé par les habitants de Sidi Bouzid s'étend à tout le pays, car partout les jeunes manifestants ont crié haut et fort : « Nous sommes tous des Bouazizi », partageant ainsi les mêmes sentiments d'injustice et de frustration dus au chômage, à la corruption, à l'inégalité sociale, au népotisme, à la cherté de la vie, aux détournements et au vol des deniers publics, et enfin à la répression. A preuve, quatre autres jeunes, outre un commerçant de 50 ans, identification oblige, ont reproduit le geste de Bouazizi.
Du coup, manifestations et grèves organisées par l'Ugtt se multiplient du nord au sud du pays, Thala, Meknassy, Menzel Bouzayane, Bizerte, Monastir, Sfax, Gafsa, Ben Guerdane, Tunis, Jendouba, Le Kef, suscitant une violente répression policière, occasionnant la mort de 67 personnes, voire plus, et une centaine de blessés en un seul mois.
« La révolution de jasmin », pour certains, ou « la révolution des hommes et des femmes libres » pour d'autres est en marche, rien ne peut l'arrêter, malgré toutes les réformes décidées par le président déchu. Le 14 janvier 2011, la grève générale organisée à Tunis, après celles qui ont eu lieu à Sfax, Bizerte et d'autres villes du pays, rassemble plus de 5.000 manifestants sur les allées centrales de l'avenue Bourguiba, elle se termine par des heurts violents entre la police et de jeunes manifestants.
Le 14 janvier au soir, le président Ben Ali s'enfuit vers l'Arabie Saoudite où il trouve asile.
A travers son geste, certes, violent, Mohamed Bouazizi s'est en quelque sorte sacrifié pour que tout un peuple, qui a commencé à bouger et à se révolter, depuis les événements de la région minière de Gafsa en 2008 et de Ben Guerdane en août 2010, respire enfin la liberté et retrouve la dignité volée par 23 ans de dictature.
Mort le 4 janvier 2011 au centre de traumatologie et des grands brûlés de Ben Arous, Mohamed Bouazizi est désormais le symbole, la figure emblématique de la révolution tunisienne : son nom restera à jamais gravé dans les mémoires. Déjà dans sa ville natale, la rue du 7-Novembre a été remplacée par la rue Mohamed-Bouazizi, en attendant, par ailleurs, l'édification d'une statue à son effigie au centre de Sidi Bouzid.
Mieux, plusieurs jeunes et moins jeunes demandent à ce que dans toutes les villes du pays, il y ait une rue Mohamed-Bouazizi. Le moins qu'on puisse faire pour saluer sa mémoire. Mais, il y a aussi autre chose à faire, ne pas oublier la famille de Bouazizi et faire en sorte qu'au moins un de ses membres ait droit au travail, donc à la dignité.
Avant de s'immoler, notre martyr national a laissé un message : « Je quitte maman, pardonne-moi, les reproches sont inutiles, je suis perdu sur un chemin que je ne contrôle pas, pardonne-moi si je t'ai désobéi, adresse tes reproches à notre époque, pas à moi… ». Saurons-nous l'entendre et agir pour que notre époque, du moins dans notre propre pays, change ? Souhaitons-le vivement et de tout notre cœur. Repose en paix Bouazizi. Que Dieu bénisse ton âme !


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