Les manifestations se sont poursuivies dans certaines régions du pays, avec pour principal slogan : «RCD out». Au Kef, des membres de la Centrale syndicale (Ugtt) se sont réunis dans la cellule régionale de l'Union et ont manifesté leur colère, appelant à la dissolution du gouvernement d'union nationale et à la démission des membres appartenant au Rassemblement constitutionnel démocratique. Certains ont proposé également que les biens et les avoirs du RCD reviennent à l'Etat. Quant à la vie, elle semble avoir repris progressivement son cours dans la région. Quelques commerces ont rouvert leurs portes et les Keffois ont décidé de reprendre le chemin du travail. Si avant-hier et les jours précédents les habitants avaient du mal à trouver les denrées alimentaires de base, hier, ils ont pu faire leurs courses et s'approvisionner en fruits et légumes ainsi qu'en produits alimentaires de base comme le lait, qui manquait, jusqu'ici, en raison d'un problème de distribution. «Les marchés sont bien approvisionnés en fruits et légumes. Certes, les quantités proposées sont moins importantes que d'habitude et certains prix ont augmenté, mais cela reste à la portée et il y en a suffisamment pour tout le monde», observe un habitant. Les stations-services qui étaient fermées les jours précédents, tout comme les agences bancaires ont également repris leur activité dans cette région où les habitants se sont plaints, cependant, d'une pénurie de bouteilles de gaz. Comités de quartier et protection des cités Par ailleurs, les sociétés de transport public et privé ont repris du service afin d'assurer la desserte des cités et des diverses localités. La présence des militaires dans les artères névralgiques a permis d'instaurer un semblant de calme. A Kairouan, les habitants ont vaqué à leurs occupations quotidiennes, effectuant, après le travail, leurs emplettes au marché municipal et dans les centres commerciaux qui n'ont pas fait l'objet d'actes de vandalisme. Quant aux éventuelles attaques dont les cités auraient pu faire l'objet, elles ont pu être évitées grâce aux comités de quartier qui se sont équipés de gourdins et qui ont érigé des barrages de fortune, afin de protéger leurs maisons et leurs familles. Les habitants, qui se sont inquiétés le plus pour leur sécurité, sont ceux qui habitent à proximité de la demeure de Ali Sériati, ex-chef de la sûreté de Ben Ali, arrêté alors qu'il fuyait vers la Libye. «Les voisins ont eu peur que leur cité soit attaquée par des personnes animées d'un désir de vengeance», explique une habitante de la région. A Sousse, les rues et les avenues ont résonné, hier, des cris des manifestants qui clamaient haut et fort leur mécontentement relatif à la composition du nouveau gouvernement de transition, appelant à sa dissolution et à la démission des membres du gouvernement issus du RCD. Ici aussi, les gens ont repris le chemin du travail. Les habitants ont fait leurs courses comme d'habitude et la municipalité est intervenue pour faciliter l'approvisionnement en fruits et légumes du marché de gros qui a subi des dégâts importants. Des milliers de personnes dans la rue Une des manifestations les plus importantes a eu lieu à Nabeul où ils étaient entre 3.000 et 4.000 à scander leur colère contre la composition du nouveau gouvernement. Etudiants, enseignants, avocats, représentants d'ONG sont descendus dans la rue, en criant haut et fort «RCD dégage». Du siège régional de la Centrale syndicale, ceux-ci se sont rendus dans les principales artères de la ville, organisant une marche pacifiste sans faire de dégâts. Les manifestants se sont rendus à la rue Mongi-Bali, à la rue de France, et ont arpenté les avenues Belahouane et Habib-Bourguiba. Bien que des agences bancaires ainsi que des centres commerciaux aient auparavant subi d'importants dégâts, la vie a petit à petit repris son cours dans cette ville touristique où un local du RCD vient d'être incendié «pour semer la zizanie», explique un habitant de la région. A Sfax, quelques manifestants se sont également rassemblés dans les artères principales de la ville pour crier leur colère. Un retour à la normale a, toutefois, été observé. Et si les agences bancaires et les commerces ont ouvert, ils préfèrent, toutefois, fermer tôt dans l'après-midi, par mesure de sécurité.