La Banque centrale de Tunisie (BCT) a fixé les horaires de travail dans les institutions bancaires à partir du lundi 17 janvier 2011 et jusqu'à nouvel ordre de 8h30 à 13h00. Les nouveaux horaires instaurés par l'autorité de tutelle ne font pas l'unanimité car ils entraînent une confusion monstre. Les guichets des banques ouvrent certes à 8h30 mais il faut constater qu'ils ferment à 12h30, au nez des clients qui arrivent à cette heure pour un retrait ou autre opération financière. Soit-disant pour "arrêter la caisse", comme on dit dans le jargon bancaire. Sachant que l'administration publique ferme à 14h00, le problème devient véritablement corsé puisque l'employé lambda n'a pas le temps matériel de rejoindre sa banque en temps de service. On peut ajouter à cette difficulté le fait qu'un employé a besoin d'une autorisation de sortie pour aller régler un service personnel, autorisation qui n'est pas toujours possible. Normalement, les nouveaux horaires qui sont decrétés dans des circonstances exceptionnelles devraient entraîner dans leur sillage des mesures et des dispositifs qui transforment les structures et même les comportements au sein des institutions. Or, ce que l'on remarque, ce sont encore des inerties qui expliquent la mise en place des "dispositifs" ou leur manque d'efficacité. Les inerties ne sont pas le fait des seules habitudes et représentations sociales. Elles sont aussi le fait de modes d'organisation sociale du travail, du temps et de l'espace. Dans ce cadre, on n'ose pas évoquer également l'absentéisme, les congés exceptionnels ou les congés de maladie...psychiatrique ! Nous avons posé la question auparavant à qui de droit mais il semble que le mal est fait et le citoyen est contraint de vivre avec, sans aucune alternative valable. Faut-il préciser à ce propos que la Banque centrale a donné des instructions quant au " rationnement" des retraits. Ainsi, lors des premiers jours, il a été fait application d'une tranche de 200D par opération. Deux jours après, ce montant a été hissé à 400 D puis, depuis avant-hier, à 500 D. Soit, mais le problème n'est pas là. Nous voulons évoquer un autre problème d'ordre pratique. Pour le citoyen X, le fait d'ouvrir les guichets de retrait de 8h30 à 12h30 n'est pas compatible avec les besoins des clients. Le plus judicieux aura été de choisir des horaires décalés, afin de permettre au citoyen de disposer d'un temps suffisant pour effectuer une opération financière. La banque ne peut pas fonctionner à l'image de l'administration. Quand on vit dans une petite ville ou un petit village, les distances sont courtes, les citoyens font des trajets relativement courts et avec un coût relativement faible. Dans les grandes villes et les concentrations urbaines où le transport est problématique, la plage temps et les coûts de déplacements peuvent être exorbitants. Et lorsqu'une bonne partie de l'énergie des clients est perdue dans les déplacements et les tracasseries, que leur sérénité est entamée par les soucis du quotidien, l'irritation est on ne peut plus exacerbée. Et les coûts sociaux et surtout économiques énormes. Il n'est pas inutile de revoir ces horaires de travail bancaire dans le but de faciliter la vie au citoyen en lui donnant la possibilité de bénéficier d'un service auquel il a droit, d'autant qu'il est le déposant, aussi petit soit-il (mais qui fait fonctionner la banque avec des milliers de déposants de son gabarit), qui a besoin de toucher "son" argent, et non pas en être empêché pour une raison futile qui s'appelle horaire de travail. Le futile n'a pas sa raison d'être quand l'utile s'impose en premier lieu.