• «Les élèves ne pourront quitter l'école qu'accompagnés par leurs parents» • «Nous allons examiner tous les dossiers relatifs au Capes» • «La reprise des cours est une réponse à la demande insistante des parents» M. Taïeb Baccouche, ministre chargé de l'Education au sein du gouvernement provisoire, a avancé des éclaircissements relatifs à la situation actuelle dans le pays et à la nouvelle approche du système éducatif. La mission du ministère provisoire de l'Education, selon M. Baccouche, consiste en la gestion des programmes et la poursuite des projets entamés par l'ex-ministre, M. Hatem Ben Salem, des projets que M. Baccouche a qualifié «d'intéressants». D'autant que le ministère s'appliquera à la concrétisation de la volonté du peuple. Pour ce qui est de la reprise scolaire, elle n'a été possible que grâce à la stabilisation de la situation dans le pays. «La reprise s'impose. C'est finalement une réponse à la demande insistante des parents, des élèves et des étudiants», a souligné M. Baccouche. Il a indiqué, en outre, que le ministère vise à rétablir le niveau des diplômes et leur crédibilité tant à l'échelle nationale qu'internationale. Le ministère s'appliquera aussi à renforcer la formation continue des enseignants. Il œuvrera aussi pour que soit respectée la liberté d'opinion. M. Baccouche a rappelé que la révolution a été engendrée par l'accumulation de problèmes comme la non-application des principes des droits de l'Homme, la propagation de la pauvreté, du chômage et de la marginalisation. En concrétisation de la volonté du peuple, le ministre a confirmé la rupture totale et définitive avec l'ancien régime, notamment la violation de la loi et l'abus de pouvoir. Partant de ce principe, le gouvernement provisoire rompt avec l'injustice et l'oppression de l'ancien régime et du RCD. Le premier Conseil ministériel du gouvernement d'union nationale a adopté des mesures et des mécanismes favorisant la concrétisation immédiate des priorités et la préparation des élections présidentielles que l'on veut crédibles et transparentes. Cinq objectifs Cinq mesures-clefs ont été fixées par le Conseil ministériel. La première consiste à séparer l'Etat et le parti au pouvoir. Pour ce, les ministres ont déclaré leur retrait du RCD. Les domaines jadis réservés au RCD vont être rattachés à l'Etat. L'annulation des cellules professionnelles permettra l'impartialité de l'administration. La deuxième mesure est l'adoption de la loi d'amnistie générale qui permet la libération de tous les prisonniers d'opinion, la remise des passeports confisqués et la préparation d'un projet sur la justice transitoire. La troisième mesure fixée par le Conseil ministériel vise la liberté de presse contre toute forme d'abus de pouvoir et de censure. Elle favorise la lutte contre la censure des livres et promet l'ouverture de tous les sites web jadis censurés. La quatrième mesure consiste en le respect de l'université. Il n'y aura plus désormais d'intrusion au niveau du contenu scientifique des cours, des conférences et des publications. D'autant plus que l'annulation des vigiles dans les établissements de l'enseignement supérieur traduit le respect du gouvernement envers l'université. La cinquième mesure consiste en l'application immédiate de réformes d'ordre général et politique. Le débat a permis aux médias présents de mettre le doigt sur bon nombre de points flous et de dénoncer les abus ayant altéré le système éducatif en Tunisie. La question la plus importante, car prioritaire, est celle relative à la reprise des cours dans un contexte marqué par l'insécurité. Certains ont attiré l'attention sur les dégâts enregistrés dans plusieurs établissements. D'autres se sont interrogés sur la coordination du ministère avec les syndicalistes quant à la reprise des cours. «La reprise des cours est une réponse à l'attente des citoyens. Selon un sondage effectué récemment sur le Net, 60% des citoyens exigent la reprise des cours. Ceci ne peut être entrepris sans un minimum de sécurité. D'ailleurs, tous les établissements éducatifs seront bien sécurisés. Les élèves ne pourront quitter l'école qu'accompagnés par leurs parents. La reprise des cours est, par ailleurs, une question ayant une dimension politique. Le ministère a déjà pris connaissance des avis des syndicalistes sur ce point», souligne M. Baccouche. Et d'ajouter : «Pour ce qui est des établissements ayant été touchés par les agressions, ils ne sont que six cela n'influera pas sur la reprise des cours». Le sort des enseignants limogés Le ministre a, également, indiqué que l'Ecole internationale de Carthage sera rattachée au ministère. Le propriétaire de l'école privée «Fondation Bou Abdelli» a pu, récemment, reprendre l'établissement qui lui revient de droit. En ce qui concerne les programmes mis en place sous l'ex-ministre de l'Education, les médias n'ont pas manqué de souligner leur inefficacité. Le ministre avoue «ignorer jusque-là la position négative du peuple quant au système éducatif». D'un autre côté, certains confrères se sont interrogés sur le sort des enseignants qui ont été limogés pour leurs opinions sur l'ancien régime. D'autres ont évoqué les diplômés de l'enseignement supérieur qui n'ont pas été admis au Capes pour des raisons malhonnêtes. Certains intervenants ont indiqué que bon nombre de diplômés censés enseigner dans le secondaire ont été obligés — sous la menace — d'enseigner dans l'enseignement primaire. «Nous allons examiner tous les dossiers relatifs au Capes et je n'accepterai plus que des injustices soient commises», rassure le ministre.