Pour sortir de la "grave crise" que traverse l'Iran, il réclame, dans un communiqué diffusé sur son site internet Kaleme, la libération immédiate des personnes arrêtées après l'élection présidentielle contestée de juin dernier, demande le respect de la liberté de la presse et exige une réforme de la loi électorale. "Arrêter Moussavi, ou le tuer, arrêter ou tuer Karoubi (...) ne calmera pas la situation. Je n'ai pas peur de mourir pour défendre les aspirations du peuple (...) L'Iran traverse une crise grave (...) Des propos trop durs ne peuvent que conduire à un soulèvement (...) La loi électorale doit être modifiée (...), les prisonniers politiques doivent être libérés", dit-il. "La situation actuelle du pays est semblable à une rivière sauvage et une solution hâtive ne peut apaiser la situation", ajoute-t-il. Jeudi, les autorités iraniennes ont ordonné à l'opposition de ne plus organiser de rassemblements ou de défilés. Après la mort de huit personnes — dont un neveu de Moussavi — dimanche en marge de manifestations à l'occasion de la célébration chiite de l'Achoura, les autorités ont prévenu qu'elles ne toléreraient plus aucun défilé antigouvernemental. Pourtant, selon le site internet d'opposition Jaras, la police a dû faire usage de gaz lacrymogènes pour disperser une foule de manifestants antigouvernementaux jeudi dans le centre de Téhéran. Le chef de la police avait prévenu mercredi les partisans de Moussavi qu'ils devaient s'attendre à une dure répression s'ils s'associaient aux rassemblements contre le régime. "Aucune clémence" Mais les partisans du camp réformateur ne semblent pas battre en retraite. La police dit avoir arrêté plus de 500 personnes dimanche. Des centaines d'autres auraient été interpellées depuis lors, selon Jaras. "La police en civil a arrêté plus de 180 étudiants jeudi à Mashhad lors d'un rassemblement silencieux qui se tenait à l'université Azad", dit le site. Depuis dimanche, les autorités ont en outre durci les mesures contre des personnalités de l'opposition. Une vingtaine d'entre elles ont été arrêtées, dont trois proches conseillers de Moussavi, son beau-frère et la sœur de la lauréate du Prix Nobel de la paix Shirin Ebadi. Mercredi, des centaines de milliers de personnes se sont massées dans différentes villes d'Iran pour affirmer leur fidélité au régime, en proie à sa crise la plus grave depuis la révolution islamique de 1979. Certains manifestants ont réclamé durant ces rassemblements les exécutions de Moussavi et Karoubi, adversaires malheureux du conservateur Mahmoud Ahmadinejad à la présidentielle du 12 juin. Un haut dignitaire ultraconservateur, Ahmad Jannati, a demandé à son tour hier que soient punis les chefs de file de la "sédition". "J'appelle la justice à accélérer la procédure contre ceux qui sont derrière les troubles récents", a-t-il dit dans un sermon à l'université de Téhéran, diffusé à la radio. Il a également souhaité que les "émeutiers détenus soient maintenus en prison parce qu'ils poursuivront leurs actions diaboliques aussitôt qu'ils seront libérés". Pour le ministère iranien du Renseignement, les dirigeants de l'opposition sont liés à "des ennemis étrangers et de groupes contre-révolutionnaires" et n'ont aucune clémence à attendre s'ils ne s'amendent pas. Les autorités accusent régulièrement des forces soutenues par les puissances étrangères de conspirer pour renverser le régime.