Cet appel a été lancé le 16 janvier 2011 par un groupe d'intellectuels tunisiens et mis en ligne pour signature, il vaut autant par l'esprit et la démarche que par la proposition de lancer une initiative démocratique appelant les intellectuels à s'engager de façon organisée dans la réflexion sur le devenir démocratique de notre pays. Les intellectuels tunisiens engagés dans le mouvement populaire et démocratique qui a renversé le régime corrompu de Ben Ali, par une révolution menée par la jeunesse pour la liberté, la dignité et la justice, rendent hommage à cet élan populaire qui a rendu à la Tunisie sa splendeur léguée par Abu El-Qâsim Chebbi, Tahar Haddad et tout le courant réformiste et moderniste depuis près de deux siècles, splendeur que le tyran n'a pas réussi à ternir, et saluent solennellement la mémoire des victimes de la répression et de la tyrannie. Fidèles à la cause de leur peuple, les intellectuels tunisiens prennent acte du processus de transformation démocratique engagé et se rangent résolument aux côtés de toutes les forces démocratiques pour le faire aboutir et faire échec à la conspiration criminelle qui tente de le faire avorter. Soucieux de mener ce processus à son terme et de faire face à toutes les tentatives de le récupérer et de le vider de sa substance, ils considèrent que la formation du gouvernement provisoire d'union nationale doit faire valoir la priorité des tâches sur les noms et les étiquettes partisanes et exigent que sa composition soit sur la base de la compétence, de l'intégrité, de l'engagement à défendre les principes et les valeurs démocratiques et de la fidélité à la patrie. Ils tiennent en estime cet élan de solidarité entre l'armée nationale et les comités d'autodéfense civile qui a permis de contrecarrer les menées des conspirateurs et des criminels. Ils estiment que la situation dans le pays requiert la réalisation urgente des tâches suivantes : - Œuvrer immédiatement à rétablir l'ordre et la sécurité dans toutes les régions du pays, à remettre en marche les services publics et administratifs et les entreprises économiques pour pourvoir aux besoins des citoyens et à rouvrir les établissements scolaires et universitaires afin que la Tunisie retrouve une vie normale et paisible. - Libérer tous les prisonniers d'opinion et décréter l'amnistie générale en leur faveur. - Lever toute interdiction et restriction sur l'action des partis politiques et des associations civiles afin qu'ils puissent poursuivre leurs activités dans le cadre de la Constitution et des lois du pays. - Déclarer que le parti du Rassemblement Constitutionnel Démocratique n'est désormais plus parti au pouvoir et le séparer de l'Etat et de toutes ses institutions. - Accorder aux forces démocratiques le temps nécessaire pour réviser toutes les lois et les dispositions juridiques régissant la vie politique et les reformer selon les principes de la démocratie. - Ouvrir l'accès à tous les moyens d'information et à tous les espaces culturels aux intellectuels afin de permettre la création de forums, de tribunes et de clubs de débats intellectuels et politiques pour que les élites du pays puissent contribuer à redessiner les traits de la Tunisie à venir. Les intellectuels tunisiens affirment leur détermination à rester mobilisés de manière continue et vigilante pour apporter leur contribution au processus de transition démocratique afin que la rupture avec le système du despotisme et de la tyrannie soit définitive et irréversible et ils proposent, à cet égard, de former un comité de veille et d'initiative démocratique. Comité de rédaction: Yadh Ben Achour, Abdelmajid Charfi, Hamadi Redissi, Abdelhamid Largueche,Jalila Baccar, Mounir Kchaou, Dalenda Largueche, Hatem Zghal, Fadhel