Par Anis Souadi 3MD de manque à gagner quotidien pour la seule Compagnie des phosphates de Gafsa! Autant pour des centaines d'autres entreprises industrielles ...Un bilan qui commence à être inquiétant pour ne pas dire alarmant, surtout si ce climat d'incertitude et notamment de désorganisation productive se maintient. D'ailleurs, M. Afif Chelbi, ministre de l'Industrie et de la Technologie rejoint un tel avis: " Quelques semaines de baisse d'activité restent gérables, une période plus longue serait dramatique ". Ce qui est encore plus grave, c'est que ce manque à gagner ne se limite pas au secteur industriel, mais il englobe tous les secteurs stratégiques. On pense surtout au tourisme, presque à l'arrêt total depuis environ un mois, à l'investissement notamment étranger, déjà en chute libre ou encore aux exportations qui connaissent un gel global et totalement à risque surtout que plus de 400.000 postes d'emploi sont liés directement à ce secteur... Cette situation a causé rapidement des pertes significatives évaluées par les experts à plus de 4% de notre produit intérieur brut. Face à ces horizons bien nuageux, il est absolument nécessaire aujourd'hui que l'activité retrouve son rythme habituel pour éviter de s'engouffrer dans une panne économique générale difficile à réparer plus tard. Pour réussir cette reprise, toutes les forces vives du pays doivent aujourd'hui se mobiliser autour d'un même objectif, celui de rétablir l'ordre et de maintenir la stabilité politico_socio-économique. Deux facteurs incontournables pour la bonne marche de tout modèle économique, car comme l'estime Francis Ghilles, Senior Researcher au Centre d'études et de documentation internationales de Barcelone, " les agents économiques et les investisseurs ont horreur de l'incertitude, notamment prolongée ". Cet objectif est hautement important car il aurait l'avantage de relancer l'appareil productif, de dégeler l'activité exportatrice, de " réparer " l'attractivité du site Tunisie, de redresser la tendance baissière des investissements extérieurs mais aussi de récupérer les capitaux , en fuite à l'étranger depuis des années et des années déjà. Une récupération stratégique surtout que selon les dernières estimations, le montant global de ces capitaux s'élève à plus de 35 milliards de dollars! Ce qui signifie des dizaines de méga-projets , de centaines de milliers de postes d'emploi et une croissance économique bien soutenue... De telles ressources associées au manque à gagner causé par les interventions directes du clan de Ben Ali constitueraient sans aucun doute, un avantage de taille pour l'économie nationale. Cela est d'autant plus vrai que , selon une récente évaluation faite à l'occasion de la tenue du Forum économique mondiale de Davos, les interventions de ce clan ont coûté à la Tunisie un taux de croissance annuel d'environ 2% , soit quelque 36 000 postes d'emploi par an. Sans parler de tout l'argent " placé " à l'étranger et qui devrait représenter plus de 60% du budget de l'Etat. Autant donc de richesses et de bonnes cartes en main qui aideraient l'économie tunisienne à prétendre à des performances globales et durables, pour peu que le gouvernement d'Union nationale, et notamment les décideurs économiques identifient les formules idéales pour en tirer pleinement profit et pouvoir cicatriser ainsi toutes les blessures économiques.