Par Anis SOUADI Tout le monde en convient: la situation actuelle en Tunisie est quelque peu perturbée : l'activité économique accuse un léger ralentissement, les investissements encore en stand-by et l'exportation, levier de toute croissance économique, est plus au moins gelée, sans parler d'une incertitude financière bien évidente. Certes, ce tableau semble inquiétant et préoccupant même, mais avec un peu de recul, l'on peut déduire qu'il n'est aucunement alarmant. Sans doute, la révolution tunisienne a été traduite au concret par un manque à gagner économique important, mais ce constat reste la conséquence tout à fait naturelle et légitime de tout soulèvement. Ce qui rassure réellement, c'est que la révolution tunisienne a apporté tout un lot d'avantages et d'acquis inestimables. Et on pense surtout à ce climat démocratique qui pousse désormais à l'optimisme, à la réjouissance même. Une démocratie que M. Mustapha Kamel Nabli, gouverneur de la Banque Centrale de Tunisie, qualifie, lors de la tenue du Forum économique mondial de Davos, de " bonne pour l'investissement ", du moins à moyen et à court termes. Le message de M.Nabli est avant tout un appel, sinon un signal fort pour les investisseurs étrangers, non pas pour maintenir leurs investissements, mais plutôt pour les consolider encore plus en raison d'un nouveau climat d'affaires qui, à la faveur d'un " combat " pour la dignité et la liberté, s'est débarrassé totalement de toutes les contraintes, notamment " humaines", pour s'entourer de nouveaux atouts de taille. Le message du gouverneur de la BCT est aussi une réponse, bien fondée, aux agences internationales de notation, qui ont réagi trop vite, sans prendre le temps nécessaire, pour abaisser la note tunisienne, alors que l'inverse aurait été le mieux indiqué. Une réaction qu'on qualifie d'injuste car, comme le souligne un spécialiste de la notation internationale dans un entretien accordé au magazine français Marianne , "l'exemple tunisien est flagrant d'une dérive des agences de notation. Elles (les agences) auraient dû dire " attention, il y a certes instabilité, mais historiquement, la Tunisie opère ses transitions politiques sans risque pour les investisseurs ". Mieux encore, soutient encore le spécialiste, "la Tunisie n'a jamais fait défaut, ni sur ses dettes d'Etat, ni sur ses dettes locales. Elle a toujours payé rubis sur l'ongle ". La prise de position de l'expert repose sur le fait que le risque économique tunisien est faible, voire nul, car l'économie nationale dispose d'un ensemble de fondamentaux qui sont et resteront sans aucun doute fiables. Mieux encore, l'on estime que la révolution a permis à l'économie tunisienne de s'assurer un nouveau départ avec les clignotants au vert. Il faut reconnaître justement, comme l'estiment les différents experts internationaux, que l'économie tunisienne se retrouve, au lendemain de sa révolution historique, renforcée par des changements déterminants. Il s'agit de cette ère de liberté retrouvée et de la transparence nouvellement ancrée et qui auront le mérite d'améliorer nettement l'attractivité du site Tunisie. Mais ce qui est encore significatif, c'est que cette attractivité désormais élargie ne profiterait pas uniquement aux investisseurs étrangers mais aussi locaux. Il suffit de rappeler à ce propos qu'un nombre important d'investisseurs tunisiens, toujours séduits par les affaires et les projets, n'ont voulu prendre aucun risque en raison du " chantage économique " imposé par le clan de Ben Ali. Aujourd'hui, totalement libérés, ces investisseurs ne tarderaient pas à traduire leurs idées en projets rentables et durables, pour peu qu'ils savent tirer pleinement profit d'un environnement d'affaires favorable et surtout adossé à une infrastructure industrielle et technologique fiable. Il s'agit également de la libération de l'administration de la mainmise du clan du président déchu, ce qui permettrait d'assurer une meilleure qualité des prestations dispensées aux différents agents économiques, et de débloquer ainsi tous les chantiers jusque- là bloqués. Il s'agit aussi et surtout de la remise en confiance d'une jeunesse, hautement qualifiée, mais qui s'est retrouvée toujours démotivée par les limites et la timidité des perspectives économiques. Autant donc de facteurs qui sont en mesure d'aider l'économie tunisienne à assurer un rebond significatif, certainement progressif, mais sûr et durable.