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Une autre dynamique migratoire
Rapport sur les étudiants tunisiens en France

• Un tiers déclarent avoir choisi l'étranger parce qu'ils ne pouvaient mener les études de leur choix en Tunisie, un autre tiers sont partis parce qu'ils considèrent
les études «meilleures» à l'étranger
• Faible taux de boursiers (24%)
Ce rapport qui n'a pas été publié est la conclusion d'une enquête sur les étudiants tunisiens en France menée conjointement entre février et avril 2007 par l'Observatoire National de la Jeunesse (ONJ) et l'Observatoire français de la Vie Etudiante (OVE).
A la rentrée de l'année universitaire 2007-2008, plus de 12.000 étudiants tunisiens étrangers étaient inscrits dans l'ensemble des établissements d'enseignement supérieur français dont 78% dans les universités (soit 9.750 personnes). Les Tunisiens constituent plus de 5% de la population étrangère des établissements supérieurs en France. Depuis 2000, le nombre des Tunisiens dans l'enseignement supérieur a progressé de 55%, le même phénomène observé dans le cas de l'ensemble des étudiants étrangers en France. La France constitue le premier pays d'accueil des étudiants tunisiens poursuivant leurs études en dehors de leur pays.
L'enquête par questionnaire a été préparée à la fois par l'OVE et l'ONJ. Elle avait comme ambition de comprendre le parcours et l'expérience de l'étudiant, à travers le processus qui intègre l'ensemble des dimensions constitutives du projet d'étudier en dehors de son pays — avec ses différentes temporalités — et la dynamique engendrée par une expérience étrangère. Quel qu'en soit le contexte, la mobilité géographique des étudiants au-delà des frontières de leur pays suscite un éventail de questions portant sur le choix du pays d'études, l'orientation et le parcours scolaire, l'adaptation institutionnelle et sociale, l'expérience interculturelle, les conditions matérielles de vie, ainsi que le maintien des relations avec le pays d'origine. Le questionnaire conçu conjointement par l'OVE comprend environ 150 questions relatives aux thèmes suivants : reconstitution précise du cursus depuis l'obtention du baccalauréat, conditions de travail scolaire ou universitaire, emploi du temps, ressources et niveau de vie, logement et transport, alimentation et santé, activités culturelles, rapport avec le pays d'origine, projet d'avenir et caractéristiques socio-démographiques. Le champ de l'étude s'est étendu à la plus grande partie de la population tunisienne poursuivant des études dans l'enseignement post baccalauréat en France, soit: les étudiants d'Université, en prenant en compte toutes leurs composantes (les trois cycles, l'ensemble des filières disciplinaires, les IUT et autres instituts ou écoles rattachés, les centres et antennes délocalisés).
L'enquête s'est faite par envoi postal à 1/5e des étudiants tunisiens de chaque université entre février et avril 2007, les enquêtés étant sélectionnés par tirage au sort à partir des fichiers de scolarité (soit approximativement 2.000 questionnaires postés). Les 426 questionnaires validés ont été saisis avant codification sur la totalité des questions y compris les questions ouvertes : c'est-à-dire la saisie des verbatim dans leur intégralité. L'échantillon de 426 étudiants tunisiens inscrits en 2006-2007 dans les universités françaises est représentatif selon les quotas de 4% de la population de référence. Les analyses présentées dans ce rapport s'appuient sur une sélection des données issues de ce questionnaire. La grande majorité des questions posées aux étudiants étaient fermées, mais plusieurs autres modalités, plus ouvertes, nous ont permis d'enrichir ensuite les données chiffrées.
Les résultats de l'enquête révèlent de nombreuses pistes de réflexion et de recherche qu'il serait intéressant de suivre si l'on souhaite confirmer certaines des tendances observées, notamment l'intégration à l'environnement universitaire, les conditions de vie, les contacts avec la société française ou avec leur pays d'origine. Cette investigation, qui interroge la tendance actuelle à la mobilité internationale des étudiants, constitue un champ de connaissances émergent des mouvements migratoires et la place de l'université dans le développement de l'immigration internationale. (Voir notamment la troisième consultation de la jeunesse (2005), la violence verbale chez les jeunes (2004), les pratiques culturelles et de loisirs chez les jeunes (2005), les nouveaux phénomènes comportementaux chez les jeunes (2006), le rapport national sur la situation de la jeunesse (2008).)
L'enquête sur les étudiants tunisiens en France a permis de mieux appréhender la façon dont ils s'impliquent dans le processus de l'affiliation au sein d'un nouveau système universitaire et d'une nouvelle société. Ces résultats sont, en effet, à mettre en rapport, d'une part, avec leurs projets initiaux, motivations, attentes et la préparation de leur «voyage éducatif», et, d'autre part, avec leur expérience française et le projet d'avenir qu'ils élaborent à l'issue de leurs études. Les réponses ouvertes et fermées fournies par ces jeunes ont permis de dresser les profils des divers types d'étudiants tunisiens inscrits dans un établissement d'enseignement supérieur français en 2007.
Une augmentation régulière et importante
Outre les étudiants bénéficiant des programmes officiels de bourse à l'étranger et qui ne constituent dans l'échantillon de l'enquête que 17% et ceux qui sont là-bas pour raison familiale (19% environ), il est notoire de voir que l'écrasante majorité de ceux qui choisissent de partir à l'étranger l'ont fait par «insatisfaction». Un tiers déclarent avoir choisi l'étranger parce qu'ils ne pouvaient mener les études de leur choix en Tunisie, un autre tiers sont partis parce qu'ils considèrent les études «meilleures » à l'étranger. La première raison renvoie sans doute à l'éternel problème du système d'accès à l'enseignent supérieur en Tunisie, et la seconde à une autre question récurrente : la qualité du système français d'enseignement supérieur.
Cette insatisfaction s'est probablement approfondie avec le temps. L'examen du taux de ceux qui sont partis pour la France sans avoir achevé un cycle d'études entamé en Tunisie selon la date de la première inscription en Tunisie, montre une augmentation régulière et importante. Ce taux qui n'était que de 7,5% en 1995 est passé à 25,8% après 2000.
Les résultats de l'enquête révèlent que les étudiants tunisiens réussissent relativement bien leur parcours universitaire. Comme tous les étudiants étrangers, les Tunisiens tendent à vivre une expérience difficile de la rupture et de l'apprentissage de nouvelles normes. Beaucoup de choses changent dans ce passage à une université étrangère : les relations interpersonnelles à l'université, l'organisation pédagogique des cours, les normes et codes des activités universitaires, les relations avec les enseignants, leurs exigences et disponibilité, les examens et les devoirs. De même, les connaissances et le savoir-faire disciplinaires ne sont pas toujours identiques d'un système universitaire à un autre. On peut donc repérer plusieurs types de ruptures liées non plus à l'installation en pays étranger, mais à la réussite de ses études dans un pays étranger. Ces ruptures menacent par définition les étudiants étrangers plus que tous les autres. Malgré ces difficultés «pédagogiques», les Tunisiens semblent se débrouiller relativement bien. On peut même parler d'un processus d'adaptation relativement réussi des étudiants tunisiens si on compare les résultats de cette enquête avec ceux des autres enquêtes de l'OVE sur les étudiants étrangers. Il s'agit de construire une nouvelle identité tout en devenant membre de la communauté universitaire. Dans l'ensemble, les jeunes interrogés se sentent relativement intégrés, et réussissent assez bien leur «passage» : le sentiment d'isolement n'est exprimé que par une minorité. Effectivement, les étudiants français et autres étrangers les accueillent et les soutiennent plutôt activement.
En matière de sociabilité, la moitié des étudiants interrogés déclarent ne pas avoir de difficultés dans leurs relations avec les autres étudiants. Ceci témoigne, d'une part, des capacités d'adaptation des étudiants tunisiens dans des contextes socioculturels différents, et, d'autre part, de l'ouverture des étudiants en France sur l'autre. En effet, l'université française serait, dans une large mesure, un lieu de métissage culturel. Toutefois, une minorité des interrogés avouent avoir des difficultés dans leurs relations avec les autres étudiants.
Le faible taux de boursiers (24%) d'une part et la faible demande de bourse d'autre part, font que les étudiants sont souvent obligés de multiplier le recours à diverses sources pour financer leurs études, des divers aides possibles en France aux ressources tirées d'activités rémunérées en passant par l'aide des parents ou de la famille. Sur ce dernier plan, environ la moitié des enquêtés déclarent recevoir de l'aide de leur famille. Cette aide est régulière pour la moitié d'entre eux et occasionnelle pour le reste de ceux qui bénéficient de l'appui de leur famille. Cette aide concerne de manière égale les deux sexes. Ce soutien est le pendant de l'importance que les familles tunisiennes accordent à l'investissement dans l'éducation observée dans le pays.
En mettant en relation les réponses des étudiants tunisiens sur les personnes (amis et/ou camarades et/ou collègues) qu'ils rencontrent en dehors des cours et les indications concernant leurs pays d'origine, nous observons une opposition assez nette entre d'une part les «amis» collègue du milieu professionnel (amis appartenant au milieu professionnel) ou amis universitaires en grande majorité français, et d'autre part les amis pour les loisirs qui sont en majorité tunisiens.
Carence en matière de communication vers les étudiants
L'un des points saillants des résultats de cette enquête est la grande satisfaction des enquêtés (80,0%) d'être perçus comme Tunisiens. Ceci témoigne de la fierté des interrogés d'être Tunisiens et d'être perçus en tant que tels à l'étranger. En effet, l'émigration pour les enquêtés semble ne pas avoir affaibli leur patriotisme, probablement le contraire est-il plus vrai. Il s'agirait là de la projection sur soi de l'image positive de la Tunisie.
La lecture régulière de la presse quotidienne et des hebdomadaires d'actualité se porte très bien parmi les étudiants tunisiens en comparaison avec les taux observés dans les autres enquêtes de l'OVE en France. Mais la proportion d'étudiants tunisiens lisant régulièrement les journaux français est plus élevée que celle de la presse tunisienne et internationale. Dans l'ensemble, la presse arabe, quel que soit son origine (tunisienne et internationale) est peu lue. La lecture de périodiques et de romans, les sorties culturelles et de loisirs, le rapport aux médias et les activités extrascolaires sont autant de pratiques servant de rites d'initiation, qui permettent à la fois une meilleure maîtrise du français et une meilleure compréhension des normes et codes en vigueur dans son pays d'accueil. Il est regrettable, dans ces conditions, de constater la rareté ou l'absence d'activités et d'espaces conviviaux mis en place au sein des établissements d'enseignement supérieur : d'autres entités alternatives, comme les amis français ou compatriotes, jouent alors ce rôle de manière informelle.
Cette carence touche de manière plus nette la télévision. En effet, si près de 97% des étudiants de l'enquête regardent la télévision, 9 étudiants sur 10 regardent des chaînes françaises, et seulement un sur cinq des chaînes tunisiennes et un sur cinq une autre chaîne arabe (réponses multiples).
En revanche, 42,1% déclarent utiliser l'internet pour s'informer sur l'actualité en Tunisie, et 66,6% des enquêtés déclarent l'utiliser pour contacter la famille et les amis. Internet constituera probablement l'axe principal de toute stratégie de communication orientée vers cette population.
La vie en France continue comme pour leurs aînés à marquer sur le plan culturel les jeunes étudiants en France. Parmi les Tunisiens, le sentiment d'insatisfaction ou de mécontentement est moins important (14%) que parmi l'ensemble des étudiants étrangers (2006), ils sont donc 86 % à dire qu'ils sont très satisfaits ou assez satisfaits de leurs études en France alors qu'ils sont 79 % parmi tous les étudiants étrangers.
Après les études, que faire ?
Qu'envisagent-ils au terme de leurs études? Dans les réponses sur les projets d'avenir, (après les études, que faire ?) nous retrouvons des résultats assez similaires à ceux obtenus dans d'autres enquêtes menées en France. En gros, un tiers des étudiants envisage de rentrer en Tunisie, un tiers ne pense pas rentrer et le troisième tiers est encore au moment de l'enquête dans une position d'incertitude (ils ne savent pas).
Il est important de noter que ceux qui envisagent de rester en France, ou d'aller dans un autre pays, ne le font pas seulement en fonction de leur légitime intérêt personnel, mais sont plus convaincus que les autres que cela est meilleur pour leur pays. En effet, 61% de ceux qui envisagent de rester en France, pensent que cela est mieux pour leur pays contre seulement 23% pour l'ensemble de l'échantillon. De même, 39% de ceux qui envisagent de partir dans un autre pays pensent que cela est mieux pour leur pays contre seulement 7% pour l'ensemble de l'échantillon.
Les étudiants les plus enclins à rentrer au terme de leurs études sont ceux qui envisagent d'effectuer des études assez avancées (doctorat et autres). Cela est compréhensible par les perspectives meilleures qu'ils ont par rapport à leurs collègues des cycles inférieurs. La catégorie Bac+5, comprenant probablement les étudiants en grandes écoles, est celle qui affiche le plus d'incertitude sur la question du retour. Pour ces derniers, les perspectives intéressantes existent, mais la tentation de l'étranger reste forte.
La question du retour des étudiants semble ainsi conditionnée essentiellement par les perspectives que leur offre leur pays.
La proportion élevée des ceux qui envisagent de rester en France a, également, été constatée dans l'enquête de l'OVE sur les étudiants étrangers. Il s'agit d'une dynamique migratoire qui semble se développer de plus en plus parmi les étudiants étrangers à partir de plusieurs logiques économique, professionnelle, scientifique (recherche), sociale, familiale. Cette dynamique ne se nourrit pas forcément de l'attraction mécanique d'un «centre», ni d'un comportement rationnel et calculateur. Voyager à l'étranger place l'étudiant dans une situation de transition, génératrice de transformations identitaires pouvant entraîner des remises en cause parfois radicales des projets initiaux. En effet, dans la mise en place de sa stratégie migratoire, l'étudiant étranger n'est pas l'unique acteur, bénéficiant d'une large autonomie décisionnelle, exclusive : il reste, dans tous les cas, partiellement tributaire des orientations des politiques mises en place par le pays d'accueil. En réalité, dans une logique réflexive, un jeu permanent d'interactions entre ces deux acteurs se développe.


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