Par Mohsen MAATOUG * Ça fait plus de deux semaines que notre peuple a renversé la dictature. Dans une première approche, il semble qu'il y ait un sang nouveau qui coule dans les veines ankylosées de nos médias. Il y a sûrement un ton nouveau, une audace indéniable même si elle est tardive. Que ce soit dans le milieu des médias ou dans la classe politique, il y a trop de gens qui veulent surfer sur la vague populaire du moment, révolutionnaires du dernier quart d'heure qu'ils sont ! Par exemple, je viens de lire dans Achourouk (jeudi 3 février 2011) ,dans un communiqué résumé de la fédération du PVP de Sousse que «le PVP n'a pas manifesté son allégeance à l'ex-régime et qu'il a noté la marginalisation et l'exclusion subies par le PVP de la part de l'ex-régime en décrépitude, dont ce qui s'est passé aux dernières élections législatives et municipales‑!» (sic). Ce communiqué résumé a été signé par Radhouane Chebil. Mais ces gens ont-ils la pudeur et la décence de respecter la mémoire et l'intelligence des honnêtes citoyens qui se rappellent encore leurs joyeuses frasques avec l'ancien régime ? Rappelons à nos lecteurs que le PVP a obtenu six postes de députés aux élections législatives de 2009, à savoir le secrétaire général, sa sœur, son amie et trois autres connus pour leur appartenance ultérieure au RCD dont l'un est très connu pour son passé comme haut fonctionnaire du ministère de l'Intérieur. Rappelons aussi que le PVP avait en 2009 seulement trois ans d'existence reconnue et qu'en revanche, un parti comme «Ettajdid» et qui a plus de 70 ans d'existence, avait obtenu seulement (02) deux députés à l'issue de ces élections ! Le mouvement «Ettajdid» a-t-il subi une sanction à cause de son rapprochement de son vrai électorat et pour avoir cautionné les causes des libertés et des droits de l'Homme‑? Les journalistes spécialisés et les analystes politiques pourront répondre à cette question. Revenons maintenant aux allégations de marginalisation et d'exclusion du PVP. D'abord, son actuel bureau est en plein centre-ville, —c'était le local de l'ex«omda» de Bab B'har — au-dessus de l'ancien centre culturel américain, et fait partie des possessions du ministère de l'Intérieur. Ce local fut un don du ministère de l'Intérieur au PVP‑! Où est l'exclusion‑? Dans une réponse à une question posée par le journaliste Néjib Sassi et parue le lundi 22 juin 2009 dans un journal de la place, M. «Khammassi» répond : «Le congrès s'est prononcé pour le soutien de Ben Ali pour 2009 car nous voudrions ainsi exprimer toute notre considération et toute notre reconnaissance pour un brillant parcours à la tête de notre nation pour souligner la bonne gouvernance dont bénéficie la Tunisie depuis près de 22 ans». Dans sa réponse à une autre question : — On vous taxe de parti «allié» au pouvoir qu'en pensez-vous? — Le même monsieur répond‑: «Je voudrais bien être l'allié d'un parti au pouvoir, ce ne serait pas une «taxe» comme vous dites mais une aubaine pour un parti aussi jeune que le nôtre» (sic) Donc récapitulons‑: «Reconnaissance» et «Aubaine»‑! Reconnaissance contre aubaine. Nous sommes là très loin des prétendues exclusion et marginalisation ! Parcourons les photos parues dans les journaux et présentées comme le reflet de la scène politique nationale‑: on ne cesse de nous présenter les «fantômes» du passé sous un nouvel «emballage». Ces fantômes qui sont responsables par leur culpabilité laudative («mounachadat») ou leur silence complice sur les dossiers de viol des libertés et des droits de l'homme aboutissant à l'allongement de la durée de la dictature et de la souffrance du peuple tunisien. Dans une récente intervention percutante sur une TV de la place, Maître Chawki Tabib a déclaré que Ben Ali est bien parti mais que le «Ben alisme» (la dictature) persiste ! A tous les niveaux, mais surtout pour notre parti «Tunisie Verte» dans les médias ! Effectivement, au niveau des méthodes et des réflexes, nous notons toujours des pratiques vieilles et désuètes‑! Nous avons une impression très forte que certaines télévisions pratiquent l'exclusion, le faux direct, n'affichent pas les numéros téléphoniques qui permettent aux téléspectateurs de joindre les plateaux où les débats sont d'ailleurs menés d'une façon peu professionnelle, coupant la parole à souhait aux intervenants alors qu'ils s'apprêtent à dire l'essentiel ! Trop de copinage et de relations subjectives ! Pour ne pas être nihiliste, je salue l'esprit «cool», direct, simple et franc d'un jeune animateur d'une TV privée haute en couleur, et qui s'arabise de plus en plus à force de débats avec des personnalités et des penseurs de haut calibre. Nous, à «Tunisie Verte» nous avons renforcé deux jours après la reconnaissance légale de notre parti, le 17 janvier 2011, la composition de notre bureau politique. Nous avons désormais un porte-parole (Tél.: 21.472.354), un responsable d'information et communication (Tél.: 98.607.425) en plus du coordinateur national (Tél.: 98.510.596) et des autres membres du bureau. Nous recevons quotidiennement plusieurs appels de citoyens qui nous posent des questions sur notre programme et nos positions actuelles sur la situation politique. Le peuple tunisien a le droit de connaître tous les partis politiques nationaux surtout ceux qui ont combattu la dictature ! Alors, messieurs les journalistes de la presse écrite, parlée et télévisuelle vous pouvez prendre note et vous pouvez être sûrs que la transparence, l'honnêteté et l'équité ne peuvent qu'augmenter votre crédibilité, et ne peuvent qu'assainir l'atmosphère pour le bien de tous et surtout pour le bien de la patrie, notre chère Tunisie. * Membre du bureau politique chargé de l'information et de la communication «Tunisie Verte»