Hier, à quelques heures de la chute du président égyptien Hosni Moubarak, une foule comprenant des protestataires des deux sexes et de divers âges a pris place devant le Théâtre municipal de Tunis, brandissant des banderoles appelant à la libération des islamistes encore emprisonnés. Au cri de "Dieu est grand" et en scandant des slogans dans le style : "Pour une Tunisie attachée à son identité arabo-musulmane", "Musulman, non terroriste", "Pour une ouverture permanente des mosquées", " Oui à la barbe et au voile" et "A quand l'amnistie générale"… En présence d'un large public, un jeune barbu en " djellaba noire" s'est chargé d'expliquer l'Islam convoité par les islamistes tunisiens dont il fait partie. En s'adressant à la foule, il a souligné que la religion demeure une affaire personnelle et un choix individuel, ajoutant que l'intention n'est point de recourir à la violence pour obliger les concitoyens à s'acquitter de leurs devoirs religieux, mais plutôt de faire respecter les libertés individuelles s'agissant des choix religieux. Intensément soutenu par ses compagnons, le jeune orateur a rappelé les dépassements du régime déchu à l'égard des islamistes tunisiens qui ont souffert le martyre, ayant été torturés et humiliés pour leurs choix religieux. Sur un ton agité, il a affirmé qu'il est temps que justice soit faite pour préserver la dignité de ces hommes dont la seule erreur n'est autre qu'un sincère attachement aux lois catégoriques de l'Islam. "Nous rejetons toute sorte d'obscurantisme et de fanatisme religieux. Et nous revendiquons des libertés individuelles autrefois enterrées sous les décombres de la dictature et de la tyrannie d'un régime politique haineux et aigri", a renchéri le jeune homme. M.H.ABDELLAOUI