Par Néjib EL KOUFI Les espoirs nés le 14 janvier 2011 pour une vie politique et sociale meilleure sont immenses, tellement immenses qu'elles ont traversé les frontières terrestres et maritimes. La Révolution, et c'en est une, a tout chambardé.Une vague de contestations sans précédent, à tous les niveaux et dans tout le pays, a pris corps et elle ne semble pas finir,ne doit pas finir. Elle est le signe que le corps social est vivant, conscient de ses droits et ira jusqu'au bout pour réaliser les mots d'ordre scandés par la rue tout le mois de décembre 2010 et janvier 2011. Afin de réaliser cela, un gouvernement d'union nationale d'abord, vite remplacé par un gouvernement provisoire, a été mis sur pied. A la décharge de ce gouvernement, l'héritage négatif laissé par la direction déchue du pays a créé une situation insurrectionnelle qu'il est difficile de prévoir, de contenir et de solutionner en deux temps trois mouvements. Les Tunisiens des grandes villes découvrent ébahis le drame de leurs concitoyens de l'arrière-pays, l'immense fossé les séparant d'eux, les problèmes essentiels — santé, chômage, pauvreté... — dans lesquelles ils se débattent au quotidien. A la charge de ce gouvernement: — Un déficit d'image :hormis quelques apparitions réussies, vite échaudées, le gouvernement brille par son absence pour porter dans les lieux les plus chauds le discours juste et attendu et les solutions salvatrices destinées à rétablir la confiance.Il donne de lui-même une image floue, quand elle n'est pas négative, d'une instance submergée voire dépassée par les événements, alors que le chantier entrepris par cette équipe est porteur d'un avenir meilleur,à forte charge de progrès,de justice et d'équité. — Un déficit de communication :le très brillant porte-parole du gouvernement ne peut être partout. La communication au sein de ce gouvernement, quand elle ne bégaye pas est au compte-gouttes, presque absente alors que le moment et les événements exigent une information précise et immédiate sur la situation. Le silence du gouvernement autorise les spéculations les plus fantaisistes qui, relayées par certains à la recherche d'un audimat ou d'une clientèle, font des choux gras. — Un maintien de l'ordre fantôme sinon spectateur: les événements traumatisants à long terme vécus par les villes du Kef, de Kébili, de Tozeur et d'autres villes ou des biens publics et privés ont été pillés, saccagés, détruits, plus la panique provoquée, laissent une amertume profonde attisée par l'absence des forces de l'ordre et le rôle passif de l'armée trop cantonnée dans son rôle d'interposition alors que sa fraternisation avec le peuple exige d'elle une meilleure couverture. Sauvons la Révolution en donnant aux populations des différentes régions et villes la sécurité qu'attend toute société pour se renouveler au quotidien. Ne laissons pas, et c'est l'affaire de tout le monde, les nervis du régime déchu nous voler notre victoire qui fait notre fierté d'être tunisien aujourd'hui. Sauvons la Révolution en étant solidaires socialement,en respectant les priorités qui sont les questions du chômage et de la pauvreté dans les zones les plus démunies plus que les intérêts corporatistes. Les Tunisiens ont donné au monde entier une image d'un peuple uni quand il s'est agi de vaincre une dictature. Donnons une image de nous-mêmes que nous sommes un peuple solidaire.