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Oui, le complot existe !
Publié dans Tunisie Numérique le 17 - 03 - 2012

Près de trois mois se sont écoulés depuis la constitution du Gouvernement Jebali et la répartition des postes entre les membres de la Troïka après d'âpres discussions, qui ont duré deux mois.
Le peuple tunisien, fatigué par une année d'une angoissante incertitude, a vu, dans le retour à une certaine légitimité par les urnes, la fin ou du moins l'allègement de ses souffrances causées par la précarité, l'insécurité et la peur du lendemain.
Le peuple a cru qu'on allait enfin s'occuper de ses problèmes urgents, problèmes qui ont été à l'origine de sa Révolution: le droit au travail, à la dignité, à la liberté, à un partage plus équitable des richesses créées et à un meilleur équilibre régional.
Les défis urgents à relever
Le peuple a cru que ce Gouvernement allait enfin s'atteler à relever les défis qui ne manquent pas :
Redresser l'économie,
Trouver une solution au chômage qui ne cesse de croître,
Réduire les inégalités régionales, et œuvrer à une meilleure justice sociale dans la répartition des richesses entre les différentes catégories de la population,
Lutter contre la flambée des prix, et améliorer le pouvoir d'achat des populations,
Rédiger une nouvelle Constitution pour doter le pays d'institutions stables.
Mais il a vite dû déchanter parce que la violence a continué, la violence faite aux intellectuels, la violence faite aux femmes, la violence faite aux médias, les conflits sociaux et sit-in ont continué et les révoltes tribales sont de retour.
Une montée inquiétante de la violence
Jour après jour des violences et des provocations sont commises par des nervis ciblant des artistes, des intellectuels, des journalistes et des femmes ( Nouri Bouzid, Zied Krichène, Hamadi Redissi,Lazhar Akremi...), des menaces contre des libraires sont proférées, faisant craindre pour les libertés publiques et privées.
140 avocats sont mobilisés contre le directeur de Nessma TV, des centaines de pétitionnaires demandant sa condamnation et la fermeture de cette télé, le directeur d'un journal est jeté en prison, avec une célérité inouïe, pour la publication d'une photo qu'on a trouvée un peu osée, les journalistes de la télé nationale sont quotidiennement harcelés et menacés dans leur intégrité physique.
Les universités (Kairouan, Sousse, Manouba) sont tour à tour occupées par des «étudiants» salafistes voulant imposer leur loi et leur accoutrement en dépits des règles et des lois, menaçant et agressant même, professeurs et étudiants, et faisant planer le risque d'une année blanche !
Les autorités ne se pressent pas de réagir
La situation se tend, la paix civile est menacée, face au peu d'empressement des autorités à réagir, et le silence assourdissant du Gouvernement et du parti Ennahdha, les agresseurs de Redissi , de Akremi et de tant d'autres courent toujours. Le ministre de l'Enseignement Supérieur, pour ne pas condamner les salafistes qui occupent les universités, empêchent les cours et prônent le port du niqab même lors des cours et des examens, après s'être défaussé tour à tour sur le Tribunal administratif et le rectorat, renvoie le problème à l'Assemblée Constituante ! Les nervis se voient, alors, pousser des ailes, paradent en toute liberté et organisent des expéditions punitives, contre des policiers et des civils, sans être inquiétés (incidents de Boussalem , de Ghardimaou, de Sejnane...)
En effet, le parti au pouvoir, incapable de répondre aux attentes du peuple et de proposer des solutions à ses problèmes, certes complexes et dans une conjoncture nationale et internationale difficile , au lieu de reconnaître son incapacité , son inexpérience dans la gestion de la chose publique et son erreur en voulant gouverner seul, sans rechercher le consensus qu'il n'a, naguère quand il cherchait à rassurer, cessé d'en dire qu'il était incontournable, a recours aux vieilles ficelles. Au lieu d'unir il cherche à opposer.
Un jour c'est la réintroduction du débat sur l'identité, comme si les Tunisiens, musulmans depuis quatorze siècles, avaient un problème d'identité, un autre c'est l'imposition de la charia comme source unique de législation dans la nouvelle Constitution, faisant apparaître comme mécréant quiconque demande la conservation de l'article 1 de la Constitution de 1959 ! Et un autre c'est la légalisation du ma'adhoun et de la polygamie...
Un autre jour , pour faire diversion, et sous couvert de liberté d'expression, c'est le recours à des prédicateurs ignares, obscurantistes et nostalgiques des temps révolus et porteurs de messages étrangers à notre société, qui, en toute impunité, se moquent de notre hymne national et veulent le changer, ils veulent aussi nous ré islamiser et exciser les femmes, sans réaction aucune.
Un autre jour, pour essayer de flatter la fibre «révolutionnaire», ce sont des décisions en politique étrangère qui ne servent aucunement les intérêts de notre pays et rompent avec nos traditions diplomatiques, alors on accueille le premier ministre démissionné Hanieh créant un incident avec l'OLP et en le faisant accueillir aux cris de mort aux juifs, un autre jour on expulse brutalement l'ambassadeur de Syrie, en ne se souciant guère du sort de nos ressortissants, ils sont au moins trois mille, ( on les confie à la protection du seigneur dixit M.Jébali) Ces gens ne savent-ils pas que les postures prétendument révolutionnaires ont toutes fini dans le mur (Kadhafi, Saddam,Chavez..)
Qui est responsable de la situation actuelle du pays ?
Tous ces subterfuges ayant été démasqués, alors on accuse tour à tour :
La presse, de donner une fausse image de la situation en Tunisie et ainsi de faire fuir les touristes et de faire peur aux investisseurs.
C'est le grand chef Ghannouchi qui commence, il accuse la presse d'être partisane et de ne pas tenir compte de la volonté du peuple, qui a choisi Ennahdha et de continuer à servir les agendas des partis politiques de l'opposition, le chef du Gouvernement lui emboîte le pas en nommant les rédacteurs en chef des médias publics ! (même Ben Ali n'a pas osé le faire) et rappeler aux médias «gouvernementaux» leurs obligations envers la majorité au Gouvernement, « confondant » médias publics et organes de propagande gouvernementale et les autres ministres et sites internet de suivre et de broder sur le même thème.
Dilou allant dans un meeting à Bizerte jusqu'à (mé )dire des journalistes qui n'ouvraient la bouche que chez le dentiste ! Devant la résistance des journalistes et la solidarité sans faille de la société civile, pour préserver l'acquis le plus cher après la Révolution, la liberté, le Gouvernement recule mais permet aux barbus, de tous bords , de bivouaquer devant la maison de la télé et de menacer les journalistes .
L'UGTT est accusée à son tour de servir des agendas de partis de gauche hostiles au Gouvernement, et d'être derrière tous les sit-ins, les grèves et les occupations d'usines alors que la plupart des actions de protestation et de contestation portent sur les questions sociales, le droit au travail, la répartition équitable des richesses et l'équilibre régional à laquelle la coalition au Gouvernement n'a pas apporté de réponse malgré des promesses répétées de la part des membres éminents du Gouvernement ( bassin minier, Jébeniana, Makthar, Siliana...)
La théorie du complot ?
Alors on lâche l'artillerie lourde ; on essaye d'abord de l'intimider ou ... de se donner du courage avant de l'attaquer et d'engager l'épreuve de force en la ramenant à une simple association comme il en existe des milliers dans le pays ! (dixit M. Zitoune) puis en orchestrant une campagne de dénigrement et de haine contre l'UGTT sur les sites sociaux supposés proches d'Ennahdha, enfin allant, à l'occasion d'une grève des agents municipaux, supposée impopulaire auprès de l'opinion publique, à tolérer ( condamnation tardive et du bout des lèvres) l'expression de la haine qui a été jusqu'à la profanation des sièges de l'UGTT et du mausolée du grand F.Hached, oubliant que s'ils sont là où ils sont, c'est grâce à ce syndicat qui a protégé et encadré les manifestations jusqu'à obliger Ben Ali à fuir.
La société civile, elle non plus, n'échappe pas aux accusations de sabotage. M.Jbali n'hésite pas à accuser les sahéliens et les hommes d'affaires d'avoir financé la manifestation organisée par l'UGTT à Tunis, pour protester contre les actes lâches dont elle a été victime, et là aussi la police a été prompte à matraquer les manifestants et les journalistes.
Devant la vive réaction de l'UGTT et de la société civile, là encore le Gouvernement et le parti Ennahdha font un rétropédalage rapide et déclarent que l'UGTT est un partenaire incontournable et le grand timonier R.Ghannouchi va à Canossa rencontrer le secrétaire Général de l'UGTT pour lui témoigner sa sympathie et Jebali à son tour se déclare prêt à recevoir l'UGTT et à réactiver les commissions de négociation et de concertation.
On pensait que les membres du Gouvernement et les partis au pouvoir ont cette fois-ci compris et qu'il vont s'atteler à rechercher le consensus (Jebali n'a t il pas reçu les représentants des partis d'opposition ) pour la résolution des problèmes urgents des Tunisiens , et voila que les ténors du Gouvernement et d'Ennahdha MM Zitoune, Harouni, Abdessellem, Laraidh, B.Amor...remettent cela en annonçant la découverte d'un complot ourdi par des responsables de partis de gauche , des hommes d'affaires, des personnalités de la société civile, des journalistes bref toutes les forces vives du pays, en connivence avec des ambassades de pays étrangers, et que les preuves existent et qu'elles seront présentées à l'opinion publique en temps opportun. Très vite, leurs militants se saisissent de l'événement et commencent à fantasmer en jetant en pâture le nom de personnalités supposées comploteurs alors on ressort( les classiques (Hamma Hammami, K.Eltaief, Chokri Belaid, et pour faire plus crédible on rajoute les noms d' Oum Zied, de Béji Caïd Esseebsi...) voulant encore une fois entraîner le pays dans un cycle de violence.
Et les masques sont tombés…
Mais devant l'énormité du mensonge, la grosseur de la ficelle et la taille des sabots qu'on voyait venir de loin, le peuple s'est souvenu très vite que cette théorie du complot a déjà été utilisée par le passé par d'autres ( complot des blouses blanches de Staline , complot des généraux par Hitler...) ceux qui assimilent tous les opposants ayant un avis contraire à celui du gouvernement, partis et associations, soit à des résidus du régime déchu, soit à ses alliés objectifs et ennemis de la Révolution, « ils s'opposent à la volonté du peuple, ils s'opposent à la réalisation des objectifs de la Révolution » ( Ali Laraidh) et là aussi on a assisté en moins d'une quinzaine au passage de l'arrogance et l'assurance à la confusion et la cacophonie.
S'en suivirent démentis puis confirmations puis démentis par le porte parole officiel du Gouvernement mais le mal est fait. Tant de confusion et d'atermoiement démontrent la culpabilité du menteur pris en flagrant délit, ils montrent également le désarroi des gens en place devant l'ampleur de la tâche , devant leur tragique incompétence parce que le choix de ces membres du gouvernement s'est fait selon le critère du nombre d'année d'exil ou de prison et d'allégeance et/ou de parenté au guide suprême. Certains ministres n'ont jamais travaillé un seul jour de leur vie (dixit M. Mourou) oui les masques allaient tomber nous disaient ils !
Oui les masques sont tombés ! Oui il y a un complot mais ce complot est ourdi par le Gouvernement et le parti majoritaire parce qu'incapables de faire face aux défis et aux promesses qu'ils ont faites avant les élections et peu après quand il s'agissait de rassurer, sur le caractère civil de l'Etat, le respect des libertés, le Code du Statut personnel, sur la création de 500.000 emplois, les dons des pays du golfe qui allaient affluer.... rien de tout cela ! Trois mois après on ne sait toujours pas quelle est la durée de ce Gouvernement «provisoire» quand ou plutôt y aura t-il des élections, quelles sont les orientations économiques ? Y a t-il des priorités et quelles sont elles ?
Poser ces questions entraîne le courroux de nos gouvernants et on devient passible des pires accusations ( le procès qu'on essaie de monter à Béji Caïd Essebsi en exhumant des histoires inconnues de la génération de la Révolution, alors pourquoi ne pose t- on pas le problème des morts de Bab Souika, de Sousse et du Kram, des vitriolés de Tunis, de Sousse et d'ailleurs et ne pas demander à Rome de nous dédommager pour la destruction de Carthage et à la France pour la colonisation... ? On cherche toujours à diviser et opposer les Tunisiens au lieu de les unir.
En fait Ennahdha a un projet, vers lequel elle veut mener le pays. Elle voudrait changer notre société, notre mode de vie attenter à nos libertés et à nos acquis. Elle semble s'atteler à une opération de destruction méthodique, insidieuse et subtile des acquis de modernité, de tolérance et de liberté, nous séparer de nos enfants disent ils pour en faire des fanatiques, rétrogrades et intolérants (dixit Mourou) ou des kamikazes au services de causes voulues et programmées ailleurs par MM Karadhaoui, et Tourabi .
Non, Messieurs Ghannouchi , Jebali , Chourou , B Salem et consorts! La Tunisie est et restera une République Civile, sa religion est l'Islam, sa langue est l'arabe et son peuple reste attaché à ses acquis de dignité, de modernité, de tolérance et de liberté. Cela, ni vous ni vos complices d'ici ou d'ailleurs n'y peuvent rien ! Ce sont là les objectifs de la Révolution pour lesquels Bouazizi et ses camarades de Thala, de Gafsa, de Kasserine, de Tunis et de toute la Tunisie se sont sacrifiés.


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