Tant que la mer est calme, les flux migratoires vers les côtes italiennes se poursuivent, et ce, malgré les incidents qui ont coûté la vie à plusieurs innocents. Samedi dernier, une petite barque chargée de 12 jeunes, originaires de Ben Guerdane, qu'elle devait emmener au bateau, a chaviré et a coulé, non loin de la plage. Deux jeunes qui ne savent pas nager, paraît-il, se sont noyés sur place. Deux autres sont toujours gardés dans le service réanimation de l'hôpital régional de Zarzis. Une autre catastrophe est survenue en pleine mer. Pour en savoir plus sur cet incident, nous avons contacté Seïfeddine Belghoul, l'un des rescapés qui l'a échappé de justesse et qui paraît encore sous le choc. Ce jeune Zarzissien, d'une vingtaine d'années, nous relate les faits, entrecoupés par des soupirs‑: «On naviguait normalement et on était à un heure de la terre italienne. La mer est calme et un hélicoptère nous survolait, lorsque brusquement une vedette de la garde nationale tunisienne, sur laquelle est écrit «Liberté 302» nous a percutés de plein fouet. Ce n'était pas une collision involontaire. Le choc était tellement fort que notre embarcation s'est brisée en deux. On était 120 à son bord. 98 ont été repêchés dont 8 morts et les autres sont portés disparus. Moi, j'ai sauté du haut de la passerelle et heureusement je sais nager et j'étais parmi les survivants. La même vedette nous a ramenés vers Sfax. Après les formalités administratives, un bus nous a reconduits à Zarzis. En route, un autre jeune est décédé». En dépit de tout cela, de la chasse aux «harragas» qui existe au large, puisqu'il n'est pas acquis que toutes les embarcations qui quittent la Tunisie accostent en Italie. Les bateaux répertoriés sont ramenés au port de Sfax; sans compter les rumeurs qui circulent sur Facebook… des cascades de jeunes, candidats à l'émigration illégale, par voie maritime, mettent le cap sur Zarzis, chaque après-midi, venant de Médenine, Tataouine, Ghomrassen, Beni Khedache et d'autres villes du Sud-Ouest. L'accès au port de pêche de Zarzis étant interdit et gardé par les militaires, ces «harragas» errent sur la plage et ne mettent pas beaucoup de temps à trouver preneur.